La 80e session de l’Assemblée générale (AG) de l’Organisation des Nations unies (ONU) a ravivé le débat sur la nécessité de réformer l’institution pour l’adapter aux réalités géopolitiques et aux défis du moment. Si cette institution, fondée après la Seconde Guerre mondiale en vue du maintien de la paix et la sécurité internationale, compte huit décennies d’existence cette année, l’heure n’est pas véritablement à la célébration de cet anniversaire.
Plutôt que de fêter les acquis du multilatéralisme, le débat général de la 80e session de l’AG de l’ONU, tenue, du 23 au 29 septembre 2025, a plutôt donné à voir
des récriminations contre l’organisation, invitée à mener des réformes structurelles pour assurer plus de représentativité et d’opérationnalité. Plusieurs dirigeants occidentaux, asiatiques et africains ont fait le procès de l’ONU, pointant du doigt son inaction et son inefficacité à éteindre les foyers de tension.
Ils ne font pas fausse route. Alors que la guerre dans l’Est de la RDC, la crise israélo-palestinienne, le combat des généraux au Soudan, pour ne citer que ces conflits, perdurent, l’ONU peine à trouver des solutions pour ramener la paix.
Entre autres, les présidents des Etats-Unis, Donald Trump, du Portugal, Marcelo Rebelo de Sousa, du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokayev, de l’Afrique du Sud, Cyril Matamela Ramaphosa et les représentants de leurs homologues du Niger et du Burkina Faso, respectivement les premiers ministres, Ali Lamine Zeine et Jean-Emmanuel Ouédraogo n’ont pas fait dans la langue de bois, au sujet de la gouvernance et de l’action de l’ONU dans le monde.
Le chef du gouvernement burkinabè a particulièrement regretté, que le tableau global de l’organisation, en dépit des acquis, reste négativement marqué par « huit décennies d’optimisme durement éprouvé, huit décennies d’espoirs déçus, huit décennies de rêves brisés, bref… huit décennies de rendez-vous cruciaux manqués ». Dans l’ensemble, les dirigeants appellent de leurs vœux à des innovations dans la gestion de l’ONU, pour sortir du schéma post-guerre de 1945 où les vainqueurs imposent leur volonté aux vaincus, où les plus forts continuent de dicter leur loi aux plus faibles.
Les réformes évoquées se résument, parmi tant d’autres, au renforcement de la gouvernance des technologies émergentes, à l’amélioration de l’efficacité des
opérations de maintien de la paix et au financement durable des activités onusiennes et surtout à la réforme du Conseil de sécurité. Si la réforme du Conseil de sécurité fait débat depuis plusieurs années, elle a fait l’objet d’un tir groupé à la Tribune des Nations unies, à cette 80e AG.
Une tendance se dégage, l’idée que les grandes puissances d’Asie, d’Amérique latine et l’Afrique doivent être mieux représentées au Conseil de sécurité de l’ONU, pour refléter la diversité du monde et corriger un déséquilibre entretenu depuis des années dans les instances décisionnelles de l’institution. L’Afrique revendique des sièges permanents avec droit de veto, au lieu de sièges permanents sans droit de veto, comme le propose le pays de l’Oncle Sam.
Elle n’entend plus se contenter de sièges de membres non permanents au Conseil de sécurité de l’ONU, où les 5 sièges de membres permanents avec droit de veto sont inamovibles. Le continent africain, qui abrite de nombreux conflits et a franchi la barre du milliard d’habitants, est marginalisé au sein de l’ONU.
La voix de l’Afrique compte très peu et il va falloir qu’on sorte de ce carcan. Réformer le conseil de sécurité de l’ONU, pour le rendre plus pluraliste est une nécessité stratégique, dans la mesure où cette instance doit refléter la réalité géopolitique du 21e siècle. Les temps ont changé, comme on le dit. Tout doit être mis en œuvre, pour que l’ONU ne subisse pas le même sort que la Société des nations (SDN), qui a échoué, à cause de son incapacité à maintenir la paix mondiale et à résoudre ses contradictions internes…
Kader Patrick KARANTAO