Eviter un foyer en milieu carcéral

A situation particulière, décision spéciale. C’est le moins que l’on puisse dire dans ce contexte sanitaire difficile où la maladie à coronavirus (COVID-19) poursuit sa progression effroyable à travers le monde entier. Il faut à tout prix freiner cette pandémie, voire l’anéantir. Pour cela, chaque pays y va de sa stratégie pour dompter ce « mastodonte » qui ne cesse de semer la psychose et la désolation au sein des familles.

Après la fermeture des frontières, marchés, lieux de culte, bars et autres lieux de grands rassemblements, les regards se tournent désormais sur les lieux de détention. Les prisons sont des centres par excellence de grands rassemblements. Il y a donc urgence à réduire les effectifs et à prendre d’autres mesures pour éviter que le mal n’infecte l’atmosphère carcérale. Cette nécessité, l’Organisation des Nations unies l’a bien comprise. Le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) a, dans ce sens, lancé un appel à l’endroit des gouvernements à travailler rapidement pour réduire le nombre de personnes en détention.

L’organisme de droits de l’homme recommande entre autres, la libération des prisonniers plus âgés, malades et des délinquants présentant un risque faible. Ce cri du cœur de l’ONU a été entendu par plusieurs pays. Dans la sous-région ouest-africaine, le Sénégal est l’un des premiers pays à ouvrir le bal avec une remise de peine à 2 036 prisonniers. Le Niger lui a emboîté le pas. A travers un décret présidentiel, le chef de l’Etat, Mahamadou Issoufou, vient de gracier le 30 mars dernier, 1 540 personnes dont l’opposant Hama Amadou.

Ces mesures, combien importantes, sont à saluer parce qu’elles contribuent, à n’en pas douter, à décongestionner les maisons d’arrêt et de correction. Ce n’est un secret pour personne que les prisons en Afrique sont surpeuplées. Même si ces lieux semblent être à l’abri du coronavirus parce qu’en soi confinés, il n’en demeure pas moins que les pensionnaires restent d’une manière ou d’une autre en contact avec le monde extérieur. Le personnel de garde, de soin, les visiteurs, la nourriture sont autant de portes d’entrée du loup dans la bergerie.

Il y a donc lieu de prendre le taureau par les cornes. On ne le souhaite pas, mais que seraient nos prisons si elles venaient à être atteintes par la maladie ? Sa propagation se ferait à une vitesse exponentielle, compte tenu de la surpopulation carcérale. Les pays comme le Burkina Faso qui ont déjà décidé de la suspension des visites dans les prisons, doivent y songer.

Plusieurs mesures pourront ainsi être prises pour réduire les effectifs. En sus de la libération des prisonniers âgés, malades ou présentant un risque faible comme le souhaite l’ONU, les personnes à quelques mois de leurs peines pourraient être aussi graciées. Dans la même veine, plusieurs prévenus en attente de leur jugement peuvent bénéficier d’une liberté conditionnelle. De telles mesures audacieuses permettront sans doute d’avoir une avance sur le COVID-19.

Abdoulaye BALBONE

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