Le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération en collaboration avec la commission de l’Union africaine (UA) organise, les 26 et 27 novembre 2018 à Ouagadougou, une réunion ministérielle de relance du Processus de Nouakchott pour la promotion de la paix et de la sécurité dans la région sahélo-saharienne.
La réponse aux défis de la paix et de la sécurité dans l’espace sahélo-saharien nécessite une approche régionale concertée. C’est fort de cette conviction, que la commission de l’Union africaine (UA) a lancé, le 17 mars 2013 en Mauritanie, le Processus de Nouakchott pour la promotion de la paix et de la sécurité dans la région sahélo-saharienne. Pour réactiver ce processus, les acteurs des pays membres se réunissent à Ouagadougou, les 26 et 27 novembre 2018. Il s’agit pour eux d’examiner, à nouveau, la situation sécuritaire et politique de la région et d’identifier les vecteurs pertinents de revitalisation du Processus de Nouakchott, afin de stimuler la coopération et la coordination des Etats membres. Selon le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Alpha Barry, la bande sahélo-saharienne s’est muée insidieusement en une zone d’incubation de l’extrémisme religieux, du terrorisme et de trafic illicite de drogue et d’armes. Toute chose, à son avis, qui constitue une menace réelle de déstabilisation de l’ensemble de la région du Sahel. D’où la raison d’être pour lui, de l’initiative du Processus de Nouakchott qui traduit la volonté de venir au chevet d’une zone qui s’est retrouvée dans la tourmente du terrorisme.
C’est moins la multiplicité des acteurs sur le terrain, a soutenu le ministre Barry, que la synergie d’actions et la mutualisation des efforts qui concourront à garantir la paix et la stabilité de la zone. «Au regard de la complexité de la lutte contre le terrorisme et des difficultés économiques auxquelles nos pays sont confrontés, la synergie d’actions reste l’une des meilleures alternatives pour endiguer le phénomène», a-t-il ajouté. Il a donc formulé le vœu que cette rencontre puisse donner un coup d’accélérateur aux initiatives de paix et de sécurité dans la zone sahélo-saharienne.
Le commissaire de l’UA pour la paix et la sécurité, Smaïl Chergui, a souligné que cette rencontre qui est la 5e du genre se déroule dans un contexte de persistance de la menace terroriste conjuguée à d’autres maux, tels l’extrémisme violent, la criminalité organisée, et les affrontements communautaires. Cette réalité, a-t-il mentionné, est particulièrement préoccupante dans la bande sahélo-saharienne, car aucun Etat de cet espace n’est actuellement épargné. Depuis le lancement du processus, a-t-il fait savoir, des progrès réels dans le domaine de la coopération sécuritaire sont enregistrés.
La nécessité d’une approche collective
Cependant, a signalé M. Chergui, une implication collective et constante des Etats est nécessaire afin que les résultats soient durables. Il a relevé quelques pistes de réflexion de la rencontre. Ce sont, entre autres, instaurer une présidence tournante, renforcer l’implication et l’appropriation par les Etats membres, s’accorder sur un format unique du cadre des échanges pour assurer la continuité et la cohérence des futures réunions tant au niveau technique que politique et instituer une réunion annuelle de coordination entre différentes parties prenantes africaines et internationales, intervenant dans la bande. « Le renforcement de notre coopération via le partage d’informations, la synergie de nos actions respectives ainsi que la mise en commun de nos ressources sont les seules garanties du succès afin de répondre aux attentes légitimes de nos populations en matière sécurité et de paix », a affirmé M. Chergui. Il a fondé l’espoir que la rencontre de Ouagadougou puisse « accoucher » une feuille de route pratique et ambitieuse pour redonner corps au Processus de Nouakchott.
Le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies pour le Mali, Mahamat Saleh, a renchéri que l’espace sahélo-saharienne est devenu un arsenal d’armes à ciel ouvert se transformant peu à peu en un sanctuaire de terrorisme. La lutte contre ce phénomène, a-t-il suggéré, mérite d’abord que l’on ait de meilleurs renseignements. C’est en cela que M. Saleh trouve la pertinence du Processus du Nouakchott, qui a été fondé sur l’échange de renseignements. Cette initiative vise à faciliter le renforcement de la coopération en matière de sécurité entre les pays du Sahel et à contribuer à la mise en œuvre opérationnelle de l’Architecture africaine de paix et de sécurité (APSA) dans la région. Il est dirigé par l’UA à travers la Mission de l’UA pour le Mali et le Sahel (MISAHEL) et regroupe 11 pays, à savoir l’Algérie, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée, la Libye, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, le Sénégal et le Tchad.
Kowoma Marc DOH