Un fait a particulièrement retenu l’attention des Burkinabè, cette semaine. C’est la disparition, le samedi 19 février 2022, d’une fillette de 5 ans, Carine Lofo, à Koupèla, dans la région du Centre-Est. Ce jour-là, à en croire les témoignages, une inconnue a débarqué devant la concession familiale de la victime.
Elle y a trouvé Carine, sa grande sœur et une de ses camarades en train de jouer. Toujours selon les confidences, la dame a envoyé, séance tenante, la grande sœur de Carine et sa camarade avec un billet de 2 000 F CFA pour aller lui acheter de l’eau à la boutique d’à-côté.
C’est pendant l’absence de celles-ci, que l’inconnue, dont on n’ignore jusqu’à présent le projet, a disparu avec Carine. C’était le début d’un calvaire pour les parents de la gamine, profondément angoissés qui l’ont recherchée en vain les heures et jours d’après. Jusqu’à perdre le sommeil ! L’affaire, qui a suscité de l’émoi, a été portée sur les réseaux sociaux, où une chaine de solidarité a spontanément vu le jour.
La photo de Carine a été diffusée par de nombreux utilisateurs de Facebook qui espéraient de tout cœur, qu’elle soit retrouvée le plus vite possible. Les médias s’en sont également saisis. Cette grande mobilisation a fini par payer dans la soirée du mercredi 23 février. Carine a été retrouvée saine et sauve dans la commune de Saaba (région du Centre), en train d’errer aux abords d’une rue à la recherche de sa mère.
Elle a été reconnue par des habitants et immédiatement conduite dans les locaux de la télévision privée Canal 3, où ses parents l’ont enfin revue. Un véritable ouf de soulagement pour les proches de la fillette et ceux qui l’ont connue sur les réseaux sociaux. La tension est retombée après cette bonne nouvelle, mais personne n’oubliera de sitôt l’histoire de cette petite fille innocente, qu’il faut couvrir d’affection.
Au moment où des milliers de personnes priaient pour que rien n’arrive à Carine, d’autres enfants, également portés disparus à Ouagadougou et dans d’autres villes du pays, n’avaient pas non plus donné signe de vie. Les photos de la plupart d’entre eux circulent encore sur les réseaux sociaux. Certains d’entre eux ont été retrouvés, d’autres pas encore. Ces deux dernières années, la disparition d’enfants a pris de l’ampleur au Burkina Faso.
Le phénomène, qui n’était pas courant, est en passe de s’installer, à la désolation de tous. Dans un communiqué en date du 22 février dernier, la Police nationale a attiré l’attention des populations sur la recrudescence du fait. Pour le mois de février courant, les services de police ont reconnu avoir enregistré plus d’une dizaine de cas d’enfants disparus à Ouagadougou. Sans compter les autres villes du pays.
Les policiers ont rassuré l’opinion publique, que des mesures ont été prises pour un « traitement diligent » des cas inscrits dans leurs registres, mais la prudence et la vigilance doivent être de mise dans les ménages. Par ces temps où l’adversité est pesante, nos enfants sont en danger. Ils courent de nombreux risques.
Fini le temps où les enfants trainaient dans les ruelles de quartiers à longueur de journée ou allaient de cour en cour pour jouer, sans que leurs parents ne s’inquiètent. Fini le temps où les enfants évoluaient dans un environnement sécurisé, eux qui espèrent grandir avec une bonne éducation et s’épanouir pleinement dans la société. Ces acteurs de la vie active de demain sont plus que jamais exposés aux malfaiteurs.
Nos ruelles ne sont plus sûres. Nos quartiers ne sont plus des havres de paix, dans un contexte d’insécurité grandissante aussi bien en milieu urbain que rural. Il y a trop de prédateurs qui troublent nos journées et nos nuits. Il y a trop d’individus sans foi ni loi qui guettent nos enfants, et nous-mêmes, à tel point qu’il faut soigner nos fréquentations. Il faut faire attention aux endroits où nos enfants mettent les pieds.
Nos rejetons peuvent y revenir en bonne santé, tout comme ils peuvent malheureusement disparaitre à jamais. Il est vrai, que dans la plupart des cas de disparition, les enfants sont retrouvés, mais le pire peut aussi arriver. Ne l’oublions jamais !
Perdre un enfant peut enlever définitivement en nous, le goût à la vie. Soyons donc attentifs aux mouvements des tout-petits, en tout temps et en tout lieu, comme l’a recommandé la Police nationale. Il ne faut pas badiner avec la sécurité, encore plus celle des enfants…
Kader Patrick KARANTAO