Guinée : un référendum sans enjeu

La campagne pour le référendum du 21 septembre prochain se déroule depuis dimanche en Guinée. L’objectif de cette pêche aux voix est de convaincre les électeurs de voter pour la nouvelle Constitution, censée remplacer celle de mars 2020 et ouvrir la voie à l’organisation des élections présidentielle et législatives de décembre 2025. L’adoption du nouveau texte, écrit par un Comité d’experts, permettra de mettre fin à la Transition, conduite par le général Mamadi Doumbouya, depuis le coup d’Etat de septembre 2021 et de favoriser un retour à l’ordre constitutionnel normal en Guinée.

La Constitution sur laquelle les citoyens doivent se prononcer, maintient un régime présidentiel et propose entre autres, le passage de 6 à 7 ans pour le mandat présidentiel renouvelable une fois et un scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Fait très important à souligner, l’interdiction faite aux membres des organes de la Transition de prendre part aux élections nationales et locales, comme l’avait stipulé la Charte, ne figure pas dans la future loi fondamentale. Si la Constitution obtient l’adhésion populaire, le Gal Doumbouya, qui s’était engagé à ne pas briguer la magistrature suprême, pourrait le faire, même s’il garde actuellement le silence sur le sujet.

N’attend-il pas l’adoption de la nouvelle Constitution pour annoncer sa candidature en toute légalité ? Le scenario semble se dessiner ainsi. A moins que l’évolution de la situation sociopolitique en Guinée ne démontre le contraire. Pour l’heure, les soutiens du Gal Doumbouya donnent de la voix dans l’espoir, que le « Oui » l’emporte au référendum, dans une campagne pas très animée. Opposée à une éventuelle candidature du président de la Transition à la présidentielle à venir, l’opposition n’est pas véritablement présente sur le terrain pour déployer des arguments pour le « Non » au référendum.

En effet, les principaux partis d’opposition, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de l’ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) et le Parti pour le renouveau et le progrès (PRP) ont été suspendus pour 90 jours,
courant août dernier, pour des manquements aux obligations légales. Cette mesure interdit les formations concernées d’organiser des réunions, des manifestations ou des campagnes de propagande. Autant dire que ce référendum est sans enjeu, les forces contradictoires étant dans l’incapacité de peser dans la balance avec leurs arguments. C’est dire que les partisans du « Oui » semblent à priori en pole position pour l’emporter.

Les autorités guinéennes étant favorables à l’adoption de la nouvelle Constitution, on ne voit pas comment le référendum pourrait être un fiasco. Sauf tremblement de terre, le
« Oui » est bien partie pour triompher, ce qui permettra au Gal Doumbouya de
prétendre à un mandat présidentiel en bonne et due forme. La Guinée post Alpha Condé écrit son histoire à son rythme.

Kader Patrick KARANTAO

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