En poste, il y a à peine trois mois, le nouveau Premier ministre, Michel Barnier, vit des moments difficiles dans sa carrière politique. En actionnant l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter le budget 2025 querellé, cette figure de la droite modérée s’est attirée les foudres du Nouveau front populaire (NFP) et du Rassemblement national (RN) de Marie Lepen, arrivés respectivement en 1re et 3e position aux législatives anticipées de juin-juillet 2024.
Comme elles avaient promis le faire si le budget ne prenait pas en compte leurs doléances, ces deux forces politiques ont décidé de s’associer pour voter une motion de censure. Cette proposition, qui devrait être débattue, ce mercredi 4 décembre 2024, fait couler actuellement beaucoup d’encre et de salive, tant elle intervient à un moment crucial. Dans un contexte où la situation économique de l’Hexagone est difficile (les marchés financiers estiment qu’il y a des gros risques à prêter à la France), l’élaboration du budget 2025 requiert une attention particulière.
C’est bien pour cette raison, que le RN n’adhère pas, entre autres, à la proposition d’augmenter les taxes sur l’électricité, à la revalorisation partielle des pensions de retraites et le déremboursement des médicaments. Pour sa part, le NFP s’attendait à ce que le budget 2025 prenne en compte, parmi tant d’autres mesures, l’instauration d’un impôt pérenne sur les grandes fortunes, un impôt spécifique sur le patrimoine des milliardaires et une hausse des dépenses publiques pour compenser l’inflation. Bien vrai que Barnier a fait quelques concessions, mais, cela n’était pas assez suffisant aux yeux de l’extrême droite et de la gauche qui sont engagés à le faire tomber et à remiser son texte au placard. Cette démarche semble à priori en bonne voie, puisque le NFP et le RN devraient pouvoir obtenir la majorité nécessaire pour provoquer la démission du gouvernement Barnier et le rejet du budget à polémique.
Sauf un revirement spectaculaire, l’occupant actuel de Matignon vit ses dernières heures à la tête du gouvernement. Avec ce scenario qui se dessine, le Président Emmanuel Macron va devoir se trouver un nouveau Premier ministre, lui qui avait mis deux mois avant de nommer Barnier, et surtout un autre budget à faire voter avant le 31 décembre 2024, avec les limites y afférents. Sans quoi, l’exécutif français sera appelé à déposer un projet de loi spéciale l’autorisant à percevoir les impôts et répartir les crédits par décret, pour pouvoir faire tourner le pays.
De toute évidence, la France est dans une mauvaise posture ces derniers mois sur le plan politique et socioéconomique.
Le Président Macron porte l’entière responsabilité de cette situation chaotique dans laquelle se trouve sa chère patrie.
Il aurait dû réfléchir par deux fois avant de convoquer les législatives anticipées qui ont ouvert la boite de pandore dans l’Hexagone.
Ces législatives ont plongé la France dans une incertitude socioéconomique et politique dont on se souviendra pendant longtemps. En attendant, Macron, dont la popularité est au plus bas dans les sondages, est appelé à défaire plusieurs nœuds avant de redorer son blason.
Des voix n’ont-elles pas commencé à appeler à sa démission, même si rien ne l’oblige à le faire ?
Kader Patrick KARANTAO