Entreprenariat culturel : les acteurs du Guiriko outillés pour une meilleure structuration du secteur

Cette session, selon les participants, vient répondre à un besoin d’encadrement et d’information.

Une trentaine d’acteurs culturels ont pris part à une session de renforcement de capacités dans le cadre du projet ETEND’ART, les 3 et 4 décembre 2025 à Bobo-Dioulasso. Tenue sur le thème : « Professionnalisation des entrepreneurs culturels : défis et perspectives », cette session vise à donner aux professionnels les outils indispensables pour une pratique artistique encadrée par un arsenal juridique rénové et de nouvelles exigences administratives.

Renforcer les capacités des acteurs culturels afin qu’ils puissent contribuer de façon convenable à la dynamisation de l’économie locale et nationale, c’est l’objectif de cet atelier de formation conduite par le projet ENTEND’ART. Le conseiller technique en charge de la culture du gouverneur de Guiriko, Siaka Coulibaly, dans son discours d’ouverture des travaux de l’atelier le mercredi 3 décembre 2025 a souligné la portée stratégique de cette initiative.

Laquelle stratégie qu’il a qualifiée de « souffle nouveau pour un secteur longtemps en attente de structuration ». C’est au regard de cette portée, a-t-il dit, que le gouvernement a fait de la professionnalisation des acteurs un axe majeur de sa politique culturelle. Et le projet ETEND’ART, à l’en croire, se positionne comme « un pont solide » entre l’Etat et les entrepreneurs culturels, destinés à transformer les talents artistiques en leviers économiques viables. Cette session intervient en effet quelques mois après l’adoption (en mars 2025) de la nouvelle loi portant statut de l’artiste en remplacement de l’ancien décret de 2013.

Les avancées de la loi de mars 2025, a fait savoir M. Coulibaly, sont entre autres la protection sociale, la couverture médicale, la retraite, les avantages fiscaux, les droits renforcés. Pour le conseiller technique, cette réforme ne pourra produire ses effets que si les acteurs sont suffisamment informés et outillés pour l’appliquer dans leurs activités quotidiennes.

Selon le directeur régional de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme du Guiriko, Boukary Malgoubry, cette session va permettre aux participants d’acquérir une meilleure maîtrise du statut de l’artiste, des règles de sécurité sociale, mais aussi des mécanismes juridiques et fiscaux qui encadrent la création, la production et la diffusion des œuvres au Burkina Faso. « Nous voulons que les acteurs sortent d’ici suffisamment armés pour contribuer efficacement à l’économie locale et nationale », a-t-il affirmé.

Des mules pour mieux outiller les acteurs culturels

Les modules dispensés pendant les deux jours ont concerné la présentation de la Convention de l’UNESCO de 2005 sur la diversité des expressions culturelles, à la vulgarisation du statut de l’artiste, ainsi qu’aux dispositifs institutionnels relatifs à l’organisation des spectacles.

Les participants ont également échangé autour de la souscription volontaire à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), une obligation désormais essentielle pour tout professionnel souhaitant exercer en toute conformité. Les droits d’auteur, la fiscalité des entreprises culturelles, ainsi que la protection intellectuelle ont été des thèmes abordés au cours de cette session.

« Ces notions, souvent méconnues ou mal maîtrisées par les praticiens, constituent pourtant le socle d’une activité culturelle structurée, durable et génératrice de revenus », a fait savoir M. Malgoubry. Pour Armel Kam, gestionnaire du projet ETEND’ART, la loi existe, mais sa mise en œuvre dépend des acteurs eux-mêmes. « Ils doivent comprendre les rouages administratifs, s’approprier les procédures et être prêts à adopter des pratiques professionnelles conformes », s’est-il convaincu.

Armel voit ainsi dans cette formation une étape déterminante pour consolider un secteur culturel encore fragilisé par des années de manque de moyens, de structuration insuffisante et de faible professionnalisation. Les participants ont salué l’initiative qui vient répondre à un besoin d’encadrement et d’information.

Le représentant du gouverneur a réaffirmé l’ambition de faire du projet ETEND’ART un programme pilote national dès 2026. Une perspective qui ouvre la voie à une meilleure organisation du secteur et à une reconnaissance des métiers de la culture dans l’économie burkinabè.

Kamélé FAYAMA

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