Chapelle de Tampouy Karambissis à Ouagadougou « La cloche a perdu sa voix »

La cloche, instrument liturgique ou de communication ne sonne pratiquement plus.

La Chapelle de Tampouy Karambissis a été construite vers 1932 sous le contrôle de Monseigneur Joanny Thévenoud deux ans avant la construction de la Cathédrale de Ouagadougou. Ce vieil édifice  en terre battue qui faisait office d’une église et une école, a traversé le temps et a vu plusieurs cadres de l’administration et Evêques sortir de son sein. Aujourd’hui, même si les messes officielles ne se tiennent plus dans la Chapelle, elle continue de servir de cadre de prière et d’adoration.

La Chapelle de « Tampouy Karambissis » a été construite vers 1932

La plus vieille église de Ouagadougou, la Chapelle ‘’Tampouy Karambissis’’ est située en pleine ville de Ouagadougou, dans le quartier Tampouy sis à l’arrondissement n°3. Construite vers 1932 par les convertis au Catholicisme de l’époque, le bâtiment qui abritait l’église et l’école n’a pas trop changé ou évolué. Visiblement affaibli sous le poids des années, quatre-vingt-onze ans sont passés mais l’édifice tient toujours de lieu de culte.

Abel Nacoulma, catholique pratiquant et voisin de l’Eglise Tampouy Karambissis : « Les dimensions des briques sont de 60cm/60 et la terre était bien battue, ce qui pourrait permettre une telle résistance aux aléas climatiques »,

Les briques utilisées dans la construction sont en banco. « Les dimensions des briques sont de 60cm/60 et la terre était bien pétrie, ce qui pourrait permettre une telle résistance aux aléas climatiques », justifie Abel Nacoulma, catholique pratiquant et voisin de l’Eglise Tampouy Karambissis

 

Le conseiller de la Communauté Catholique de Base, Emmanuel Yanogo à droite et le président de la CCB, Jean Marie Sawadogo.

Selon le conseiller de la Communauté catholique de Base, Emmanuel Yanogo, l’église a commencé la célébration des messes sous un hangar en paille. A cette époque-là les femmes et les hommes partaient chercher la terre sur la tête pour venir fabriquer les briques et ensuite pour construire le bâtiment. «Il n’y avait pas de brouette ni de charrette à  l’époque», ajoute-t-il.

Les matériaux utilisés pour la construction étaient en banco et en bois, de la chaire (estrade) aux banquettes. Le temps s’est écoulé et le bâtiment qui avait besoin d’être entretenu a subi quelques modifications.

L’estrade après la réforme, le prêtre fait face aux fidèles chrétiens

« Au départ, le prêtre ne faisait pas face aux fidèles. Lui et les fidèles regardaient dans la même direction c’est à dire vers la chaire. C’est au cours des reformes que la position du prêtre a changé. Ce qui fait que chaire a été décollée du mur », explique le président de la Communauté Chrétienne de Base (CCB) Jean Marie Sawadogo.

Aujourd’hui, les messes officielles ne sont plus célébrées dans le bâtiment. «A partir des années 2006, on a arrêté de célébrer la messe dans la chapelle, à cause de la construction de la nouvelle église située à l’Est du Lycée municipal de Tampouy », justifie le président Sawadogo.

Plusieurs hommes ont servi dans le temple de Tampouy Karambissis.  « Le premier catéchiste de la Chapelle était Jean-Baptiste Kaboré. Il a été hébergé par le vieux Paulin Dakouré en 1927. Il servait d’abord sous une tente avant la construction de la Chapelle», informe le conseiller Etienne Yanogo

Les élèves de la promotion 1934 en classe de cinquième avec le père Thevenoud

Le cardinal Paul Zoungrana, après son ordination, a célébré sa première messe dans la chapelle de Tampouy Karambissis, ajoute-t-il.

La Chapelle de Tampouy Karambissis était aussi une école. Des cadres de l’administration et des évêques y sont passés.

« Maurice Yaméogo et l’Abbé André Jules sont entre autres les élèves de la promotion 1934 en classe de cinquième. Et le premier enseignant de l’école était Gabriel Ouédraogo », révèle le président de la CCB.

Le bâtiment a vieilli, mais il n’est pas abandonné.  Sa dernière rénovation date de 2016, estime Etienne Yanogo. Il est toujours utilisé par la chorale et le renouveau charismatique. La CCB y tient également sa prière matinale.

Les témoins oculaires de la construction ne sont plus de ce monde. Même la cloche (instrument liturgique ou de communication) a perdu sa voix, elle ne sonne pratiquement plus. Le temps est passé, le bâtiment reste toujours débout. Selon le président de la CCB, le temple de « Tampouy Karambissis » fait partie du patrimoine de l’Eglise au Burkina Faso.

Hubert Bado

Laisser un commentaire