Entrepreneuriat des jeunes et des femmes: de zéro franc à de véritables businessmen

La promotrice de la ferme avicole Yidougnan de Zoula, Juliette Kando, au milieu de ses poulets à Zoula.

Dans la région de Nando (Koudougou), des femmes et des jeunes sans emploi ou issus de divers corps de métiers avaient été formés en 2020 à la méthode entrepreneuriale « Entreprendre à zéro franc (EZF) » qui consiste à investir sur fonds propres ou sans financement extérieur. Ayant débuté avec des moyens de bord, ils font partie aujourd’hui des entrepreneurs aguerris, provenant de « la méthode EZF ». Zoom sur ces « success stories » qui ont transformé la précarité en opportunité de création de richesses et d’emplois, grâce à leur ingéniosité et à des ressources propres.

Juliette Kando est une avicultrice dans le village de Zoula, dans la commune de Réo, région de Nando. 32 ans, mariée et mère de deux enfants, la promotrice de la ferme avicole Yidougnan de Zoula, ne pensait pas qu’un jour, elle deviendra une entrepreneure avicole, tant ses moyens étaient modestes. Après son Baccalauréat, elle poursuit ses études en philosophie. Deux ans après, de commun accord avec son époux, elle s’installe à Zoula pour réaliser son rêve sur un espace de plus d’un hectare (ha).

Aidée par un jeune et une dame, Juliette Kando élève, dans sa ferme à quelques mètres de l’axe Koudougou-Réo, des poulets locaux, hybrides et de chair, mais aussi des poules pondeuses pour les œufs de consommation. « Les poulets hybrides ont une croissance rapide, à durée maximale de deux mois et sont issus du croisement entre la race locale et celle étrangère », explique-t-elle. Le travail consiste en la commande de poussins depuis Ouagadougou.

Le responsable de Seenam Vision Production, Koliko Kossi Seenam, a débuté son entreprise grâce à son téléphone portable.

Bien avant l’arrivée de ces poussins, elle nettoie la poussinière, la désinfecte et une partie de l’espace servira à les maintenir dans la chaleur pendant au moins trois semaines. Les poussins sont nourris à l’aliment de démarrage appelé « Galdus ». Un mois après, quand ils deviennent grands, ils sont transférés dans un bâtiment de capacité de 1 000 têtes.
Assistée de son mari, dame Kando revient de très loin. En effet, son entreprise, créée sur fonds propres, a fait ses premiers pas, en juillet 2020, avec quelques poules pondeuses obtenues sans financement extérieur.

« J’ai commencé par une formation professionnelle et bien d’autres apprentissages comme Entreprendre à zéro franc (EZF) qui m’a encouragée davantage à injecter l’argent épargné dans l’aviculture. Certes, il y a des difficultés, mais finalement elles deviennent des acquis parce qu’elles me permettent d’évoluer dans le travail, de mieux apprendre. A titre d’exemple, en 2023, j’ai perdu 1 000 têtes de poulets à cause de la maladie de Newcastle. Mais cela ne m’a pas empêchée d’aller de l’avant », se remémore-t-elle, amèrement. Le travail acharné et le soutien de son mari ont été d’une grande importance pour son succès.

Par an, elle dit pouvoir vendre 5 000 têtes de poulets. Avec les bénéfices, elle est en train de construire un bâtiment d’une capacité de 1 000 poules pondeuses. Les restaurateurs et les particuliers constituent ses clients potentiels qui paient 100 à 200 poulets par jour à raison de 3 250 F CFA l’unité. « C’est l’idéal de commencer avec son propre argent. Et même si après, on a des fonds d’appui, ils seront les bienvenus.

De la précarité aux opportunités de création d’emplois

La promotrice de Beni Agro Bouda Services, Kiswendsida Pélagie Bouda (4e à gauche), est dans le giron
‘’des entrepreneurs à zéro franc’’ à Koudougou.

Comme c’est avec ton propre argent que tu commences, tu fais beaucoup attention. Tu évites le gaspillage », soutient l’avi- cultrice. Elle dit être convaincue qu’avec le courage, la détermination et les connaissances qu’elle a acquises lors de sa formation, un jour son obstination allait payer.

Comme elle, ils sont nombreux ces jeunes et femmes de la région de Nando qui ont investi sur fonds propres en transformant la précarité en opportunités de création de richesses et d’emplois et l’ingéniosité locale en moteur de développement durable. C’est beaucoup plus à Koudougou, chef-lieu de la région, qui semble être aujourd’hui un bassin d’initiatives entrepreneuriales, qu’on rencontre cette jeunesse résolument engagée. Sans capital au départ, sans soutien financier institutionnel et souvent sans formation formelle, ces jeunes et femmes, pour la plupart issus de familles modestes, se lancent dans l’entrepreneuriat grâce à l’ingéniosité, à la détermination et au courage.

Au cœur de cette dyna- mique, se trouve le responsable de Seenam Vision Production, Koliko Kossi Seenam. Au secteur 2 de Koudougou, nous le rencontrons dans son entreprise. 34 ans, marié et père de deux enfants, l’ancien réceptionniste d’un hôtel de la place est aujourd’hui patron d’une unité qui emploie cinq personnes en permanence. Seenam Vision Production est une entreprise dans le domaine de l’audiovisuel, le cinéma, la communication, le marketing, la formation, l’enregistrement de son, à travers un studio et la location de matériels de sonorisation.

Dans son atelier de fabrication de jus au secteur 5 de Koudougou, des collaboratrices
de Kiswensida Pélagie Bouda, en pleine séance de travail.

Elle a été formalisée en 2019 et les activités ont officiellement démarré en 2020.
A notre passage, le 3 septembre 2025, cinq personnes étaient en formation et trois personnes en stage. « J’ai eu la chance de suivre une formation en entrepreneuriat, plus précisément au concept EZF qui m’a permis d’avoir des outils nécessaires pour pouvoir commencer dans ce domaine. J’ai pris conscience que je pouvais me lancer sans dette, quitte à avoir après, le nécessaire pour gravir des échelons. J’ai commencé avec un téléphone portable, parce qu’à l’hôtel où je faisais de la réception, il y avait la
connexion », se réjouit Koliko Kossi Seenam.

La connexion lui a ainsi permis d’être fréquemment sur les réseaux sociaux au point de créer une page Facebook qui s’appelait Cepu Marco (Cellule publicité, marketing et communication). « Grâce à cette page, j’ai publié des offres d’emplois dans des groupes Facebook entre 2007 et 2017. Beaucoup de personnes s’intéressaient à ma page », se réjouit-il. M. Seenam affirme avoir eu l’idée aussi de faire une affiche avec son téléphone portable pour proposer ses services à des entreprises qui voulaient faire connaître leurs produits.

« Je savais comment booster une publication, sponsoriser une page et rédiger des contenus. La première affiche que j’ai lancée était une communication sur ma page au profit des entreprises. J’ai reçu des demandes de publicité d’une trentaine d’entreprises pour faire connaître leurs produits. Et pour l’offre, quand j’ai tout exécuté, il me restait pratiquement plus de 500 000 FCFA. Avec cette somme, j’ai payé mon
premier appareil photographique.

La directrice chargée de la production des bio-intrants à AGROPAK Burkina, Nopoko Béatrice Konkobo, loue l’esprit de groupe qui a prévalu à la création de l’entreprise.

Après, il y a eu une confiance qui s’est installée avec mes clients, m’amenant à Bobo-Dioulasso et à Ouagadougou pour former des gens à l’utilisation de Facebook et à la création de contenus que j’ai dénommés : Marketing digital », relève le responsable de Seenam Vision Production. Avec le système EZF, il se dit ravi d’apprendre qu’on peut débuter son entreprise sans forcément recevoir un financement extérieur ou un prêt.

« Le financement extérieur pour un entrepreneur n’est pas totalement exclu, mais, si tu commences avec l’emprunt et le financement extérieur, rien n’est évident. Il faut commencer avec les moyens de bord », confie Koliko Kossi Seenam. Cinq ans après, il est heureux de devenir, aujourd’hui, un modèle dans son domaine, formant des jeunes qui ont aussi des studios actuellement et qui en vivent pleinement à Ziniaré et Koudougou.

« Le jus me fait voyager »

Kiswendsida Pélagie Bouda, la trentaine bien sonnée, est aussi dans le giron des entrepreneurs à Koudougou, ayant débuté sans financement extérieur. Ancienne étudiante, elle pilote, de nos jours, Beni Agro Bouda Services, une entreprise qui évolue dans la transformation des fruits et légumes, la conservation et les formations en agroalimentaire au secteur 5 de la ville. Elle dispose d’un certificat de qualification professionnelle en transformation des fruits et légumes et un certificat de formation en agroalimentaire, certifiée par l’Ecole panafricaine de l’entrepreneuriat et des métiers de Dakar au Sénégal.

De vendeuse de jus dans les quartiers et services, elle est passée, depuis 2020, à patronne d’une entreprise qui emploie six personnes dont trois permanents. Tout commence avec un investissement de 45 000 F CFA. « Avec cet argent, j’ai décidé de me lancer dans la vente de jus naturel, mais je n’avais pas de frigo. J’ai payé une glacière et un mixeur. Je fais le jus et je le mets dans la glacière avec de la glace payée en détails ailleurs », se souvient-elle. A force de persévérer, elle est passée promotrice d’une entreprise : Beni Agro Bouda Services.

Le promoteur de AGROPAK Burkina, Lévi Komboigo, rappelle que c’est en 2016 que l’idée de création de la société a germée.

« Le jus me fait voyager. En 2024, j’ai été notamment à Kigali au Rwanda, à une exposition qui a regroupé 33 pays d’Afrique, dont le Burkina. Je faisais partie des représentants du Burkina pour présenter nos produits locaux », raconte Kiswendsida Pélagie Bouda avec enthousiasme.

A Koudougou, des jeunes et femmes entreprennent aussi collectivement. C’est le cas de l’entreprise AGROPAK Burkina, au secteur 10, qui regroupe plus de dix employés, dont huit femmes, co-fondateurs de l’entreprise, dans le domaine de l’agroécologie et de l’élevage. Elle existe depuis 2016 et a officiellement débuté ses activités en 2021. « Nos activités de production hors-sol ont commencé d’abord à la maison. L’amour et l’engagement sont nés par la suite, ce qui a commandé de faire ces activités en groupe.

D’où la création de AGROPAK Burkina qui regroupe plusieurs compétences et un promoteur », souligne la directrice chargée de la production des bio-intrants à AGROPAK Burkina, Nopoko Béatrice Konkobo, co-fondatrice, 34 ans, mariée et mère de trois enfants. Les hésitations ont fait place à la confiance chez le groupe d’entrepreneurs lorsque la formation « EZF » et bien d’autres apprentissages ont galvanisé les membres à démarrer leur entreprise. Nopoko Béatrice Konkobo précise que c’est à partir de la formation EZF que le groupe a cru qu’il ne fallait pas obligatoirement un financement extérieur ou une grosse somme pour se lancer.

« Nous avons mis en commun nos différentes compétences qui ont fait des émules. Des voisins ont demandé nos services. C’est à travers ces services que nous avons pu collecter des fonds pour démarrer. Le concept EZF était devenu une réalité pour nous. Aujourd’hui, nous sommes un modèle de réussite, une fierté dans le domaine, sans prêt ni financement extérieur. Nos premiers fonds sont issus d’une réalisation d’agriculture hors-sol chez un particulier qui nous a payés à 200 000 FCFA. C’est cette somme qui a dirigé nos premiers pas dans le secteur », laisse entendre Mme Konkobo.

Appel à la jeunesse

La société AGROPAK Burkina offre des formations en élevage et en agriculture, dont les coûts varient respectivement de 10 000 à 50 000 FCFA et de 10 000 FCFA à 500 000 FCFA. Son premier responsable, l’entrepreneur agroécologique et formateur, Lévi Komboigo, soutient que c’est depuis 2016 qu’il a nourri l’idée de créer l’entreprise.
« Après la formation à EZF, j’ai compris que nos projets mettaient beaucoup de temps à se concrétiser, parce que nous attendions tout pour commencer.

Pourtant, on pouvait démarrer avec le peu que l’on a, qui n’est pas forcément de l’argent. Ça peut être des compétences, des connaissances », conseille-t-il.
AGROPAK Burkina c’est désormais plus de 100 tonnes (t) de compost produit par an, aux dires de son promoteur, avec en perspective une demande d’agrément pour la construction d’un centre de formation. « Nous avons fait des prévisions de 15 millions F CFA en 2020 pour notre entreprise et nous sommes à plus de 40 millions F CFA à nos jours. Plus de 30 millions F CFA en compost, et plus de 5 millions FCFA en formation. On accompagne les coopératives et les entreprises. C’est une satisfaction financière et morale », clame Lévi Komboigo. Il appelle donc la jeunesse à se lancer dans l’entrepreneur à zéro dette, « sans problème avec la banque ni avec la société ».

La voie idéale du succès

Les autorités administratives de la région de Nando sont conscientes des prouesses des jeunes et femmes entrepreneurs de la région d’entreprendre sur fonds propres. En effet, le directeur régional du commerce, de l’industrie et de l’artisanat de la région de Nando, Siébou Sou, assure que dans la région, les jeunes et les femmes qui entreprennent, en général, bénéficient de soutiens financiers et de conseils pour booster leurs entreprises. Ce, à travers des structures, comme l’Agence de financement et de promotion des Petites et moyennes entreprises (AFP-PME), qui sélectionnent des jeunes promoteurs de PME pour les financer. « Ceux qui arrivent à entreprendre sur fonds propres sont à saluer.

Si vous n’avez contracté aucun prêt, cela veut dire que vous n’êtes pas appelé à payer des intérêts à une structure financière quelconque. Les retombées pour l’Etat, c’est la motivation qu’on donne aux jeunes. Si ceux qui entreprennent sur fonds propres ne vont pas vers l’Etat, cela permettra d’orienter les ressources vers ceux qui n’auront pas ces fonds propres pour démarrer leurs activités. Ce qui va diminuer la pression sur les ressources de l’Etat dédiées au financement des activités des jeunes et des femmes », note-t-il.

Le directeur régional de la jeunesse et de l’emploi de la région de Nando, Siembou Zerbo, indique que l’EZF est la voie idéale de succès d’un entrepreneur.

Le directeur régional de la jeunesse et de l’emploi de la région de Nando, Siembou Zerbo, indique que sa direction s’investit pour permettre aux jeunes de créer leurs unités, des micros entreprises, des PME qui deviennent de grandes entreprises. « Dans la région de Nando, nous avons formé près de 300 jeunes en entrepreneuriat en 2021, plus de 800, en 2022, 500 en 2023 et 150 en 2024. Pour les sensibilisations, en entrepreneuriat, nous sommes à plus de 3 000 jeunes sensibilisés en 2020, plus de 6 000 en 2021, près de 1 600 jeunes et 1 900 respectivement en 2022, 2023 et 2024. En 2025, nous avons près de 500 jeunes déjà sensibilisés.

Il y a également des subventions au profit des jeunes et femmes qui peuvent atteindre 1,9
million F CFA », détaille Siembou Zerbo. A son avis, prendre l’initiative de s’engager soi-même sans trop attendre des accompagnements extérieurs, c’est la voie idéale de succès d’un entrepreneur. Car, justifie-t-il, il y a beaucoup de jeunes qui ont été financés, mais qui
n’ont pas eu les résultats escomptés. « Or, celui qui commence avec ses propres moyens, c’est sûr qu’il va ‘’mouiller le maillot’’. Et les institutions de microfinance même auront confiance en lui et vont l’accompagner aisément à avoir des ressources pour grandir.

Les jeunes peuvent commencer avec peu de moyens et faire grandir leur entreprise à travers des conseils et des formations », assure M. Zerbo. Il insiste que c’est un gain pour
l’Etat, car tous ces jeunes formés et sensibilisés ne peuvent pas bénéficier des financements étatiques.

Un double gain pour l’Etat

L’AFP-PME est un Etablissement public de l’Etat (EPE) octroyant aux entrepreneurs des prêts allant de 1 à 100 millions F CFA, avec un taux d’intérêt compris entre 6 et 8%. Concernant les entrepreneurs sur fonds propres, l’AFP-PME, selon son directeur de l’accompagnement et du conseil aux entrepreneurs, Bagora Florentin Bado, initie des formations à l’entrepreneuriat, au montage des projets, à la gestion, à la recherche du financement, au marketing et au développement commercial. M. Bado qui est aussi économiste gestionnaire de formation confie qu’en 2021, 2 224 participants dont 1 287 femmes ont été formés à la technique EZF. Nous avons eu un total de 1 503 participants avec 48% de femmes que nous avons interrogés sur les 2 224 participants, à travers un suivi.

En termes d’analyse, il relève que 297 participants ont démarré effectivement leurs
activités entrepreneuriales à zéro franc. « A la suite de la formation, nous avons enregistré un total de 1 621 qui ont consolidé leur activité avec un total de 1 018 entreprises actives aujourd’hui. Ces entreprises ont permis de générer 1 843 emplois, dont 546 nouveaux emplois créés », explique Bagora Florentin Bado. Pour lui, le concept EZF vise à doter des entrepreneurs ou de potentiels entrepreneurs, de connaissances et de techniques, les incitant à démarrer, sans financement extérieur, un projet entrepreneurial. Les jeunes et femmes qui entreprennent à zéro franc permettent à l’Etat de gagner doublement, tant au niveau de la réduction du taux de chômage, que de celui de la création des richesses, se convainc M. Bado.

Le directeur régional du commerce, de l’industrie et de l’artisanat de la région du Nando, Sou Siébou : « l’EZF diminue la pression sur les ressources de l’Etat dédiées au financement des activités des jeunes et des femmes ».

Pour sa part, le Directeur général (DG) du Fonds Faso Kuna Wili (FKW), Pr Hamidou Sawadogo, signifie que le Fonds a pour missions de faciliter l’entrepreneuriat pour permettre aux jeunes de s’auto-employer et d’employer d’autres jeunes, à travers l’octroi de crédits dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage, de l’artisanat, de l’industrie, etc.
« J’ai été formateur au concept EZF. Si on n’a pas de fonds pour commencer, on vend sa force de travail à qui veut l’acheter. Après, on arrive à réunir un minimum de capital et on commence à faire des affaires.

C’est une belle initiative et j’encourage la jeunesse à aller dans ce sens. C’est toujours mieux d’entreprendre soi-même que de passer son temps à demander des subventions, des aides, des accompagnements », fait-il comprendre. Il dit être fier aujourd’hui de voir que les jeunes ont pris leur destin en main en ne voulant plus des sollicitations mais en embrassant une carrière d’entrepreneur en comptant sur eux-mêmes. Pr Hamidou Sawadogo appelle les institutions de microfinance et l’Etat à accompagner les jeunes et femmes à atteindre leurs objectifs d’entrepreneuriat pour créer de la croissance et de la richesse pour les populations. Il affirme que le FKW aide déjà les jeunes et les femmes dans la formation à l’éducation financière pour mieux gérer leurs ressources en sachant produire, stocker et vendre.

« Le gain de l’Etat dans le domaine de l’entrepreneuriat n’est pas pécuniaire. C’est beaucoup plus la promotion de l’emploi, car c’est le rôle de l’Etat d’éduquer, de soigner aussi bien les populations que de leur trouver de l’emploi. Le fait que les jeunes soient déjà occupés et aient des revenus est une bonne chose. Ils arrivent à se nourrir, à se soigner, à s’habiller et à mieux s’occuper de la scolarité de leurs enfants. Cette auto-prise en charge est un bien noble que l’Etat gagne », estime le DG du FKW.

Le Président de la délégation spéciale (PDS) de la commune de Koudougou, Amédée Paré, dit louer les « entrepreneurs sur fonds propres ». Les appuis que la commune offre aux jeunes femmes qui entreprennent, c’est de les doter d’un kit d’installation, les former aux Activités génératrices de revenus (AGR), mais également à l’éducation
financière, renchérit-il. « Entreprendre sur fonds propres et réussir, c’est vraiment des exploits, et nous devons leur apporter tout le soutien possible pour que davantage, ces
jeunes et femmes puissent prospérer.

Entreprendre sur fonds propres leur permet de se prendre en charge, mais également leurs familles. Cela permet d’employer certainement des personnes, mais également de développer l’économie, surtout locale et payer des taxes à la commune », lance le PDS de Koudougou. Dans ce sens, affirme Amédée Paré, en 2024, la mairie a formé 30 Personnes déplacées internes (PDI) et des jeunes femmes à la saponification, la teinture, aux AGR, à près de 3 millions FCFA.

Boukary BONKOUNGOU


 

Du concept « Entreprendre à zéro franc »

Le concept « EZF, zéro apport extérieur et zéro dette » est une idée originale du président fondateur de la Fondation africaine pour l’entrepreneuriat et le développement économique (FAFEDE), Dr Samuel Mathey, économiste d’origine togolaise, spécialisé dans le développement, l’entreprenariat et les finances. La FAFEDE existe dans une quinzaine de pays africains et promeut le concept révolutionnaire et innovant auprès des jeunes et des femmes. Mais, le concept « EZF » entraine bien des polémiques parce que plusieurs personnes sont uniquement attachées au concept « zéro franc ».

Or, il faut comprendre : « EZF extérieur et démarrer avec zéro dette ». Les recherches montrent que le blocage des entrepreneurs en Afrique est l’accès au financement qui engendre un niveau très élevé du chômage, plus particulièrement chez les jeunes. Car, de nos jours, l’Etat ne peut pas continuer de fournir de l’emploi aux jeunes, en atteste le nombre élevé de personnes inscrites chaque année, lors des concours d’entrée à la Fonction publique. L’auto-emploi et l’entrepreneuriat peuvent donc être des issues favorables pour résoudre le problème du chômage en Afrique.

« EZF » vient résoudre les problèmes de financement, d’impôts et d’accès au marché avancés par des jeunes et femmes. C’est ainsi que la FAFEDE, en collaboration avec l’AFP-PME, au Burkina, a formé, en 2020, plusieurs jeunes et femmes à la technique
« EZF ». Ils ont ainsi été enseignés à démarrer une activité sans financement extérieur, quitte à devenir plus tard des cibles éligibles et des attraits pour les institutions financières.

B.B.

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