A la faveur du festival Ciné Droit Libre, un panel sur le terrorisme dans le Sahel a eu lieu le lundi 10 décembre 2018 à Ouagadougou. Les causes et les solutions à l’insécurité ont été au menu des débats.
Les causes du terrorisme au Sahel sont à rechercher dans les affres de l’histoire, lorsque les Africains étaient considérés comme des sous-hommes et les plus valides déportés en Occident. C’est ce qui est ressorti de la soirée spéciale Sahel organisée le lundi 10 décembre 2018 à Ouagadougou dans le cadre du festival Ciné Droit Libre, avec pour principaux animateurs le Dr Rasablga Seydou Ouédraogo, l’ambassadeur, chef de la délégation de l’Union européenne (UE) au Burkina Faso, Jean Lamy, et la directrice Afrique de l’Ouest et du Centre d’Amnesty international, Petrus Barry.
Pour les trois panélistes, il n’y a ni sécurité ni développement sans respect des droits humains (vie, droits économique, sociaux et culturels, etc.). Selon le directeur exécutif de l’Institut Free Afrik, Dr Ouédraogo, la situation sécuritaire actuelle au Sahel trouve son fondement dans les constructions étatiques inachevées en raison des Programmes d’ajustement structurel (PAS) mis en place dans les années 90.
Cette situation dénote également, à ses dires, d’une absence d’ambition collective pour reprendre la main sur lesdits territoires. A son avis, le contrôle de la région sahélienne revêt plusieurs enjeux (lutte contre le trafic de drogue et d’êtres humains vers l’Europe, accaparement des ressources naturelles, velléités expansionnistes de certains Etats et organisations, etc.). S’agissant de l’UE, M. Lamy a indiqué qu’elle intervient au Sahel en appui aux pays concernés, avec une approche « modeste » et non des solutions venues d’ailleurs.
« L’action de l’UE est faite de 18 stratégies alignées sur celles de la CEDEAO, qui concernent la jeunesse, l’emploi, les perspectives de développement et la coopération frontalière en matière de services publics au profit des populations », a ajouté le chef de délégation. Pour sa part, Petrus Barry s’est dit perplexe quant aux solutions actuellement avancées pour contrer le terrorisme. Dénonçant les intérêts géostratégiques qui alimentent les conflits au Sahel, elle a dit « croire plutôt aux droits humains », sources de développement profitable à chaque individu.
Des interventions ont suivi l’exposé des panélistes, dont celle du président de la CENI, Newton Ahmed Barry. Reprenant les propos d’un ancien patron de la force Barkhane, il a déclaré que dans la riposte au terrorisme dans le Sahel, « ce n’est pas la guerre qu’il faut gagner mais plutôt les populations ».
Jean Philibert SOME