Le pari du nucléaire

Une délégation russe de haut niveau conduite par le Vice-Ministre de la Défense de la Fédération de Russie, le colonel-général Younous-Bek Evkourov, a échangé, le jeudi 31 août dernier, avec les autorités de la Transition. Au menu des discussions : faire un retour franc et pratique de la rencontre de Saint Petersburg au cours de laquelle, en toute souveraineté, le pays des Hommes intègres avait présenté ses projets et sollicité un appui russe pour les matérialiser. En faisant le point des différents entretiens avec la partie burkinabè, le chef de la mission, le colonel-général Younous-Bek Evkourov, a indiqué que la délégation russe a également présenté les actions déjà menées dans le domaine de la coopération militaire et abordé les perspectives avec le chef de l’Etat burkinabè. « Ce sont toutes les sphères y compris la coopération militaire et technique mais aussi la coopération dans le domaine de l’économie, de l’énergie nucléaire et toutes les questions qui pourraient susciter une coopération », a-t-il précisé.

Il y a peu, quand le Burkina évoquait publiquement sa coopération militaire avec la Russie, cela était perçu comme inadmissible par ceux qui avaient fait de notre pays une chasse gardée. Cela suscitait la curiosité de bien d’observateurs de la scène politique et diplomatique ; y compris ceux qui auraient pu appuyer et qui n’avaient pas fait grand-chose afin que le pays puisse se dresser contre les terroristes. Aujourd’hui, de tous les secteurs de coopération abordés entre le Burkina et la Fédération de Russie, celui de l’énergie nucléaire suscite un intérêt « moqueur » de ceux qui ont toujours préféré le verre à moitié vide. Pourtant, ces pessimistes devraient revoir l’histoire de l’humanité. En effet, Le tour du Monde en 80 jours de Jules Vernes, publié en 1872, était vu comme une folie. Aujourd’hui, le tour du monde se fait en moins de 80 heures. Au Burkina, nous suivons avec beaucoup d’espoir la mise en place d’un satellite « Burkina sat1 » à l’université de Koudougou. Ce satellite a pour entre autres objectifs d’améliorer les pratiques culturales, d’aider à la prospection minière et à la résilience climatique. Les ambitions burkinabè sont affichées ; Rien de grand ne se fait sans un zeste de folie éclairée. Quand le Burkina d’aujourd’hui parle de l’énergie nucléaire, nous savons tous que ce n’est pas pour le voir réaliser dans six mois. Y penser est déjà en soi une réalisation à minima. Rappelons-nous cette affirmation du Président Thomas Sankara : « Ce qui sort de l’imagination de l’Homme est réalisable par l’Homme ».

On peut spéculer, mais on ne peut pas croire que le pays des Hommes intègres n’a pas besoin de cette centrale nucléaire qui devrait un jour être une réalité. Nul ne prétend que c’est gagné d’avance. Pour cela, nous devrons pouvoir interagir sur ce que nous voulons pour nous aujourd’hui et demain. Les grandes nations se forgent sur des grands projets souvent dans des périodes difficiles. Non pas uniquement pour les contemporains, mais pour leurs descendants. Ce pari de l’énergie nucléaire doit être gagné. Tout comme l’idée de création d’une école de Pilotes au Burkina. Ceux qui n’y croient pas n’ont qu’à regarder toutes ces grandes institutions internationales que notre pays abrite qui ont contribué à former des générations de citoyens utiles pour leurs pays et donc pour l’humanité. Au-delà de tout, c’est déjà l’ouverture de ce qu’on peut appeler une diplomatie pragmatique, ciblée, qui repose sur une vision qu’il faut saluer au moment où les peuples réaffirment leur besoin de s’affirmer. Cette ère sonne le glas des temps du développement prêt à porter qui, dénudé s’apparente parfois à une camisole de force. C’est tout l’intérêt pour cette génération de tisser les bonnes relations et de nouer les bons partenariats pour avoir le soutien nécessaire, l’aide qui nous aide à nous départir de l’aide ; pour éviter de répondre devant l’histoire, parce qu’appelée à la barre du jugement des générations futures.

Assetou BADOH badohassetou@yahoo.fr

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