Le charme italien

Le sommet Italie-Afrique s’est tenu, le lundi 29 janvier 2024 à Rome. A ce rendez-vous, le continent a été représenté par une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement africains. La 10e puissance économique mondiale n’entend pas rester en marge de la réconfiguration des rapports de la réconfiguration en Afrique. A l’instar des autres puissances telles que les USA, la Russie, la France, la Chine, le Japon et l’Allemagne, l’Italie qui avait une attitude hésitante s’est afin résolue à s’inscrire sur la longue liste des courtisans l’Afrique. Et pour peser dans la balance, le pays a concocté un programme dénommé le « Plan Mattei » espérant amener le continent noir à tomber sous son charme.

En effet, au cours de cette grand-messe, la cheffe du gouvernement italien, Georgia Meloni, a décliné dans les grandes lignes sa vision pour le continent. Elle dit vouloir écrire « une nouvelle page » dans les relations avec l’Afrique, avec une approche « non prédatrice » et pleine de « compassion». De ce fait, son pays compte faire mieux que ses devanciers. Eux qui avaient adopté dans leur grande majorité la posture de messie, détenteurs de savoir et savoir-faire nécessaires pour sortir les pays africains de leur situation d’inconfort. Pour matérialiser ce partenariat « gagnant-gagnant », l’Italie envisage d’axer sa coopération sur le potentiel humain, agricole et énergétique de l’Afrique. Georgia Meloni veut faire de l’Italie un « pont » énergétique entre l’Europe et l’Afrique par lequel les ressources africaines pourraient transiter dans le futur. En investissant dans ce secteur, elle espère assurer un accès privilégié aux ressources africaines en vue de garantir la sécurité énergétique de son pays.

Le Premier ministre italien envisage aussi de prendre en compte la question du développement à travers certains projets d’investissements en Afrique, notamment l’accès à l’eau potable au Congo-Brazzaville ou en Ethiopie et des projets d’accès à l’éducation et à la formation au Maroc ou en Tunisie. Mais la question qui taraude les esprits est de savoir d’où vient cet amour subite de ce pays de l’Europe pour l’Afrique ? Ce regain d’intérêt pourrait se justifier par le contexte qui prévaut actuellement, à savoir la guerre en Ukraine. Il n’est pas exclu que l’Italie veuille combler son besoin énergétique au regard de la réduction drastique de l’approvisionnement en gaz russe. L’autre mobile est à chercher au niveau politique. Le Premier ministre italien nourrit une ambition de consolider son électorat anti-migrants en vue des élections européennes. Georgia Meloni a essuyé une défaite cuisante concernant sa politique de diminution des flux migratoires via la Méditerranée. Son option d’investir en Afrique pourrait trouver son origine dans la lutte contre les facteurs déclenchant de migrations illégales. Parviendra-t-elle à ses fins ? Pour l’heure, il est encore tôt de se prononcer. Le budget initial du « Plan Mattei » est estimé à 5,5 milliards d’euros. Aujourd’hui, le budget disponible est « insuffisant » et le Premier ministre l’a reconnu à demi-mot. Quoi qu’il en soit, le dernier mot revient au continent. Il dispose de toutes les offres sur sa table et il lui appartient de faire un choix judicieux pour ne pas le regretter plus tard.

Abdoulaye BALBONE

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