L’Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a un nouveau directeur général. En effet, son conseil exécutif a choisi, lundi dernier, l’Egyptien, Khaled El-Enany, pour succéder à Audrey Azoulay. Agé de 54 ans, Khaled El-Enany devient ainsi la première personnalité du monde arabe mais aussi le deuxième Africain à diriger l’institution. Cela, après le Sénégalais Amadou-Mahtar Mbow qui a également marqué l’histoire de l’orga-nisation. Avec comme slogan, « L’UNESCO pour les peuples » celui qui prend les rênes de l’orga-nisation mondiale, en quête de renouveau, a su convaincre, ces derniers mois de campagne politique plus d’un.
Rappelons que cet ancien ministre des Antiquités et du Tourisme de l’Egypte, égyptologue de formation, a très largement devancé, lors de l’élection, le candidat congolais, Firmin Edouard Matoko, rassemblant 55 voix sur 57. Ce qui se dégage de cette actualité est qu’elle est perçue, de l’avis de certains observateurs, comme une victoire symbolique pour l’Afrique.
Cela d’autant plus qu’être à la tête de cette institution internationale a, estime-t-on, l’avantage certain de renforcer la présence du continent au sein des grandes institutions, dans ce contexte de géopolitique mondial en constante évolution. Le nouveau directeur général, au vu du calendrier établi, prendra officiellement ses fonctions le 14 novembre 2025 prochain, après sa désignation formelle par la Conférence générale de l’UNESCO, prévue le 9 novembre à Samarcande, en Ouzbékistan. Pour ce que l’on sait, Khaled El-Enany, à la tête de cette institution au cœur des enjeux culturels et éducatifs mondiaux aura des défis énormes à relever.
Face à une institution accusée permanemment, à tort ou à raison, d’être politisée, espérons que l’ex-pensionnaire de l’université Paul-Valéry Montpellier, en France, saura mettre à profit son background pour recentrer l’orga-nisation sur ses missions fondamentales, au bénéfice de tous. C’est d’ailleurs conscient de cela qu’il dit « privilégier les délibérations techniques plutôt que la politisation de l’organisation, construire le consensus afin de préserver l’UNESCO comme un espace de rapprochement et de solutions, dans un monde en pleine tourmente ». Il a ensuite promis une feuille de route visant à moderniser l’organisation et la projeter vers l’avenir afin de permettre à l’UNESCO, d’agir vite et d’agir juste.
Mais, ce n’est pas tout. Le nouveau dirigeant de l’UNESCO devra travailler à diversifier les ressources pour pallier les retraits de certains pays et hisser l’organisation au rang de force de proposition, capable d’agir rapidement pour lui redonner son prestige d’antan et la positionner au firmament comme un acteur incontournable dans un monde en crise. On se rappelle le retrait fracassant des Etats-Unis pour diverses raisons, privant
l’organisation de 8% de son budget.
C’est dire que Khaled El-Enany devra s’investir à restaurer la crédibilité de l’UNESCO, attirer des financements alternatifs et mener des réformes audacieuses s’il veut renforcer son efficacité dans ses missions d’éducation, de sciences, de culture et d’information. Au total, son profil académique et sa sensibilité au patrimoine culturel ainsi que l’accompagnement de l’ensemble des acteurs pourront l’aider à faire face aux attentes politiques, diplomatiques des Etats membres, de plus en plus exigeants. Les quatre prochaines années de sa gouvernance nous édifieront.
Soumaïla BONKOUNGOU