La nouvelle est tombée comme un couperet, le lundi 30 mars 2020. Le pionnier de la décoration au Burkina Faso, Marvine Sawadogo, est décédé des suites du coronavirus à l’âge de 54 ans.
Le COVID-19 a eu raison de Marvine Sawadogo. Il a été arraché à l’affection des siens, le 30 mars 2020, laissant derrière lui, une veuve et quatre enfants inconsolables. Né en 1966 à Bingerville en Côte d’Ivoire, le regretté est arrivé au Burkina Faso dans les années 1980 pour poursuivre des études de peinture et de graphisme et servir son pays. Très talentueux, il était une icône de la décoration au Burkina Faso avec, à son actif, deux entreprises de décor que sont « Optim’Art » et « Marvino ». Depuis tout petit, l’artiste plasticien a été touché par le « virus » du dessin. Ainsi, il fut le meilleur de sa classe en art plastique. Etant donné que le système éducatif ivoirien intègre cette discipline, il a été dirigé vers le collège d’orientation du Plateau. Mais la différenciation entre les nationaux et les expatriés oblige le jeune Sawadogo à rentrer au Burkina Faso, son pays d’origine en 1980. Ayant le souci de continuer les études et le métier de peintre et de dessinateur, il intègre le Centre national d’artisanat d’art, puis l’Académie d’art, créé par feu le président Thomas Sankara. Parallèlement, il travaille dans des ateliers pour se faire la main avec des maîtres de renommée internationale comme le professeur de bronze Ali Nikiéma, le créateur du prototype de l’étalon de Yennenga. « J’ai eu la chance d’avoir comme aîné, Siriki Ky, qui m’a donné des cours de sculpture. J’avais pour maître principal Raha Benjamin Sawadogo, le créateur de la première bande dessinée du Burkina Yirmoaga », avait récemment confié le décorateur à Sidwaya. Mais l’envie de l’aventure l’a conduit en France où il a pu intégrer, en tant qu’auditeur libre, l’Académie des beaux -arts de Paris.
De pigiste à PDG d’entreprise
Après avoir cumulé tout ce savoir, il rentre au bercail et commence à travailler comme pigiste à la direction de la publicité, devenue par la suite « Zama publicité ». Au fil du temps, le graphisme s’est transformé au niveau de la communication en infographie. «Et grâce à Samuel Nassa, j’ai appris à manipuler l’ordinateur», a –t-il soutenu. Par la suite, il a déposé « ses valises » à la télévision nationale où il a mis en place le premier service de décoration. C’est en 1990 qu’il a décidé de s’installer à son propre compte. C’est ainsi que sont nées les sociétés « Optim’Art » et « Marvino ». Depuis lors, il a exécuté des marchés au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire. « J’ai fait le décor du journal télévisé, de l’émission, Faso académie depuis sa création à nos jours, des Kundé, des prix Galian pendant 20 ans et de l’Association des journalistes sportifs du Burkina (AJSB)», soulignait le PDG de « Optim’art ». Il préparait ces quatre progénitures à prendre la relève, car il comptait créer une école d’art et s’y consacrer. « C’est un espace où je pourrai recueillir tous types de talents, peu importe le niveau d’études pour leur enseigner mon savoir », disait-il. Mais la « grande faucheuse » l’a emporté, compromettant à jamais ses projets. Celui que le monde de la culture pleure aujourd’hui a été lauréat de plusieurs prix, dont celui de « l’Homme de l’ombre ». Il a été aussi élevé au rang de chevalier des lettres, des arts et de la communication avec agrafe graphisme en 2013.
Fleur BIRBA
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