Le procès du dossier « Charbon fin » s’est poursuivi, le vendredi 6 octobre 2023, au Tribunal de grande instance Ouaga I, avec la présentation des cargaisons de « corps solides » au Tribunal.
Au deuxième jour de la reprise du procès de l’affaire « Charbon fin », le vendredi 6 octobre 2023, au Tribunal de grande instance Ouaga I (TGI Ouaga I), deux cargaisons de « corps solides » ayant fait l’objet de débats antérieurs entre la défense, le parquet et la partie civile, ont été présentées à la barre. Cela a été fait en présence des 12 prévenus accusés des faits de fraude en matière de commercialisation d’or et d’autres substances précieuses, d’exportation illégale de déchets dangereux, de blanchiment de capitaux, de faux en écriture privée de commerce, d’usage de faux en écriture privée de commerce.
Selon le Tribunal, ces cantines ont été convoyées à l’audience solennelle, sous la supervision des représentants de Iamgold Essakane SA, de la partie civile et des Gardes de sécurité pénitentiaire (GSP). Séance tenante, les deux experts d’analyse minière, Moussa Gomina et Joël Ilboudo, ont été invités à se présenter devant le Tribunal. « Reconnaissez-vous ces deux conteneurs ? Qu’est-ce qu’ils sont censés contenir ? », a lancé le Tribunal aux experts. Les cargaisons contiennent les corps solides détectés par les experts, lors de l’échantillonnage du « Charbon fin », ont laissé entendre Moussa Gomina et Joël Ilboudo. Ils ont ajouté que les scellés des deux cargaisons sont de deux types (Bolloré et BUMIGEB) dévoilés à la demande du procureur.
Pour le directeur général du Bureau des mines et de la géologie du Burkina (BUMIGEB), Samuel Gjiguemdé, les scellés de sa structure, classiques, ont été réalisés par la direction régionale du BUMIGEB de Bobo-Dioulasso, constitués de part et d’autre de lettres. Dans le sens des précisions sur les scellés voulues par le Tribunal, il a été observé que ceux de la société Bolloré sont constitués de lettres et de chiffres. Les interrogatoires du Tribunal se sont poursuivis avec les experts. En effet, il a été demandé à ces derniers si dans le traitement de ce que l’on appelle « charbon fin », l’on est censé retrouver des éléments susceptibles d’être contenus dans les cargaisons.
A cette interrogation, les experts ont répondu par la négative. « Le charbon fin est un charbon résiduel issu du traitement fait par une mine en suivant un processus normal. Nous avons fait la description géologique et analysé la teneur des éléments. Le charbon fin au sens strict du terme n’a pas été retrouvé dans la cargaison », ont indiqué les experts. «
La teneur en or n’est pas connue »
Il est ressorti de leurs dires que le processus suivi par Essakane n’est pas allé jusqu’à terme d’où la présence de « corps solides ». La défense a voulu, à ce propos, savoir si le processus de traitement du charbon fin est universel ou chaque mine est libre en la matière. A cette préoccupation, l’expert Joël Ilboudo a soutenu que le processus est universel. Et les avocats de la défense de lui demander de fournir des documents qui justifient scientifiquement ses arguments.
La défense s’est également interrogée sur la manière et le temps mis pour analyser les « corps solides ». Pour les experts, concernant l’analyse de ces « corps solides », il faudra trouver une société minière qui va offrir sa raffinerie et son laboratoire. Si cela est effectif, au bout d’une semaine, ont-ils assuré, l’analyse peut se faire pour compléter les résultats antérieurs. Le procureur ne l’entend pas de cette oreille. En ce qui le concerne, il y a lieu de conserver les « corps solides » qui constitueraient la preuve matérielle de la fraude.
L’Etat burkinabè, représenté par l’agent judiciaire de l’Etat, a embouché la même trompette. Il faut, a-t-il dit, laisser en l’état les « corps solides » car leur analyse les dénaturerait. Le Tribunal dans ses interrogations a voulu savoir si, dans les cargaisons, l’on peut dire avec exactitude que l’on peut retrouver de l’or. « La teneur en or, dans les cargaisons, n’est pas connue mais, c’est sûr qu’il y a de l’or », a fait savoir l’expert Moussa Gomina. Pour l’avocat de la défense, Me Moumouni Kopioh, il n’est pas étonnant pour quelqu’un de savoir qu’il y a de l’or dans du charbon fin .
Mais, la question essentielle, selon la défense, est d’arriver à faire une comparaison entre les quantités données par Essakane et celles qu’on retrouvera à la fin de l’analyse des « corps solides », c’est-à-dire de l’expertise, pour en tirer les conséquences. « Il faut qu’on analyse les corps solides », ont insisté les avocats de la défense. Après une suspension de l’audience par le Tribunal, il était question de dévoiler le contenu des cargaisons, sous l’œil vigilant de l’huissier. Toutefois, faute de clés, le Tribunal a ordonné que cela soit fait aujourd’hui lundi 9 octobre 2023.
Boukary BONKOUNGOU