C’est toujours le statu quo au Togo. La formation du nouveau gouvernement qui devrait intervenir à la suite de la démission de l’ancien exécutif à la veille de la prise de fonction de Faure Essozimna Gnassingbé, premier président du Conseil des ministres, depuis le 3 mai 2025, se fait toujours attendre. Pourtant, l’on pensait qu’à l’issue des élections municipales du 17 juillet, boycottées par une partie de la population, le pays allait renouer avec une nouvelle équipe gouvernementale.
Malheureusement, les choses se passent autrement et le pays n’a pas encore de gouvernement depuis plus de trois mois. Cette situation de « vide politique» intervient alors que le Togo est en phase avec une dynamique de passage à un régime parlementaire, engagée depuis le 6 mai 2025. Pour mémoire, ce nouveau régime politique, controversée au sein de la société, fait suite à la nouvelle Constitution, adoptée en avril, puispromulguée en mai 2024, ouvrant ainsi la voie à une Ve République. Toutefois, l’incertitude qui entoure la formation du nouveau gouvernement cristallise l’attention de nombreux observateurs, alimentant, à suffisance, les interrogations dans le landerneau politique national, au sein de la société civile et de la population.
Chacun y allant de son commentaire, des plus pertinents au plus saugrenus, en fonction de son obédience. Mais, en vérité, le passage à une nouvelle République suscite des interrogations. Notamment, en ce qui concerne sa véritable nature démocratique et ses
implications éventuelles sur la stabilité politique du Togo.
Pour l’Opposition politique, cette attente de plus de trois mois cache un manque de vision dans la gouvernance, rappelant que le pays n’était pas prêt pour ce changement de régime. Des dissensions avaient, en effet, eu lieu sur la réforme constitutionnelle mais qui, contre vents et marées, a fini par passer comme une lettre à la poste. En revanche, les autorités togolaises battent en brèche les récriminations qui fusent et tentent de rassurer l’opinion. Pour elle, l’absence de gouvernement, jusque-là, découle de la volonté manifeste de Faure Essozimna Gnassingbé, premier président du Conseil des ministres d’instaurer l’unité et la cohésion nationales.
Si cela peut s’avérer, il reste que la situation semble bien assez préoccupante. Comment comprendre ce vide politique ? Il est difficile d’y répondre. Mais, pour
l’instant, les citoyens n’attendent qu’un gouvernement opérationnel
pour mettre en œuvre les projets nationaux et répondre diligemment aux préoccupations quotidiennes des populations.
Le souhait de nombreux Togolais est de voir se former vite un nouveau gouvernement, dissiper les appréhensions des uns et des autres. Cela, pour éviter toute polémique qui pourrait être à l’origine d’évènements préjudiciables à la bonne marche de la Nation. En effet, c’est dans ce contexte que le Mouvement du 6 juin (M66) a appelé à une nouvelle journée de manifestations, le 30 août 2025. Ce mouvement, faut-il le rappeler, un collectif de citoyens togolais, avait déjà manifesté bruyamment son opposition au changement de régime à travers le pays.
Outre la démission du Président Faure Gnassingbé, le retour à la Constitution de 1992 et la libération des prisonniers politiques, le mouvement exige désormais la restauration totale de l’accès à Internet. Cet appel à manifester achève de démontrer que la
tension, nonobstant l’assurance des autorités, demeure vive, impliquant une prise au sérieux de la situation. L’attente doit donc faire place à l’action.
Soumaïla BONKOUNGOU