Alors que son mandat à la tête de la force française Barkhane, engagée dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, arrive à son terme en fin juillet, le général, Pascal Facon, a fait le bilan des activités militaires. Il ressort de ce point, selon des sources de RFI, que la multiplication des offensives de Barkhane et de ses partenaires du G5 a porté un coup dur, ces derniers mois, aux groupes armés terroristes. Toutefois, a remarqué le général Facon, les terroristes ont désormais recours aux enfants soldats pour suppléer les pertes dans leurs rangs. « Ce que j’ai pu observer au cours de ce mandat, c’est que l’ennemi s’est durci. Il n’hésite plus à recourir à des enfants soldats. Ces derniers sont endoctrinés et entraînés au maniement des armes. Il s’agit d’une préoccupation très importante pour la France et cette exploitation abjecte nous met en difficulté dans le cadre de nos opérations », a-t-il indiqué en substance. Pourquoi les groupes terroristes ont-ils subitement recours aux enfants soldats dans leurs rangs ? Est-ce une perte de vitesse ou une stratégie ? A la lecture du bilan du chef de Barkhane, il ressort que la coordination entre les acteurs au front contre les terroristes et « une lutte efficace contre l’influence terroriste auprès des populations » ont permis de saper les capacités matérielles et humaines des terroristes. En plus, l’augmentation des effectifs de Barkhane de 500 pour les porter à 5100 membres, conjuguée à l’intervention dans la zone des trois frontières, a permis, selon le document de RFI, de neutraliser des centaines de terroristes. L’on peut dire que l’offensive menée contre les forces du mal depuis le début de l’année 2020 a quelque peu réduit leurs capacités de nuisance. Se retrouvant ainsi avec des rangs devenus squelettiques, car ne pouvant plus embrigader des combattants d’un certain âge, les terroristes semblent se rabattre sur une cible malléable, les enfants. Facilement manipulables, les recruteurs terroristes arrivent à embarquer les tout-petits dans leurs projets funestes. C’est dire que la volonté plus affirmée de lutter contre l’hydre terroriste au Sahel peut à coup sûr porter les fruits escomptés. Il est donc impératif de consolider ces acquis, en renforçant les capacités opérationnelles des forces antiterroristes et leur coordination sur le terrain. Maintenir le cap de l’offensive jusqu’au dernier retranchement, telle pourrait être l’alternative payante contre les groupes terroristes qui compromettent toutes les initiatives de paix, de stabilité et de développement socioéconomique dans l’espace du G5 Sahel. A cela, il faudra faire en sorte pour avoir les populations comme alliées dans cette lutte contre la nébuleuse terroriste.
Néanmoins, il faut se garder de penser que les forces du mal ont été suffisamment affaiblies. Le recours aux enfants-soldats peut aussi cacher une stratégie déployée par des gens qui mènent une guerre asymétrique. Il faut se pencher réellement sur cette «conquête » des enfants, au risque de faire face à une autre forme de terrorisme. L’exemple de Boko Haram au Nigéria illustre parfaitement cette évolution. Affaibli militairement, le groupe terroriste s’est retourné vers les enfants-soldats comme « une nouvelle arme » pour perpétrer des attentats-suicides. Des centaines d’enfants ont été kidnappés à ce titre pour accomplir de basses besognes. Il est temps de prendre au sérieux cette question de recrutement d’enfants par les terroristes pour parer au pire. En désespoir de cause et mus par une volonté farouche de semer le chaos à tout prix, ils se donnent tous les moyens, pour parvenir à semer la terreur. En tout cas, le général Facon aura eu la lucidité de prévenir.
Karim BADOLO