Le Nigeria carbure déjà au super

Puissance physique et aisance technique, les Super Eagles ont séduit dès leur entrée dans la compétition continentale face à des Pharaons égyptiens carrément en dedans et dont la pauvreté du jeu a étonné les observateurs avec une équipe bâtie sur l’ossature du National Al  Alhy et du Zamalek qui dominent les épreuves continentales des clubs. Auparavant, avant ce choc de titans de la journée, un autre grand favori de la compétition, l’Algérie n’a, elle aussi, rien ou quasiment rien montré face à la Sierra- Leone en optant pour un rythme de sénateur crispant qui a mis le coach Djamel Belmadi dans tous ses états.

Évoquons donc la team magique du jour, le Nigeria, pour dire qu’il a toujours fait bonne impression en CAN, nonobstant des problèmes d’intendance qui lui ont souvent gâché la vie, sans l’empêcher de briller. Pour autant, on a un goût d’inachevé au regard de son palmarès continental et mondial qui aurait dû être plus étoffé. En guise d’exemple, si la génération 90 des super Eagles avec Nwankwo Kanu, Augustine Jay Jay Okocha, Daniel Amokachi, Sunday Olisey et Rashidi Yekini avait été correctement managée sportivement et politiquement, elle aurait remporté une coupe du monde en sus de la médaille d’or obtenue aux jeux olympiques d’Atlanta en 1996.

Las, elle a coïncidé avec le régime cleptomane et ploutocrate  de Sanni Abacha dont les aspirations étaient aux antipodes de celles du peuple nigérian. Des rêves brisés certes, mais le palmarès du pays reste flatteur, et, l’équipe présente au Cameroun peut lui valoir d’autres lauriers. Expression collective, équilibre et talents individuels se retrouvent dans cette équipe, et le but de Kelechi Iheanacho à la 32e mn est symptomatique de toute cette palette. Avec la percussion de son milieu excentré Moses Simon et l’abattage du pivot Wilfried Ndidi, qui s’inscrit dans la tradition des grands pivots nigérians comme Sunday Olisey, John Obi Mikaël et Henri Nwosu, sans oublier la force de ses attaquants axiaux, le Nigeria peut voyager très loin, même s’il ne faut pas trop jurer sur cette équipe capable donc du meilleur comme du pire. Le pire en cette troisième journée de la CAN, aura cependant été incarné par l’Algérie, présentée comme l’épouvantail de la compétition, et qui n’a rien prouvé face aux Lions sierra-leonnais , avec un rythme de sénateur horripilant durant 90 mn ternes, que seuls quelques éclairs de Mahrez ont permis de supporter. Néanmoins, son effectif doit lui permettre de s’extirper de sa poule pour donner sa pleine mesure lors de la « roulette russe ». En tous les cas, la Sierra- Leone n’en demandait pas tant, et, elle a su profiter de cette léthargie des Algériens pour placer des banderilles qui auraient pu lui permettre de réaliser le hold-up parfait. Les héritiers de Sam Turray et de Brima Mazzola Camara, redoutables attaquants des années 75-85  qui ont fait le bonheur de l’Africa Sport de Côte d’Ivoire,  ont prouvé que leur retour à la CAN après 26 ans d’absence ne devait rien au hasard. Avec leur bloc bas et compact, ils poseront des équations difficiles à tous leurs adversaires,  si l’euphorie du nul contre les champions d’Afrique ne leur monte pas à la tête. A contrario, l’Algérie, malgré sa série d’invincibilité (35 matchs toutes compétitions confondues) en cours, se devra de hausser son niveau avec plus de constance dans les efforts et une plus grande implication défensive. Idem pour les Pharaons qui semblent inhibés  par le talent de leur maestro Mohamed Salah, au lieu d’en faire une source de « transcendance » comme les Portugais qui avaient puisé dans la grinta et la rage de vaincre de Cristiano Ronaldo pour triompher à l’euro 2016 au nez et à la barbe de la France. Des impressions que les sorties prochaines de toutes ces équipes permettront d’affiner afin de dégager des  enseignements plus significatifs. The show must go on.

Boubakar Sy  

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