Lutte contre l’insécurité : La société civile s’engage à travers une plateforme

La Plateforme des Organisations de la société civile (OSC) sur la réforme et la gouvernance du secteur de la sécurité au Burkina Faso a été lancée, le jeudi 31 janvier 2019 à Ouagadougou. Elle a pour objectif de mettre des OSC à contribution dans la lutte contre l’insécurité grandissante.

Des Organisations de la société civile (OSC) du Burkina Faso s’engagent à apporter leur contribution à la lutte contre le terrorisme et le grand banditisme, à travers une plateforme sur les reformes et la gouvernance du secteur de la sécurité. Le lancement du projet a eu lieu, le jeudi 31 janvier 2019 à Ouagadougou, en présence de leaders des mouvements associatifs intervenant dans le domaine et des représentants des Forces de défense et de sécurité (FDS).

Selon le coordonnateur de la plateforme, Me Ali Traoré du Centre d’information et de formation en matière de droits humains en Afrique (CIFDHA), elle se veut une contribution des OSC tant dans la conception, l’exécution que dans le contrôle des politiques et actions sécuritaires qui seront développées au Burkina Faso. Pour ce faire, un accent particulier sera mis sur la formation des ressources humaines. « Il s’agira prioritairement pour nous de renforcer nos compétences parce qu’on ne peut pas parler que de ce que l’on connait.

Parmi les OSC, il y en a qui disposent d’expertises avérées et nous voulons à travers ce cadre, mutualiser les efforts, partager les expériences et capitaliser les acquis », a-t-il précisé. A en croire, Me Traoré, lui et ses camarades vont bientôt se déployer sur le terrain, afin de sensibiliser les populations pour une meilleure collaboration avec les FDS. « Dans le contexte de montée du terrorisme, il est de plus en plus question de collaboration avec les FDS et nous pensons qu’en tant que structures proches des populations, nous pouvons contribuer à faire passer ce message des autorités gouvernementales », a laissé entendre l’avocat.

Mais cela, a-t-il ajouté, passe nécessairement par une amélioration des relations entre civiles et militaires, tâche à laquelle la plateforme a promis de s’atteler. A l’occasion de cette cérémonie de lancement, le public a eu droit à des communications dont l’une portant le thème : « Genre et sécurité » et l’autre sur « Les relations civilo-militaires et initiatives publiques de lutte contre l’insécurité ». Le premier thème a été développé par la spécialiste des questions genre, Dr Justine Kiélem.

Dans sa communication, elle a indiqué que la période où les questions sécuritaires étaient exclusivement réservées aux « hommes de tenue » est révolue, parce que, de son avis, ce qui se passe sur le terrain dépasse les seules limites des militaires. Pour Dr Kielem, il faut des stratégies endogènes appliquées au niveau des villages où des comités villageois doivent être préalablement mis en place, en vue de surveiller l’entrée de personnes étrangères dans les contrées.

Changement de comportement

Dans un tel dispositif, a-t-elle indiqué, les femmes peuvent constituer un maillon important car présentes dans toutes les sphères de la communauté. Dans leurs occupations quotidiennes (aller puiser l’eau, chercher du bois de chauffe), elles peuvent apercevoir facilement des individus suspects et signaler leur présence au comité local qui à son tour fera remonter l’information à la police ou à la gendarmerie, foi de la conférencière.

« Les femmes souffrent affreusement du terrorisme puisqu’après le décès de leur époux, nombre d’elles se retrouvent dans la précarité avec des enfants sous les bras à nourrir et à éduquer. Si bien qu’elles n’hésiteraient pas à dénoncer toute personne dont le comportement les expose à de tels risques », a soutenu Justine Kielem.

C’est au Dr Abdoul Karim Saïdou qu’est revenu la charge d’animer le thème sur les relations civilo-militaires. Pour l’enseignant chercheur en sciences politiques à l’Université Ouaga 2, la corruption, les rackets et autres injustices subies par les populations de la part des FDS ont contribué à dégrader les relations entre civils et les « hommes de tenue » en général.

De ce fait, il est difficile pour les multiples appels à la collaboration avec les FDS de rencontrer une oreille attentive au sein des populations. « Lors d’une étude menée par le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD), des populations ont clairement affirmé qu’elles étaient contentes lorsque les FDS étaient attaquées. Comment voulez-vous que dans un tel climat on puisse obtenir la collaboration avec ces citoyens », a-t-il relevé pour illustré le niveau de dégradation des relations.

Pour inverser la tendance, le juriste a recommandé le changement de comportement chez certains FSD, qui constituent des brebis galeuses dans leurs corps. Parce que, dit-il, il ne peut avoir de collaboration avec les citoyens tant que leur regard sur leurs FSD n’a pas changé. Il a par ailleurs demandé à ces derniers de prendre en compte leur mission de contribution au développement socio-économique hormis la protection de l’intégrité territoriale.

Beyon Romain NEBIE
nbeyonromain@yahoo.fr

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