Le e-commerce est un secteur en plein essor au Burkina, offrant des opportunités aux entreprises informelles de se développer et de toucher de nouveaux clients, grâce notamment aux réseaux sociaux et plateformes numériques dédiées. Y vendant des produits alimentaires, vestimentaires, artisanaux, médicaux et bien d’autres services, elles engrangent parfois d’importants revenus. Pour des raisons diverses, leurs transactions échappent jusque-là au fisc. Cette situation, en plus de nuire à la mobilisation optimale des recettes fiscales, crée un désavantage comparatif pour les entreprises physiques ou formelles. Reportage !
Lundi 6 octobre 2025, à Bobo-Dioulasso. Il est 9 heures. Comme à l’accoutumée, la capitale économique reprend son animation habituelle.
Magasins, boutiques, tables d’expositions des marchés et abords des rues sont ouverts et attendent leurs premiers clients de la journée. Ousmane Ouédraogo (45 ans), est commerçant de draps au grand marché.
« Je suis là, depuis 7 heures. Mais je n’ai pas encore vendu. J’espère que d’ici à ce soir j’aurai un peu de sous », lâche-t-il, l’air impatient. Pendant ce temps, Karidjatou Banhoro, habitante du secteur 32, elle, s’apprête à se rendre à la gare pour expédier une commande de 30 000 F CFA, faite sur sa page Facebook « Sayda Balakissa Junior ». En fin de stage d’initiation dans une structure de la place, l’occasion est tout trouvée pour cette étudiante en 3e année à l’université de l’Unité africaine de faire quelques courses d’affaires avant de regagner le campus. « Ce sac vert contient des boucles d’oreilles, des fouloirs, des robes et des jupes. Je vais l’envoyer tout de suite à une cliente à Daman dans la province du Nayala.

Il y a longtemps qu’elle en achète chez moi pour revendre », confie-t-elle, s’empressant d’attacher le colis sur sa moto. Grâce à son téléphone portable et la connexion Internet, Mlle Banhoro arrive à concilier aisément études et commerce. « Je n’ai pas de magasin, mais juste une boutique en ligne où je publie divers articles de femmes », précise-t-elle. Elle achète ses articles auprès des fournisseurs sur place, au grand marché et au Mali où réside une partie de sa famille. « Le soir après les cours, je fais des directs sur TikTok et ma page Facebook, des partages sur WhatsApp afin de susciter des manifestations d’intérêt », explique celle qui a décidé d’imiter sa sœur ainée.
« Ma grande sœur vend en ligne des vêtements hommes-femmes haute de gamme en Argentine. Elle a contribué à me former dans le domaine afin que je devienne une opératrice économique », lâche-t-elle, toute confiante. En dehors de la ville de Sya, ses clients résident pour la plupart à Ouagadougou, Koudougou, Dédougou et au Mali. L’étudiante entrepreneure a choisi de céder ses marchandises à des prix défiant toute concurrence.
« Je gagne bien ma vie… »
« Comme je n’ai pas de charges locatives à payer, je vends mes produits à des prix abordables allant de 500 à 30 000 F CFA l’unité. Je peux avoir trois commandes par jour. Mais, pendant la période des fêtes, cela peut aller jusqu’à plus de 10 par jour », relate-t-elle, avec un brin de sourire. Elle dit s’être lancée dans la vente en ligne en 2023 pour s’auto prendre en charge et aider ses géniteurs. « Je gagne bien ma vie à travers le commerce électronique », soutient-t-elle, tout en relevant que le e-commerce informel en ligne n’est pas sans obstacles.
Mais en termes de clients, Mlle Banhoro dit être convaincue que plusieurs vendeurs en ligne rivalisent avec de grandes entreprises formelles. « Je n’ai pas encore payé d’impôts. Aussi, je n’ai pas cherché à connaitre la procédure en la matière », avoue-t-elle, estimant néanmoins que c’est normal que les e-vendeurs fassent des gestes pour soutenir la construction du pays.
Tout comme Karidjatou Banhoro, Rebecca Kiswendsida Ouédraogo est une
jeune entrepreneure dynamique en ligne. Etudiante en 3e année en gestion des projets à l’université Aube Nouvelle, elle est la promotrice de l’entreprise « Becky Royal’Mèch Shop », spécialisée dans la vente des perruques, garnitures et des habits pour enfants sur le réseau social TikTok.

Créé en 2023, son compte enregistre 10 000 abonnés. La quête de l’indépendance financière incite Mlle Ouédraogo à intégrer le monde des affaires alors qu’elle était en classe de seconde. « Mes parents n’avaient pas assez de moyens. Je voulais être en mesure de les appuyer par moments », confie-t-elle d’une voix timide. Celle qui, au départ, a pris l’initiative d’explorer le monde du numérique afin de disposer d’un nombre important de clients, voit son rêve se transformer en réalité.
Un carrefour d’affaires
« On expédie dans la plupart des grandes villes du Burkina ainsi que dans des pays voisins comme la Côte d’Ivoire et le Mali », confie-t-elle. Pour le règlement d’un achat en ligne, les moyens de paiement mobile et bancaire sont mis à contribution. « Je reçois l’argent et les frais d’expédition par les téléphones mobiles », précise-t-elle. L’expert en économie numérique, Dr Ibrahim Patrick Congo, reconnait que le développement du e-commerce au Burkina bénéficie réellement du renforcement des télécommunications et de l’essor des paiements électroniques.
Mais, à son avis, son plein essor dépendra du renforcement de la confiance numérique, de la cybersécurité et de la modernisation logistique.
En tout état de cause, stopper la vente en ligne ne traverse guère l’esprit de Mlle Ouédraogo. « On n’a plus d’autres choix puisqu’on est déjà embarqué ! Je peux
gagner entre 300 000 et 350 000 F CFA par mois comme bénéfice », avoue-t-elle, toute heureuse. Elle estime que le payement des taxes par les acteurs n’est pas en soi un problème, pourvu que les activités marchent bien.
« Sur TikTok, c’est une question de visites. Il y a des jours où l’on peut lancer un live et parler seul pendant des heures sans que personne ne réagisse. C’est une particularité à

tenir compte », souligne-t-elle. Des entrepreneurs spécialisés dans l’alimentation ont également fini par adopter les outils du numérique. A domicile, Alexandra Marie Bitibali confectionne des gâteaux d’anniversaire, mini pizzas, crèmes, qu’elle vend sur commande. Trouvant ce marketing peu efficace, elle décide d’explorer d’autres voies.
« J’ai pris la bonne décision de faire des postes sur TikTok en 2023, car les choses bougent bien actuellement. Les clients n’avaient pas confiance aux vendeurs sur les réseaux sociaux à cause des arnaques. Aujourd’hui, c’est un carrefour d’affaires », reconnait-elle, l’air enthousiaste. Selon l’expert Congo, il y a d’énormes efforts aussi bien au niveau du gouvernement que des acteurs privés qui tendent à formaliser les pratiques commerciales numériques, à renforcer la confiance des utilisateurs et à stimuler l’innovation.
Des ventes explosées en un an d’exploitation
Généralement, les clients de notre pâtissière sont des hommes. Ils s’en procurent pour faire des surprises à leurs compagnes, le plus souvent. « Un jour, un client, résidant en Belgique, avait fait une commande sur ma page commerciale que j’ai livrée à sa concubine à Bobo. C’est formidable », s’émerveille-t-elle. Estimant que certains clients ne sont pas loyaux après réception du bien, elle exige 80% du prix du bien et le reste à la réception. « Le prix du gâteau est fonction du modèle voulu. Certains coûtent 10 000 F CFA, d’autres
7 000 F CFA », lâche l’étudiante entrepreneure. Mlle Bitibali dit être motivée par la volonté du président du Faso de faire de la jeunesse le véritable moteur de développement du pays.
« J’ai réussi à employer des gens et à installer une connexion wifi. J’ai un bénéfice mensuel 175 000 F CFA », se félicite-t-elle.
Ezéchias Bélémou, lui, met sur le marché en ligne des fast-foods et des cocktails. Un projet

cher à sa défunte grande-sœur qu’il s’est engagé à concrétiser. « Ce projet lui tenait vraiment à cœur. Malheureusement, elle nous a quitté, il y a 2 ans. Je me suis formé pour prendre le relais. On écoulait nos aliments grâce au marketing de bouche à oreille. Mais ce n’était pas suffisant. Nos publications en ligne ont permis d’agrandir le réseau », relate le patron de cette entreprise familiale qui emploie une dizaine de personnes.
A peine un an d’exploitation des réseaux sociaux, le nombre des abonnés de M. Bélémou s’est accru et ses ventes ont explosé. « Ces derniers mois, on a obtenu un bénéfice avoisinant 135 000 F CFA », révèle fièrement le jeune entrepreneur. « J’ai démarré l’activité avec un petit budget de 50 000 F CFA. Grâce au numérique, je me positionne aujourd’hui sur un grand marché où je n’ai pas eu besoin d’investir beaucoup », s’empresse-t-il d’ajouter. Pour Dr Congo, l’absence d’imposition des vendeurs informels en ligne crée un désavantage pour les entreprises formelles.
« Cette asymétrie entraîne un déséquilibre et n’est pas favorable pour un marché sain et pour une protection même des consommateurs », argumente-t-il.
Un forfait numérique supportable
Si les réseaux sociaux sont les plus usités, au regard de leur accessibilité facile, Abdoul Aziz Ouédraogo a un penchant pour les plateformes spécialisées dont l’exploitation nécessite un abonnement. Associé à TYMS GROUP EXPERTISE, un cabinet d’expertise en gestion de projet, Marketing et Communication, sis au quartier Belleville de Bobo-Dioulasso, M. Ouédraogo détient, à titre personnel, une boutique en ligne, « Digitale Elite ». Il y vend des produits et services digitaux sur la plateforme Shopify. « J’y ai créé un compte et fait mon abonnement pour vendre des ebooks, des cours de développement personnel.
Si un client fait la commande, l’intermédiaire Shopify valide et reverse le paiement dans l’un de mes comptes, Orange money, Wave, Visa, dans un délai de 72 heures, après avoir retenu 5% du prix de vente », explique-t-il. Après la mise en place de son business virtuel, les résultats ne se sont pas fait attendre. « J’ai commencé, il y a environ 3 mois ; le mois dernier, j’ai réussi à obtenir un revenu de 500 000 F CFA », confie-t-il, sourire aux lèvres. Le passionné des TIC soutient que le commerce en ligne a plus d’avantages contrairement à celui qui a un bureau bien formalisé et qui doit faire face à diverses charges, à savoir les taxes et les loyers.

L’expert senior agréé en fiscalité, Amos Zong-Naba croit qu’en s’inspirant d’autres expériences en Afrique, on peut imaginer un forfait numérique supportable. Et la digitalisation des procédures de déclarations fiscales facilitera l’adhésion des acteurs. « Je milite pour une contribution forfaitaire faible, des procédures ultra-simplifiées (paiement mobile, enregistrement en ligne comme le fait la DGI à travers eCME) et des incitations qui donneraient en contrepartie des droits concrets, à savoir l’accès au microcrédit, marchés publics, couverture sociale, etc. », argumente-t-il.
Les réseaux sociaux et plateformes de vente offrent aussi la possibilité d’y exercer plusieurs activités tout en déployant moins d’efforts. C’est le cas de cette habitante du quartier Zone 1 de Ouagadougou, Aminata Zeba, âgée de 35 ans. Née avec une malformation cardiaque ayant nécessité une chirurgie, elle ne peut exécuter que des tâches légères. Mais, grâce à ses deux entreprises en ligne, « Eltec’Shop » et « Mina’s Délice », Dame Zeba a réussi à surmonter son handicap. « La première est consacrée à la vente des vêtements et chaussures, la seconde aux expositions des mets locaux. Comme je suis passionnée de la cuisine, des publications de mon savoir-faire m’ont permis d’obtenir plusieurs contrats de prestations de service », révèle-t-elle, l’air comblée.
Formaliser sans freiner l’innovation
Elle a débuté son activité avec un capital de 17 000 F CFA en 2024. Aujourd’hui, elle a pu épargner 300 000 F CFA dans son compte bancaire. « Je suis financièrement indépendante. Parfois, je soutiens mon père dans l’achat de mes produits de soins », soutient celle qui a abandonné ses études en classe de Terminale. Elle dit être en mesure d’avoir de
l’espace pour ériger une boutique, mais préfère continuer à vendre en ligne.
« C’est plus facile et rentable.

En dehors de la connexion Internet, on n’a pas besoin d’y injecter trop de ressources », estime-t-elle. C’est pourquoi, le premier vice-président du Conseil national de l’économie informelle du Burkina Faso (CNEI-BF), Boureima Tondé, conseille aux e-marchands de mettre du sien pour y tirer le maximum de profits. « Il contribue beaucoup à la visibilité et à la promotion même des activités des acteurs de l’économie informelle qui occupent plus de 89% de la population active des zones urbaines et rurales », affirme-t-il, tout en les exhortant à se formaliser pour bénéficier d’une crédibilité bancaire et avoir un accès facile aux investisseurs.
Outre les entreprises en ligne, des commerçants possédant des boutiques et magasins établis physiquement se servent des plateformes numériques pour accroitre leurs ventes.
Judith Zagré du haut de ses 55 ans, en fait partie. Elle détient une boutique au quartier Wemtenga de Ouagadougou, dénommée « Judith Shop » où elle commercialise des produits cosmétiques, chaussures, vêtements, plats, mèches, etc. Elle a plus de 30 ans d’expériences dans le domaine.
La morosité du marché l’oblige à franchir le pas en 2024. « Comme mes activités ne marchaient pas bien ces derniers temps, mes enfants m’ont encouragé à recourir aux réseaux sociaux », confie Mme Zagré. Elle a pu conquérir de nouveaux clients à travers TikTok et WhatsApp et ses statuts Facebook.
« Un jour, je me suis rendue au TGI Ouaga 1 pour chercher des documents. De là, une cliente a fait une commande de 40 000 F CFA sur mon portable, j’ai filé au magasin pour la lui expédier. Avec le téléphone, on peut faire de bonnes affaires à tout moment et en tout lieu », explique la quinquagénaire, émue du potentiel du digital. De l’avis de l’expert Zong-Naba, de nos jours, le numérique est une nécessité et presqu’un passage obligé pour les acteurs économiques locaux comme étrangers. Par conséquent, il y a lieu de favoriser l’entrée progressive des entreprises nationales dans la formalisation sans freiner l’innovation.
Des distorsions de concurrence
Yannick Guy Missainhoun, 35 ans, est commerçant au secteur 21 de Bobo-Dioulasso. Son

établissement commercial « MSH Technology » est spécialisé dans la vente de dispositifs électroniques, à savoir des ordinateurs portables, smart phones et accessoires. Il met à contribution son compte TikTok et sa page Facebook, il y a environ 5 ans. « Les réseaux sociaux, c’est vraiment ce qui est d’actualité », reconnait-il. Car, si tu t’assois pour attendre des clients, qui va venir ? », s’interroge-t-il. Il achète ses appareils auprès des fournisseurs en Asie et en Amérique via des plateformes spécialisées.
Il les stocke dans un magasin, en ville. « Dans cette boutique, on n’a exposé qu’un échantillon. Vous savez, les voleurs aiment attaquer les locaux bien fournis et il faut également trouver des astuces pour payer peu d’impôts. Actuellement, je paie un forfait d’environ 100 000 F CFA par an », se complait-il. Pourtant, il y a des périodes où il peut avoir environ 10 millions F CFA de chiffres d’affaires par mois. « Ici, on vend à bas prix, sachant qu’on réalisera assez de bénéfices. Je peux dire qu’au quartier ici, personne ne s’intéresse à nos produits.
Alors que, tous les jours, je livre des tablettes à des clients, partout dans le monde. Certains achètent plus de 10 PC pour revendre. C’est efficace », avoue-t-il, défilant l’écran de son téléphone avec son pouce. Pour M. Tondé, certains commerçants trouvent des solutions pour payer moins de taxes tout en enregistrant assez de bénéfices. « Ces personnes ne sont même pas prêtes pour aller dans le formel », souligne-t-il. Doit-on avoir peur de l’impôt ? Non, dans la mesure où le système d’imposition au Burkina est déclaratif, sensibilise-t-il.
Dans ce sens, Dr Congo reconnaît que l’univers numérique est un environnement qui permet de plus se cacher que dans l’univers physique. « On peut mener des activités sans être tracé, sans être formellement reconnu comme ayant la qualité pour mener ces activités », fait-t-il remarquer. Cette situation, selon M. Zong-Naba, en plus de priver le Trésor public d’importantes recettes fiscales, entraine des distorsions de concurrence entre les entreprises classiques et celles utilisant des modèles économiques fortement numérisés.
Des ébauches de solutions pour une imposition réussie

Au quartier Sanyiri de Ouagadougou, Sa-adatou Ouédraogo (32 ans) est la patronne de « Diva 2026 », une boutique qu’elle a créée en 2020 où elle commercialise des parures de femmes et des produits cosmétiques. L’entrepreneure de Sanyiri confie s’acquitter de ses taxes et impôts, même si les affaires ne marchent pas bien souvent. Pour la traçabilité et l’imposition des transactions en ligne, avec l’expérience des pays comme le Kenya et le Nigeria, l’expert senior agréé en fiscalité, Amos Zong-Naba, et président de l’Association fiscalité et développement, propose la mobilisation de plusieurs mécanismes.
Il s’agit d’abord des déclarations électroniques et facturation digitale, à travers une plateforme en ligne de déclaration simplifiée pour les opérateurs étrangers, comme l’UE a fait avec le système OSS/IOSS. « Le mécanisme pourra permettre aussi d’obliger les plateformes burkinabè et internationales opérant localement à générer des factures électroniques normalisées, qui permettent à l’administration de suivre en temps réel ou quasi réel le volume des transactions », assure-t-il. Il note, en outre, la responsabilisation des plateformes dans la collecte des TVA et la traçabilité bancaire et mobile money. A ceci, il ajoute le mécanisme de la coopération internationale et accords d’échange d’informations.

« Le Burkina peut s’appuyer sur l’OCDE, l’ATAF et les conventions fiscales régionales pour exiger des plateformes étrangères un minimum de reporting », estime-t-il. M. Zong-Naba suggère également que l’administration fiscale développe des outils de data mining, avec l’accompagnement des structures techniques du ministère de l’Economie numérique pour surveiller les publicités Facebook/Instagram, les ventes sur WhatsApp Business, etc. et détecter les vendeurs actifs qui ne déclarent pas. « Par exemple, si une plateforme annonce 10 000 ventes en ligne, mais ne reverse de TVA que sur 1 000 ventes, cela crée un signal de risque », illustre-t-il.
Dr Ibrahim Patrick Congo, chargé de missions au ministère de la Transition digitale, des Postes et des Communications électroniques, propose d’adopter une fiscalité numérique graduelle et incitative, de mettre en place un cadre légal et règlementaire clair et équitable. « Un cadre stable rassure les acteurs du e-commerce et permet à l’Etat de capter sa part de valeur ajoutée sans créer d’incertitudes juridiques », dit-il. « Il faut donner aux e-commerçants un retour direct sur leurs impôts comme l’accès à des services logistiques, à des financements, à la protection juridique, ou à des labels », avance-t-il. Car, lorsque l’impôt devient un levier de crédibilité, il n’est plus vu comme une contrainte.
Il suggère de recourir aux outils numériques qui vont aider à tracer les transactions en ligne. « L’administration fiscale pourrait collaborer avec les opérateurs de téléphonie et des banques pour collecter des données anonymisées et agrégées de flux commerciaux. Elle pourrait alors croiser les déclarations de TVA reçues des plateformes avec la réalité des flux financiers », soutient-il. Pour le premier vice-président du CNEI-BF, Boureima Tondé, un dialogue permanent entre Fisc, acteurs du numérique et consommateurs est nécessaire pour connaitre les difficultés et ajuster les besoins.

« L’acteur de l’économie informelle et le commerçant de façon générale, doivent être considérés comme un acteur majeur dans le recouvrement des taxes et impôts. Quand on les sensibilise, ils seront nombreux et promptes à payer volontairement », souhaite-t-il. L’expert Zong-Naba confirme qu’« avec la nouvelle mesure fiscale de 2025, il revient aux places de marché virtuel de retenir, déclarer et reverser la TVA, même pour le compte des vendeurs tiers.
« Cela rend la traçabilité plus simple, car au lieu de contrôler
1 000 petits vendeurs, l’administration fiscale peut se concentrer sur quelques grandes plateformes, notamment TikTok, Facebook, Google », Amazon, Microsoft », préconise-t-il. Mais, le chef du département Produits numériques de La Poste Burkina Faso, Moussa
Savadogo, souhaite que des précisions soient opérées dans le but d’éviter les doubles taxations.
Adama SAWADOGO
Fasoranana, une solution de collectes de la TVA
Lancée en février 2019 dans la dynamique d’adaptation aux exigences de la clientèle, la plateforme Fasoranana permet aux offreurs de services et de biens de proposer leurs offres. Elle permet également à l’ensemble des demandeurs nationaux et internationaux de faire des achats en ligne et surtout de se faire livrer par le service courrier « Express Post’ Eclair ». Il est prélevé une commission de 5 % sur chaque paiement effectué sur cette plateforme. Ces commissions sont utilisées pour couvrir les frais de transferts effectués par mobile money et autres. A ce jour, 15 922 personnes se sont inscrites sur cette plateforme qui compte 155 vendeurs formels, tous de grands commerçants. 1 300 personnes y ont acheté au moins une fois et leurs noms figurent dans les bases de données. En 2024, les transactions s’élevaient à 26,290 millions F CFA contre à 12,336 millions F CFA en 2023. Ces montants représentent l’ensemble des achats effectués sur la plateforme pendant ces périodes. Dans l’optique de toucher le plus grand nombre d’e-marchands, les artisans et petits commerçants, elle a décidé d’ouvrir ses places de marché au secteur informel.
Source : La Poste Burkina Faso






