Depuis septembre, le collectif citoyen Gen Z 212, à l’image de celui de Madagascar, est monté au créneau au Maroc pour réclamer une amélioration de la gouvernance dans les secteurs de la santé et de l’éducation et une lutte infernale contre la corruption. Aussi ce mouvement plaide-t-il pour la réorientation des dépenses consacrées à des événements d’envergure, telle la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2025, vers les services publics.
Si les manifestations s’étaient intensifiés et multipliés, au point d’engendrer des violences et d’occasionner des morts, la tension est quelque peu retombée depuis le discours du Roi Mohammed VI, à l’ouverture de la session parlementaire du 10 octobre dernier. Comme s’il était en phase avec les revendications des membres de la Gen Z 212, Sa majesté a invité le gouvernement, entre autres, à améliorer les soins de santé et l’éduction, à créer des emplois pour les jeunes et à combattre les inégalités.
La volonté du Roi Mohammed VI a été faite, puisque le gouvernement a répondu à son appel, plus d’une semaine plus tard, avec des annonces fortes. L’exécutif marocain prévoit une augmentation de 13 milliards d’euros pour les dépenses consacrées à la santé et l’éducation, avec plusieurs actions envisagées, dont la création de plus de 27 000 postes dans les deux secteurs, la mise en service de nouveaux centres hospitaliers universitaires et la rénovation de 90 hôpitaux.
Ces annonces vont plus ou moins dans le sens des attentes des protestataires, dont la plupart ont refroidi leurs ardeurs, même s’ils redoutent le phénomène de la corruption. Les manifestations n’ont pas pour autant cesser. Quelques militants de la Gen Z 212 entendent toujours squatter la rue, pour demander la libération de leurs camarades détenus et jusqu’à quand encore ?
Au moins un millier de manifestants ont été arrêtés et plus de 200 d’entre eux ont été jugées et condamnés, dont 39 à des peines comprises entre 6 et 15 ans de prison, pour divers motifs (organisation de manifestations non autorisées, usage d’armes blanches, dégradation de biens…). Les manifestants encore présents dans les rues gagneraient à mettre de l’eau dans leur vin, car des dégâts matériels ont été enregistrés et il va falloir situer les responsabilités. S’il est évident que les revendications de la Gen Z, version marocaine, est légitime, les destructions de biens publics ne sauraient passer par perte et profits.
Les problèmes de gouvernance ne manquent pas, mais il faut savoir raison garder. On ne construit pas un pays dans le désordre et l’indiscipline, comme on le dit souvent. Les Marocains ont intérêt à œuvrer à préserver la paix dans leur patrie. L’heure est venue pour eux de taire leurs divergences et de se serrer les coudes, dans la perspective de la CAN 2025, que le Royaume chérifien va abriter du 21 décembre prochain au 18 janvier 2026, après l’édition de 1988. Ce rendez-vous fera place à la Coupe du monde de football 2030, co-organisé par le Maroc, l’Espagne et le Portugal. Le Maroc a rendez-vous une fois de plus avec l’histoire et devrait travailler à présenter une bonne image.
Kader Patrick KARANTAO























