La Révolution par l’industrie

On se souvient, presque comme si c’était hier, de la caution politique et morale apportée à l’initiative de la société Faso tomate (SOFATO), née de l’actionnariat populaire, un modèle audacieux qui a redonné confiance à bien de petits producteurs locaux. Ce geste n’avait rien d’anodin, parce qu’il traduisait déjà la vision d’un Etat qui ne regarde plus passivement ses richesses filer, mais qui choisit d’en faire un levier réel de développement.

Le lancement des activités de la SN-BRAFASO, le 25 novembre 2025, par le Président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, s’inscrit dans cette dynamique. Il traduit l’audace d’un peuple de reprendre la main sur son destin économique.

La dynamique, faut-il le rappeler, est impulsée au sommet de l’Etat et vise à faire de l’industrie, notamment la transformation des produits locaux, un pilier de création d’emplois et de richesses. Car transformer ici ce que nous produisons ici, c’est garder la valeur ajoutée chez nous, créer des emplois pour nos jeunes et redonner souffle aux économies locales, de Komsilga à Banfora, en passant par Yako et Bobo-Dioulasso.

Cette ambition souverainiste a conduit l’Etat à reprendre progressivement les leviers de secteurs stratégiques pour le développement national. Au-delà de l’appui conséquent aux unités de raffinage de l’or et au traitement des résidus aurifères, le gouvernement a fait le choix assumé de remettre dans le giron public certaines usines autrefois contrôlées majoritairement par des privés.

Avec d’abord les rachats des mines d’or de Boungou et Wahgnion, et ensuite la SOSUCO, symbole fort d’un retour à la maîtrise de la filière sucre, c’est désormais la SN-CITEC qui entre dans la galaxie des sociétés d’Etat. A travers ces nationalisations et remises en acti-vité, l’Etat réaffirme son rôle régalien dans une nouvelle vision d’entretenir un dynamisme réel dans le potentiel de créativité et de productivité du peuple burkinabè. Le cas de la SN-BRAFASO illustre, à bien des égards, cette bataille que les pays africains doivent livrer.

Portée sur les fonts baptismaux par un opérateur économique convaincu de la pertinence, de la viabilité et de la rentabilité de son projet, BRAFASO va se heurter à toutes sortes d’écueils qui finiront par paralyser cette unité. Depuis 2008, ce projet, que d’aucuns qualifiaient déjà de révolution industrielle, a pris quelques allures de gâchis entrepreneurial. Malgré les promesses successives des gouvernements de racheter l’unité et de relancer ses activités, le site de Komsilga est longtemps resté fantomatique, jusqu’à ce que les autorités actuelles décident, enfin, de prendre leurs responsabilités.

La date du mardi 25 novembre 2025 restera ainsi gravée comme une victoire symbolique de l’initiative locale, mais aussi un message fort adressé aux investisseurs bur-kinabè. Pour paraphraser Neil Armstrong en marchant sur la lune, la relance de la SN-BRAFASO peut être perçue comme un petit pas pour l’industrialisation du Burkina Faso, mais un grand pas pour la souveraineté économique. Le président du Faso n’a d’ailleurs pas manqué de souligner l’adversité à laquelle ce projet s’est heurté.

Sans le pari réso-lument assumé au sommet de l’Etat, cette action aurait pu connaître le triste sort de tant d’autres initiatives nationales. Le réveil de la brasserie de Komsilga rappelle, au fond, que les dirigeants actuels tentent d’allier l’acte à la parole. Cette cohérence constitue l’essence même de la Révolution progressiste populaire (RPP), qui continue de creuser, lentement mais sûrement, plusieurs sillons du progrès. C’est aussi un appel à tout Burkinabè désireux de contribuer à l’édifice national qu’il peut bénéficier d’un accompagnement du gouvernement.

Dans le même temps, alors que des efforts considérables sont engagés pour assainir le jeu commercial et extirper les brebis galeuses qui plombent la concurrence loyale, la
22e Rencontre nationale gouvernement-secteur privé a contribué à baliser le terrain pour l’émergence de véritables capitaines d’industrie. Des hommes et des femmes à la tête
d’entreprises compétitives, performantes, mais surtout profondément enracinées dans les réalités nationales.

La rédaction

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