Centrafrique : Eviter de réveiller les vieux démons

Les pays ayant prévu de tenir des élections présiden-tielles continuent de dérouler leurs programmes, les uns après les autres, avec des réalités propres à chaque Etat. Après, celles de la République de Côte d’Ivoire, du Cameroun qui ont connu, sans grande surprise, respectivement la victoire des Présidents sortants, Alassane Ouattara et Paul Biya, on se demande si ce même scénario se produira en République centrafricaine. Ce pays d’Afrique centrale, longtemps empêtré dans un cycle de violences, se prépare, en effet, à organiser une consultation électorale pour désigner un nouveau président, le 28 décembre 2025.

Plus les jours avancent, plus les choses se précisent véritablement sur les prétendants au fauteuil présidentiel. En effet, après quelques remous au sein de la classe politique du pays, le Conseil constitutionnel a fini par publier une liste définitive de sept candidats, vendredi 14 novembre dernier. Parmi eux, le Président sortant, Faustin Archange Touadera et les deux anciens Premiers ministres Anicet Georges Dologuélé et Henrie Marie Dondra dont les candidatures étaient contestées au sujet de leur nationalité. Au grand dam de certaines Organisations de la société civile, le Conseil constitutionnel a rejeté les requêtes demandant l’inéligibilité des deux dernières cités, pour une potentielle double nationalité de Dondra et la non réintégration dans la nationalité centrafricaine de Dologuélé qui, selon toute vraisemblance, avait renoncé à sa nationalité française. La course à l’élection présidentielle est donc lancée.

Ainsi, après cette liste définitive, la question qui taraude les esprits à Bangui est de savoir si le Président sortant, Faustin Archange Touadera pourra rempiler pour un troisième mandat. Ou encore, si les deux anciens chefs de gouvernement peuvent faire le poids devant le professeur de mathématiques qui dirige le pays depuis deux mandats consécutifs ? Ce n’est que l’issue du vote, cruciale pour le pays en raison de ces nombreux défis, qui édifiera les uns et les autres. Mais à y voir de près cette consultation semble sans grands enjeux pour le parti au pouvoir, au regard du camp d’en face.

Car, le Président Touadéra, élu en 2016, puis en 2020, ne compte pas faire de la simple figuration surtout avec l’appareil dirigeant du pays en main depuis près de dix ans. En effet, mettant en avant des acquis engrangés, lui et ses caciques fondent l’espoir de briguer un nouveau mandat. Cela, nonobstant les récriminations tous azimuts de ses détracteurs qui l’accusent de vouloir rester président à vie en se présentant à un 3e mandat rendu possible grâce à une révision constitutionnelle en 2023. En attendant, les prétendants à la magistrature suprême du pays dont les candidatures ont été validées, peuvent désormais se concentrer sur la campagne électorale qui s’annonce agitée.

Au-delà de tout, ce que le peuple centrafricain souhaite c’est que le prochain président de la république puisse travailler à consolider les acquis sécuritaires, dont les affres demeurent indélébiles dans l’esprit de nombreux citoyens. Il faudrait à tout prix éviter de réveiller les vieux démons. Le pays ayant été le théâtre d’une guerre civile qui a fait de nombreux morts. A cet effet, les acteurs politiques devront tirer leçon de ce passé douloureux afin que ces élections ne soient pas encore source d’un nouveau conflit préjudiciable au développement du pays. Pour y parvenir, chacun devrait travailler à ne privilégier que l’intérêt général au détriment de ses propres ambitions. Pour cette élection, prochain 2,3 millions d’électeurs sont attendus aux urnes le 28 décembre pour un quadruple scrutin à savoir présidentiel, législatif, régional et municipal selon l’Autorité nationale des élections.

Soumaïla BONKOUNGOU

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.