Pâques : une célébration dans un contexte sécuritaire difficile

Les fidèles chrétiens, catholiques et protestants, de la région du Sahel, s’apprêtent à célébrer la résurrection de Jésus-Christ communément appelée Pâques, dans un contexte d’insécurité. Malgré l’enlèvement du curé de la paroisse de Djibo dans le Soum, l’abbé Joël Yougbaré et l’assassinat d’un pasteur ainsi que la fermeture de sept églises dans l’Oudalan, la communauté chrétienne n’entend pas renoncer à cet évènement.

A en croire le curé de la paroisse cathédrale de Dori, l’abbé Arcadius Sawadogo, par ailleurs vicaire général du diocèse de Dori, la Pâques est la plus grande fête des catholiques. Il estime qu’elle représente la victoire du Christ sur la mort et le péché. «Il est mort pour libérer tous les chrétiens ainsi que toute l’humanité sous l’emprise du péché et de la mort» a-t-il déclaré. Pour sa part, le responsable de la Fédération des églises et missions évangéliques (FEME) de la province du Séno, le pasteur Moumouni Kanazoé, a ajouté que le Christ est ressuscité le troisième jour.

A propos du comportement des fidèles catholiques avant la Pâques, l’abbé Arcadius Sawadogo indique que ceux-ci sont invités à vivre le jeûne pendant quarante jours. En plus, précise-t-il, il y a la prière durant ces quarante jours où ils doivent soigner leurs relations avec Dieu, la source de l’amour, de la miséricorde et de bonté. «En priant, on se rapproche de Dieu et en se rapprochant de lui, on ne peut qu’être bon, bienveillant et doux, avec ses semblables», préconise l’abbé Sawadogo. Il a également fait cas du partage, donc de l’aumône qui doit être observée par les fidèles catholiques. « En jeûnant, nous ne faisons pas d’économie. C’est pour partager avec les pauvres parce qu’ils sont la chair de Jésus-Christ. Nous sommes appelés à visiter les malades, à être attentifs aux besoins des autres », rappelle-t-il.

Selon lui, le jour de la Pâques symbolise la fête de la résurrection. Le Christ qui a souffert et est mort sur la croix et est ressuscité. Cela est une joie que le chrétien doit célébrer. Après la Pâques, le curé de la paroisse cathédrale de Dori demande aux fidèles catholiques de vivre l’évangile qui est la parole de Dieu. Ordinairement, informe-t-il, nous essayons de vivre ce qu’il nous a enseigné notamment vivre dans la bonté, la miséricorde et dans le pardon. «La Pâques, nouvelle naissance, donc l’entrée dans la vie de Dieu, sera marquée par la célébration de la messe. Et ceux qui veulent entrer dans la vie de l’Eglise renaîtront de nouveau à travers le baptême », nous apprend l’abbé.

Sept églises fermées

La région du Sahel, jadis paisible, subit depuis 2015, des attaques terroristes.
En effet, la population sahélienne, en particulier les fidèles chrétiens catholiques et évangéliques vivent difficilement cette situation. C’est dans cette optique que le pasteur Kanazoé indique que sept de leurs églises sont fermées dans la province de l’Oudalan. «Malheureusement, notre église à Gandafabour, à 15 km de Déou, a été incendiée et à Tasmakat dans la commune de Gorom-Gorom l’un de nos pasteurs a été abattu», déplore le pasteur.

Quant à l’abbé Sawadogo, il a fait savoir que l’Eglise catholique a constaté la disparition du curé de la paroisse de Djibo, l’abbé Joël Yougbaré dans la province du Soum. Selon l’abbé Sawadogo, il est allé à moto pour dire une messe et n’est plus rentré. «Et jusqu’à présent, regrette-t-il, nous n’avons aucune nouvelle. Nous ne savons pas ce qui s’est passé. Est-ce qu’il a été enlevé ou pas ? Et pour quelles raisons ?», nous confie l’abbé Sawadogo.
Avec la fermeture des églises évangéliques, fait savoir le pasteur Kanazoé, ses collègues et leurs familles se sont déplacés vers Gorom-Gorom, le chef-lieu de la province de l’Oudalan. Par contre, certains ont trouvé refuge à Dori et à Tougouri sur l’axe Dori-Kaya. «Au regard de la situation, nous prions pour que Dieu sauve le Burkina Faso. Nous disons à nos fidèles de faire attention en limitant leurs déplacements », conseille-t-il. Aux dires du curé Sawadogo, l’évêque du diocèse de Dori, Mgr Laurent Dabiré, a pris des mesures pour que la Pâques soit célébrée dans chaque paroisse du Sahel.

«Il a donné des instructions pour que chaque paroisse, tenant compte de sa situation spécifique, puisse programmer les messes, de sorte que ça ne soit pas tard dans la nuit. Cela en vue de respecter les mesures prises par l’autorité. Des mesures de prudence ont été prises également pour la sécurité des fidèles et des agents pastoraux», explique le vicaire général de Dori.

Au regard de la dégradation du contexte sécuritaire, les Eglises catholiques et évangéliques disent prier pour la paix et la quiétude au Sahel et partant, au Burkina Faso. Par ailleurs, elles prient pour que les FDS prennent le dessus sur les forces du mal et que tous ceux qui ont été enlevés soient retrouvés sains et saufs.

Souaibou NOMBRE
Snombre29@yahoo.fr

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