Mercure : Lybie : attention à la boite de pandore !

Après un passé récent sombre, marqué par la chute du pouvoir du guide de la Révolution, Mouammar Kadhafi, en octobre 2011, la Libye renoue avec les vieux démons. Le pays est retombé dans une guerre fratricide depuis le début du mois d’avril. La troupe du maréchal Khalifa Haftar et les hommes de main du Premier ministre, Fayez al-Sarraj se livrent à des affrontements sanglants.

S’il est vrai que ce dernier avait l’onction de la communauté internationale, il n’est plus sûr de ce soutien avec la tournure des évènements ces jours-ci. Tout porte à croire que la communauté internationale est en train de lui tourner le dos, au grand bonheur de son ennemi juré, Haftar.

Fort de l’appui de l’Arabie saoudite, des Emirats, de l’Egypte, de la France et de la Russie, le maréchal, au lieu de privilégier la négociation avec Tripoli pour une sortie de crise, a décidé de prendre d’assaut la capitale. Même si Paris réfute les accusations d’être aux côtés de Haftar, le ministre de l’Intérieur du Gouvernement d’union nationale libyen (GNA), Fathi Bach Agha, a indexé le gouvernement français.

Dans un communiqué, il a également ordonné la « suspension de tout lien entre son ministère et la partie française dans le cadre des accords sécuritaires bilatéraux ». Alors que Londres a soumis, lundi, au Conseil de sécurité de l’ONU, un projet de résolution pour un cessez-le-feu, le président américain, Donald Trump, semble avoir pris fait et cause pour l’homme fort de l’Est libyen.

Dans les négociations, les Etats-Unis et la Russie s’étaient retrouvés sur une même ligne pour réclamer du temps pour une résolution. Pendant ce temps, sur le terrain, l’émissaire de l’ONU, Ghassan Salamé, multiplie les mises en garde alarmistes sur un «embrasement généralisé» et réclame une réaction urgente sans succès. Pourquoi la communauté internationale a le regard tourné vers le maréchal Haftar ? Même s’il a joué un rôle significatif dans la lutte contre le terrorisme, cet argument n’est pas aussi suffisant pour qu’il soit chouchouté de la sorte.

Dans les couloirs de la Maison Blanche, le maréchal est perçu comme l’homme de la situation, capable d’œuvrer pour la sécurisation des ressources naturelles, en particulier le pétrole libyen. La question qu’il convient de se poser est à qui profite cette protection des ressources ? Les Libyens ont encore à l’esprit la rapidité avec laquelle les multinationales ont pompé les richesses de leur pays juste après la mort de Kadhafi. Ils craignent une seconde opération de pillage organisé de leur sous-sol. Ce qu’il faut aussi regretter, c’est la dégradation de la situation sécuritaire dans la zone sahélienne.

La crise libyenne de 2011 a favorisé l’éclosion de foyers terroristes, des trafiquants d’armes et autres produits illicites dans la zone sahélo-sahélienne. Sans oublier les conséquences fâcheuses de l’immigration sur les populations des pays voisins. Une sortie de crise bien négociée serait donc bénéfique, non seulement pour la Libye, mais aussi pour la sous-région, car lorsque ce pays s’embrase, ce sont ses voisins qui paient un lourd tribut.

Abdoulaye BALBONE

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