Le verre est à moitié plein

Poignée de main et sourire inoubliable entre les anciens chefs d’Etat, Jean Baptiste Ouédraogo, Blaise Compaoré, Michel Kafando, Yacouba Isaac Zida, Roch March Christian Kaboré et le président Paul-Henri Sandaogo Damiba. Telle est l’image qui devrait être servie aux Burkinabè ce 8 juillet 2022, à la sortie d’une concertation sur la situation de la Nation en ce moment crucial de sa survie. Mais hélas…. l’album de l’histoire du Burkina Faso qui allait s’enrichir de cette photo si symbolique doit encore attendre. En effet, à l’invitation du président Paul-Henri Sandaogo Damiba, les anciens présidents du Burkina Faso devaient se retrouver ce jour pour évoquer la situation du pays et ce, après la rencontre du 21 juin 2022, entre Jean Baptiste Ouédraogo, Roch Kaboré et lui-même. Cette démarche participe à la « recherche de solutions pour un Burkina Faso de paix et de cohésion », a précisé le président Damiba. Finalement, sur six présidents, trois étaient effectivement présents. Donc pour imiter le parlement, on dira que le quorum était atteint pour délibérer.

L’histoire retiendra que Damiba a osé, que Compaoré et Ouédraogo ont opté de jouer leur rôle historique et que chacun des ex-présidents qui n’a pas pu honorer ce rendez-vous reconnait néanmoins le bien-fondé de la rencontre et a jugé bon et utile d’expliquer là où, il y avait des entraves. Cela permettra déjà de prendre en compte les flops de cette première rencontre et poser les bases de retrouvailles plus élargies, plus ouvertes et plus constructives. Tout de même, il est à espérer que le 8 juillet marque l’Alpha d’un processus qui n’est jamais gagné dès le premier round, tout en souhaitant que les prochains soient plus fructueux.

La polémique suscitée par la présence de Compaoré, condamné par contumace par la justice burkinabè, a braqué les Burkinabè les uns contre les autres, reléguant au second plan les questions de sécurité et de réconciliation. Les autorités ont pourtant souligné que « l’initiative de la rencontre avec leurs Excellences les anciens chefs d’Etat poursuit un et unique objectif qui est la recherche de la cohésion sociale, au regard de la situation difficile que traverse notre chère patrie le Burkina Faso». Les réactions virulentes ou passionnelles risquent ainsi d’ouvrir un front intérieur dont nous n’avons guère besoin. Quelle que soit la justesse des arguments des uns et des autres, n’oublions pas que les terroristes n’en ont cure. Restons donc focalisés et mobilisés pour sortir le pays de l’ornière. Restons également conscients que la réconciliation est une grande nécessité ; une priorité pour l’avenir du Burkina Faso et la cohésion de la Nation. Depuis deux décennies, plusieurs initiatives ont vu le jour pour rapprocher les frères devenus des ennemis et réconcilier le pays avec son passé. Au bout du compte, les fortunes sont encore insuffisantes et diversement appréciées.

Une chose reste cependant sûre : les acteurs de tous les bords politiques et de toutes les confessions religieuses sont unanimes que le pays a besoin de réconcilier ses filles et fils, tôt ou tard. Ce sont peut-être les voies à mettre ensemble qui diffèrent, mais qui pour la survie de la Nation ne doivent vraiment pas être un os. Quand la maison brûle, seule compte la solidarité de ses habitants. Il faut contribuer à éteindre le feu avec toutes les compétences pour éviter de vivre « sous la férule humiliante venue des gens (les terroristes) sans foi, sans loi, sans humanisme ». Il ne reste alors qu’une chose à faire, persévérer dans la recherche de solutions à nos problèmes, plus que jamais conscients qu’il n’y aura pas de messie venant de Jupiter. Continuons malgré nos divergences de fonds et de formes, d’approches conceptuelles ou opérationnelles. Pour le pays, continuons. Pour nos enfants, continuons. « Là où s’abat le découragement s’élève la victoire des persévérants », disait feu le président Thomas Sankara. Pour ceux qui estiment que le verre est à moitié vide, que chacun le complète avec sa goutte d’eau. Il y a quelques années, une photo du président ghanéen et ses prédécesseurs a fait la ronde de la toile et suscité beaucoup d’admiration des Burkinabè. Beaucoup se sont demandé du coup, pourquoi un tel cliché fort en symbole ne puisse pas se produire un jour au pays des Hommes intègres. Espérons qu’un jour…oui bientôt.

Assetou BADOH

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