Débutée le 5 décembre dernier, la campagne électorale pour la présidentielle et les législatives du 27 décembre prochain au Niger est entrée dans sa dernière phase. Dans les états-majors des différents partis politiques, l’on s’attelle aux derniers réglages. Ambiance dans quelques directions de campagne.
En ce lundi matin du 21 décembre 2020, à la direction nationale de la campagne du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS Tarayya), parti au pouvoir, située en plein centre-ville de Niamey, la capitale, les va-et-vient des militants rythment avec le départ des véhicules chargés de gadgets à l’effigie du candidat à la présidentielle, Mohamed Bazoum. Des portraits géants du dauphin du président sortant Mahamadou Issoufou impressionnent. Des journalistes font le pied de grue pour arracher des interviews à des responsables du parti. L’ambiance est bon enfant, puisque les résultats partiels des élections locales du 13 décembre dernier donnent une avance au parti au pouvoir. Un avant-goût de victoire, selon un militant, pour la présidentielle à venir.
Le leitmotiv sur toutes les lèvres des militants et sympathisants du PNDS Tarayya est « la continuité pour un Niger meilleur ». D’ailleurs, le candidat Bazoum met l’accent dans son message sur le bilan des deux quinquennats du président sortant. L’un des responsables de la communication du parti, Tahirou Garica, confie que le candidat est « très actif » dans les huit régions du pays pour convaincre l’électorat. « Consolider et avancer est le principal message que notre candidat partage aux Nigériens. Au regard des réalisations des dix années dans les domaines de l’eau, de l’éducation, de la santé et des infrastructures, il est logique que Mohamed Bazoum s’inscrive dans cette logique de consolidation des acquis », soutient-il. A la question sécuritaire qui étreint le Niger à l’instar de ses voisins le Burkina Faso et le Mali, M. Garica pense que le candidat du parti au pouvoir va apporter une réponse multidimensionnelle. Laquelle réponse passe par l’équipement des FDS, la mutualisation des efforts au niveau régional et des solutions endogènes. « Avec le soutien du président sortant, l’envergure de notre candidat et la coalition d’une cinquantaine de partis politiques, nous allons plier la présidentielle dès le 1er tour », confie, l’air confiant, M. Garica.
Un air de revanche
Autre lieu, autre décor. Le quartier général du Mouvement démocratique nigérien pour une Fédération africaine (MODEN-FA/ Lumana), le parti du principal opposant, Hama Amadou, est quelque peu désert. Quand bien même la candidature du patron du parti a été invalidée par la Cour constitutionnelle, ses portraits trônent majestueusement sur les lieux. Les militants comptent prendre leur revanche aux législatives en remportant le maximum de sièges. Le directeur de campagne du parti dans la région de Zinder, Saydou Abdourhame, est convaincu que Hama Amadou est victime d’une « injustice ». Toutefois, il dit saluer l’esprit « républicain et démocrate » de leur président qui s’est soumis à la décision de la Cour constitutionnelle. « D’autres, à sa place, seraient en train de mettre le feu au pays en ce moment », argue-t-il. Pour lui, la victoire du MODEN-FA/ Lumana dans les municipales à Niamey est déjà le signe que le parti va rafler le maximum de sièges aux législatives pour prendre le contrôle de l’appareil législatif.
« Nous sommes fidèles au message de l’apaisement durant cette campagne. Nous ne devons pas nous laisser distraire parce que nous avons un but précis à atteindre », assure Saydou Abdourhamane. Il invite la commission électorale à faire prévaloir le droit pour que le double scrutin du 27 décembre soit crédible et transparent.
Les sept priorités de Mahamane Ousmane
Au siège national de campagne du Parti démocratique pour le Renouveau (RDR Tchanji) du candidat Mahamane Ousmane, ancien chef d’Etat (1993-1996), les ténors du parti s’apprêtent à affiner les derniers préparatifs. Le candidat est disponible pour une interview. Dans la sobriété, il nous reçoit, l’air épuisé, par les deux semaines de campagne. Le nom du journal Sidwaya ne lui est pas étranger. A la question de savoir comment se déroule sa campagne, sa réponse est sans ambages : « Elle se déroule cahin-caha, avec des hauts et des bas. Pour un pays très vaste comme le Niger, il n’est pas aisé de couvrir le 1million 260 mille Km2 ». A l’entendre, le régime sortant lui facilite la transmission de son message à l’endroit de l’électorat, car il n’a pas tenu « ses promesses dans la satisfaction des besoins fondamentaux des populations ».
« Pendant les dix années du président sortant, notre pays s’est retrouvé le dernier en termes d’indices du développement », déplore-t-il. L’ancien président, Mahamane Ousmane promet si le peuple nigérien lui renouvelle sa confiance au soir de la présidentielle de mettre en œuvre sept priorités que sont l’eau, l’éducation, l’emploi, l’environnement, les infrastructures, l’énergie et l’équité.
« Il faut l’équité dans la gouvernance aussi bien administrative qu’économique et sociale. Par exemple, nous avons un système judiciaire qui est brinquebalant. Les magistrats se plaignent eux-mêmes du fonctionnement de l’appareil judiciaire. (…) Il faut mettre fin à cela », souligne posément le candidat du RDR Tchanji.
Karim BADOLO
(Depuis Niamey, au Niger)