Edito : Un challenge à portée de sacrifices

Depuis la démission du Premier ministre Paul Kaba Thiéba et des membres de son gouvernement vendredi dernier, l’attente paraissait longue. Hier 21 janvier, à l’issue d’un long suspens et de supputations, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a choisi un nouveau chef de l’exécutif, en la personne de Christophe Joseph Marie Dabiré.

Ancien commissaire en charge du commerce, de la concurrence et de la coopération de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), le nouveau locataire du palais de Koulouba a la lourde charge de conduire l’action gouvernementale dans la tempête sécuritaire et une fronde sociale permanente qui impactent négativement l’économie nationale.

Christophe Dabiré parviendra-t-il à redresser la barre et à maintenir le cap par ces temps agités ? Il faudra certainement attendre l’ossature du prochain gouvernement pour avoir un début de réponse à cette question préoccupante pour l’ensemble de ses compatriotes. D’ores et déjà, sa nomination rassure non seulement le camp présidentiel, en raison du background du promu, mais aussi au-delà. En ce sens qu’il pourrait apparaître comme un homme d’ouverture…

Pour sûr, le chef de l’Etat a misé sur un homme d’expérience comme pour répondre à certains de ses concitoyens. « L’expérience, il en a, à tout point de vue », reconnaît un homme politique qui a côtoyé le nouveau Premier ministre au sein de deux gouvernements successifs où il a occupé les départements de la Santé et de l’Enseignement supérieur (1992-1997 et 1997-2000) avant de siéger à l’Assemblée nationale, officiant comme président de la stratégique commission finances. « La vie politique intérieure.

Ça le connaît », renchérit un autre proche du nouveau chef du gouvernement, réputé très averti des questions internationales. Il aura consacré une bonne partie de ses deux mandats à l’UEMOA à la recherche, à la mobilisation et à la coordination des financements extérieurs de l’Union. Christophe Dabiré est aussi « un très bon négociateur » beaucoup remarqué à la Direction générale de la coopération (DGCOOP) qu’il a tenue à un moment où la coopération jouait un rôle important avant de passer la main à Tertius Zongo (ex-Premier ministre).

Si certains retiennent de lui l’année académique invalidée 1999-2000, il faut reconnaître qu’en ce moment, le Burkina Faso, comme bien d’autres pays africains amorçaient de manière tacite un système qu’ils ne maiîtrisaient pas assez, le système Licence-Master-Doctorat (LMD).

Du reste, le nouveau Premier ministre a le mérite d’avoir entamé la déconcentration de l’université de Ouagadougou qui a donné aujourd’hui les centres universitaires de Koudougou, Fada N’Gourma, Ouahigouya, etc.

Tous ces atouts, il en aura besoin pour la poursuite de la mise en œuvre du Plan national de développement économique et social (PNDES), un des chantiers majeurs que lui lègue son prédécesseur Paul Kaba Thiéba. Mais le véritable challenge reste la question sécuritaire qui a, en partie, eu raison de celui à qui il succède.

A ce titre, c’est à un chef de gouvernement d’urgence que le président du Faso a fait appel. Urgence de reconquérir l’intégrité territoriale, urgence de recoller les morceaux du vivre-ensemble, urgence de renouer le fil du dialogue social… En somme, urgence de remettre le pays à l’endroit. Le challenge est à portée de sacrifices pour peu que certaines pesanteurs du parti au pouvoir, qui ont fait planer à un moment donné Paul Kaba Thiéba, ne le rattrapent, entre- temps.

Mahamadi TIEGNA

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