Il est sans conteste aujourd’hui le président de club le plus heureux du Burkina Faso. Salitas FC, l’équipe qu’il a portée sur des fonts baptismaux il y a à peine six ans, s’apprête à disputer la phase de groupes de la Coupe de la Confédération. Le colonel Yacouba Ouédraogo dit Yac, l’invité de ce numéro de Sidwaya sport, revient sur les performances de son équipe et les projets de son centre.

 Qu’a ressenti le colonel Yac au coup de sifflet final du match entre Salitas et Al Nasr ?

Avant tout propos, je souhaite mes meilleurs vœux à l’ensemble des travailleurs des Editions Sidwaya en général et aux journalistes sportifs en particulier. Que cette année 2019 soit une bonne année pour nous : santé, longévité et succès dans tout ce que nous allons entreprendre.

Samedi passé (19 janvier), Salitas, après 90 mn de jeu, était admis dans les matches de poules de la Coupe de la Confédération. C’était un sentiment de joie qui m’animait et beaucoup de satisfaction à l’endroit de ces jeunes, car c’est d’abord pour eux  que nous avons travaillé. J’étais fier de leur performance.

Après la courte défaite au Caire, dans quel état avez-vous suivi le retour depuis les tribunes ?

Avant d’aller au Caire, nous avons visionné la vidéo de Al Nasr contre le Horoya de Guinée. Et j’ai même suivi leur match retour gagné 6 buts à 2 par les Guinéens. Mais j’ai eu peur de cette équipe de Al Nasr parce qu’elle a des joueurs très rapides. Nous avons aussi remarqué qu’ils attaquaient par de longues balles derrière le dos de la défense adverse. Ces vidéos nous ont beaucoup aidés et nous ont permis de mieux nous préparer. Mes défenseurs m’ont dit que le but encaissé à l’aller a été sous l’effet du vent.

Au retour à Ouagadougou, les enfants étaient sûrs de leur victoire. Ils m’ont dit ceci : « président, s’il s’agit de gagner pour intégrer la phase des poules, considérez que c’est fait ».

A partir de quel moment du match vous avez commencé à croire à la qualification de votre équipe ?

J’avoue que c’est au coup de sifflet final. A 3 buts à 0, j’étais un peu rassuré. Mais lorsque nous avons encaissé le but, j’étais perdu parce qu’un autre nous éliminait. J’étais pressé que l’arbitre siffle la fin du match. Les joueurs étaient perdus sur le terrain, ils avaient perdu le fil du jeu alors qu’ils maîtrisaient tout avant le but libyen. Ils ont replié en défense et n’arrivaient plus à conserver la balle.

Comment appréciez-vous l’engouement actuel autour de Salitas ?

C’est l’occasion pour moi de dire merci. Je dis merci aux journalistes sportifs car c’est grâce à eux, à la publicité qu’ils ont eu à faire, que le public est sorti nombreux lors des matches de Salitas. Ils ont abattu un travail remarquable. Ensuite, l’UNSE est sortie, l’Ecole nationale de la police, tous les supporters des autres clubs étaient là. Comme vous le savez, Salitas n’a pas de supporters. C’est comme si les autres clubs nous avaient prêté leurs supporters . Que ce soit l’EFO qui est un grand club du pays, l’ASFA-Yennenga qui est aussi un grand club, tous leurs supporters sont sortis. Je cite aussi les supporters du RCK, de l’USO et même des supporters sont venus de Bobo-Dioulasso. C’est ce douzième joueur qui a poussé Salitas à obtenir son ticket pour la phase de poules. Ce beau monde a démontré que c’est ensemble qu’on peut réussir. Car Salitas seul, sans ce soutien, n’allait pas pouvoir intégrer la phase de groupe de la Coupe de la Confédération.

Pour motiver les joueurs, vous avez dû leur faire des promesses et certaines ont filtré dans la presse et sur les réseaux sociaux. Combien le colonel Yac a promis à ses joueurs et au staff technique ?

Au sport, il faut galvaniser les joueurs. Ils savaient qu’en cas de qualification, ils seraient plus vus, car les matches sont diffusés dans toutes les télévisions africaines. Les joueurs aussi savaient que s’ils se qualifiaient, ils auront la possibilité de signer des contrats dans le continent ou en Europe. Mais il fallait aussi, en tant que dirigeant, les motiver. Nous sommes au Burkina Faso et rien n’est évident, surtout dans le milieu du foot. Même si je vous rassure qu’à Salitas, tous les salaires tombent à la fin du mois. Les primes promises tombent également. Cependant, ce respect des engagements n’est pas évident pour tous les clubs.

En plus au Burkina Faso, il n’est pas évident que les joueurs aient des primes par exemple de 500 000 F CFA. Même avec les Etalons locaux et les juniors, ce n’est pas évident qu’ils aient cette somme comme primes.

Comme nous savons qu’en intégrant les poules, on aurait au minimum 50 millions F CFA, il fallait des promesses pour les galvaniser. Car les 50 millions en réalité sont pour les joueurs parce que ce sont eux qui nous ont amenés jusqu’à ce niveau. C’est sur cette base que nous leur avons promis 1,5 million F CFA par joueur en cas de qualification. Aujourd’hui, je pense que nous n’avons pas eu tort. Même si on leur avait promis deux millions, les Burkinabè, je pense, allaient être satisfaits, parce que leur performance leur a donné du baume au cœur. S’ils continuent de travailler ainsi, ils auront plus prochainement. Le football est ainsi fait. Et comme je l’ai toujours dit, un sportif sur qui vous comptez, qui vous donne du plaisir et donne la fierté, ne doit pas faire pitié.

Lors de mon passage au ministère des Sports, j’avais une devise qui disait que le Burkina qui fait pitié est fini. Je me dois donc de montrer au sein de mon club que le temps des sportifs qui font pitié est révolu.

Les joueurs sont-ils déjà passés à la caisse ?

Pas encore ! Parce que la CAF ne nous a pas encore fait passer à la caisse. Nous attendons que la CAF nous paie pour qu’on tienne nos promesses vis-à-vis des joueurs.

Le tirage de la phase de groupes a logé Salitas dans la poule B en compagnie de 2 clubs tunisiens et d’un club nigérian. Quelle appréciation faites – vous de ce tirage ?

Je ne connais pas très bien ces clubs, mais lorsque j’ai regardé les pays d’où ils viennent, Tunisie et Nigeria, je vois que ce sont des nations qui ont un championnat un peu très relevé par rapport au nôtre. J’ai vu aussi leurs palmarès et je me rends compte qu’ils sont au moins dix fois champions de leur pays. Certains ont pris deux ou trois fois des coupes africaines. C’est dire que nous sommes tombés sur de grosses équipes. Mais dans une compétition, le palmarès ne doit pas effrayer.

Vos ambitions de début de la compétition étaient d’intégrer la phase de groupes de la Coupe de la Confédération et c’est chose faite. Comme l’appétit vient en mangeant, à quel niveau Salitas place la barre pour cette phase de poules?

Jusqu’au sacre final. Nous visons la coupe. Au cas où on nous arrêtera en cours de route, nous nous préparerons pour d’autres échéances. Nous continuons à placer la barre très haut. Nous allons essayer de faire plaisir au peuple burkinabè.

 

Le club est actuellement engagé en Coupe de la Confédération, en championnat et certainement en Coupe du Faso. Avez-vous les capacités et surtout l’effectif pour tenir sur ces trois fronts ?

Aujourd’hui, Salitas a un effectif de trente joueurs. Parmi ces joueurs, beaucoup n’ont pas été alignés dans la campagne africaine. Pas parce qu’ils ne sont pas bons. Juste pour faire tourner l’équipe. Je pense qu’eux tous pourront jouer avec le temps. Nous n’avons pas de crainte. Nous sommes capables de tenir sur les trois fronts. Nous avons l’effectif qu’il faut pour.

N’est-ce pas sage et surtout réaliste de revoir vos objectifs ?

Nous n’irons pas déjà en victime résignée. Si dans la tête déjà nous minimisons nos forces, il est clair que nous allons droit sur le mur. Nous avons avec nous les trente meilleurs joueurs du Burkina et ils peuvent relever ces défis.

L’on a remarqué qu’au match retour face à Al Nasr, sur le banc de touche, il n’y avait que des joueurs à vocation offensive. Dans quel domaine le club prévoit- il des renforts pour tenir le coup ?

Sur le nombre de joueurs à vocation offensive au match retour, je vous dirai qu’il s’agit d’un choix tactique. Nous avons été battus au match aller. Il nous fallait opter pour l’attaque à outrance afin de rattraper le retard et marquer ensuite le but qualificatif. Si on avait gagné chez eux par exemple par 3-0, ça allait être l’inverse parce qu’on allait miser un peu sur la défensive. Les entraîneurs sont les mieux placés pour vous répondre. C’est en tout cas l’explication qu’ils m’ont donné.

Le portier de Salitas, Daouda Diakité, de loin le plus expérimenté du groupe, semble être le maillon faible. Avez-vous la même impression que nous ?

A Salitas, nous avons trois grands gardiens. Il est vrai que Daouda Diakité a fait une faute de main. Ce qui n’était d’ailleurs pas la première. Mais nous avons deux autres gardiens de talent. Je veux parler de Adama Sawadogo. Il a même disputé la Coupe du Faso et est un international. Il y a aussi Ousmane Sanou. Il a fait le championnat D3, D2 et il continue avec nous en D1. Il est possible que ces deux gardiens que je viens de citer puissent avoir leur chance. Il faudrait aussi que Diakité se mette en cause. Le but qu’il a encaissé face à Al Nasr à Ouagadougou m’a vraiment assommé. Je vous le dis franchement. C’est comme un poignard que j’ai reçu dans le dos. L’un dans l’autre avec le staff technique, nous allons travailler à corriger toutes ces erreurs. Outre le poste de gardien de but que vous évoquiez, dans le secteur offensif aussi, nous avons encore besoin de grands attaquants. C’est vrai que Ilias Sawadogo est là, mais comme disait quelqu’un, il est plus buteur qu’ attaquant. Il l’a d’ailleurs prouvé depuis le début de la Coupe CAF. Ce qui veut dire que nous avons besoin d’autres joueurs comme lui. En défense, il n’y a rien à dire. Nous avons les meilleurs défenseurs du moment. Je dois aussi vous informer que nous avons renforcé ce bastion avec l’arrivée de Ismaël Bandé du RCK. Nous avons aussi eu le renfort du colosse Iliassou Sanou dans le secteur médian.

Votre équipe est entrée dans l’histoire du football burkinabè en intégrant la phase de groupes d’une campagne africaine. Quel plan avez-vous élaboré pour que ce grand succès ne soit pas un feu de paille ?

Cette qualification a surpris tout le monde et moi en premier. Lorsque le directeur technique et moi avions fait nos projections, c’est en 2020-2021 que nous avons envisagé  être champion du Burkina ou remporter la Coupe du Faso afin d’être africain. A notre grande surprise, cela est arrivé plutôt en 2018. Si vous avez remarqué, c’est en 2018 que nous avons fait partir le maximum de nos jeunes à l’extérieur. Alors qu’à la mi- saison, nous étions en tête du championnat. Et à la fin de la saison, nous avons terminé à la 9e place au classement. Malgré tout, nous avons remporté la Coupe du Faso. Ce qui veut dire qu’on ne s’attendait pas à cela. A partir de ce moment, nous voici maintenant mis devant le fait accompli. C’est ainsi que nous nous sommes dit qu’il fallait étoffer l’équipe afin de mettre la chance de notre côté dans la campagne africaine.

Qu’est- ce qui attire les joueurs à Salitas ?

Je vous rassure d’entrée que ce n’est pas l’aspect financier qui a attiré les joueurs vers Salitas. Nous n’avons pas de sponsor. Salitas est géré par son président et son directeur technique. Nous courrons partout à la recherche de l’argent. Nous sommes comme des mendiants.

Tout cela, pour pouvoir aider  les jeunes à avancer. Nous avons une politique qui fait que les meilleurs quittent le Burkina Faso et vont monnayer leur talent ailleurs. Le football est devenu une profession. Les jeunes ont vu que tous les enfants qui étaient avec nous en commençant par Boureima Bandé sont tous partis. Bandé n’a pas moins de 50 millions par mois. Les Abou Ouattara, Trova Bona, Dramane Salou ou encore Edmond Tapsoba, sont des jeunes qui avaient 40 000 F CFA par mois chez nous. Mais aujourd’hui ils ont des millions. Cela motive les jeunes à venir à Salitas parce qu’ils savent qu’ils peuvent partir. Nous n’avons pas pour objectif d’être 1er du championnat burkinabè. Quand on est champion du Faso foot, on a environ 12 millions FCFA. Si on réussit à vendre un joueur, on peut avoir 50 millions donc 4 fois champions. C’est vrai qu’il y a  d’autres clubs comme l’ASFA-Y et l’EFO qui veulent le titre pour les honneurs et la gloire. Nous, nous avons dépassé cela. Il faut être concret. Si un joueur vient chez nous, s’il fait  deux mois et qu’un club le veut, nous le laissons partir même si  nous gagnons 5 millions dans la transaction, ça nous arrange. Tout le monde gagne. C’est un partenariat gagnant- gagnant. En dehors de cela, si nous te promettons 40 000 FCFA, rassure-toi que tu les auras à chaque fin du mois. Ce n’est pas évident partout. Il y a des clubs qui promettent 300 000 FCFA mais à un moment, ils sont incapables d’honorer leur engagement. A Salitas, nous sommes toujours en construction. Nous sommes à 1/3 de notre projet. Et lorsqu’il sera achevé, le Burkina sera heureux. En réalité, c’est un centre omnisports que nous voulons ériger où il y aura des écoles de football, de basket-ball, de handball, de boxe, de volleyball et de natation. Nous avons débuté par le  football parce qu’à actuellement, il y a beaucoup d’engouement autour de cette discipline.

Comment est née l’idée de la création de Salitas ?

J’avais l’idée depuis fort longtemps. Je suis dans le sport depuis mon enfance. A l’école primaire à Nobéré, beaucoup s’étonnent de ne m’avoir pas vu  jouer en équipe nationale de football. Après l’école primaire, je suis allé à Bingerville à l’école militaire. L’internat, comme vous le savez, est le lieu où on touche à tous les ballons. Il y a des moments où tu joues au football. Après s’il n’ y a plus de ballon, tu te retrouves sur le terrain de handball et après au basket-ball. C’est ainsi que j’ai touché  à tous les sports. Quand je suis rentré de Bingerville,  j’ai joué dans deux équipes nationales, basketball et handball. Les deux équipes étaient en regroupement au même moment. Mais j’ai choisi le handball parce que l’équipe nationale devait aller jouer au Koweït et celle de basketball à Niamey. Rapidement, le choix était facile pour moi. Pour aller au Koweït, on devait passer par Paris. C’était l’occasion de connaître Paris. Alors que Niamey, j’avais encore l’occasion d’y aller  plusieurs fois parce que c’est à côté. Après, j’ai été nommé directeur central des sports des forces armées en étant sous-lieutenant. Or pour occuper ce poste, il fallait au moins avoir le grade de commandant. J’ai été nommé à ce poste parce que j’avais les bonnes dispositions. Le chef d’état-major d’ailleurs, le colonel Louis Joanny, m’a confié cette responsabilité. J’y suis resté deux ans. En 2000, je suis allé à l’OLAO (l’Office de liaison de l’Afrique de l’Ouest) qui regroupait 14 pays. J’y suis resté pendant 10 ans. C’est  de là-bas que j’ai été nommé ministre des Sports et des Loisirs. Durant tout ce temps, je me suis baladé dans beaucoup de pays. J’ai vu des centres, des écoles de sports. A chaque fois que le Burkina croisait ces pays, il était laminé  3 à 0 ou 5 à 0. Il fallait que je fasse quelque chose pour mon pays. C’est en étant au ministère des Sports que l’actuel directeur sportif de Salitas, Boureima Maïga, m’a conseillé de créer un  centre, vu que je suis un passionné.

Si vous vous rappelez, nous avons pris à un moment la gestion de Santos FC. Nous  avons terminé 2e du championnat national. C’est  quand j’ai  quitté ce club que l’idée m’est venue de créer le centre. Je suis allé voir la SONATUR qui m’a vendu le terrain de sport. Avant de commencer la construction, j’ai visité Sol béni d’ASEC d’Abidjan, Djambar au Sénégal, le centre sportif de l’ex- président de l’Angola, Eduardo Dos Santos. L’un dans l’autre, je me suis dit que malgré le manque de moyens, il fallait débuter le projet avec le strict minimum. Et ce minimum c’était un terrain synthétique et un terrain naturel. Par la suite, les bâtiments ont poussé  et la piscine est actuellement en finition.  J’ai pu réaliser ces infrastructures grâce au soutien d’amis. Je saisis d’ailleurs l’occasion pour les remercier. Et parmi eux, il y a un qui n’est plus de ce monde, Jincheng Moto, car décédé dans le crash d’avion Air Algérie. Lorsque ce dernier  a vu mon projet, il m’a dit qu’il prend en charge la construction du restaurant d’une valeur de 80 millions F CFA. Je peux vous rassurer qu’il ne m’a pas remis l’argent. Il me disait en son temps que s’il me remettait les sous, je n’allais même  pas arriver au chaînage. Ce sont  ses maçons qui ont réalisé tous les travaux.

Il y a aussi des gens comme JC, Billy paradis des meilleurs vins qui m’ont aussi soutenu. C’est l’occasion d’informer l’opinion publique comment le centre est devenu une réalité parce que certains pensent que c’est quand j’étais au ministère que j’ai pris de l’argent pour réaliser le projet. D’ailleurs, pendant la Transition, l’ASCE a investigué mais  n’a rien trouvé d’anormal dans ma gestion. J’ai fait les choses dans les règles de l’art. Si le ministère avait les moyens, j’allais faire un centre pareil pour le pays. Le soutien de mes amis bénéficie aujourd’hui à toute la jeunesse burkinabè.

Au départ un centre de formation, Salitas n’est-il pas en train de se détourner de sa vocation de base ?

Non ! C’est toujours un centre de formation. Salitas est aujourd’hui un centre d’études de la 6e à la terminale. Nous avons toutes les catégories : minimes, cadets, juniors et seniors. Nous avons des pupilles, des jeunes de 5-6 ans. Ce qui veut dire que nous sommes tout le temps dans la formation. Certains pensionnaires sont à l’externat et viennent s’entraîner. Maintenant, quand vous formez des jeunes, il faudra qu’à la fin, ils puissent s’exercer. Si vous les formez et qu’ils n’ont pas de compétitions, même s’ils partent à l’extérieur, ils vont échouer, c’est clair. J’ai eu à discuter avec le PDG  d’Anderlecht de Belgique, quand nous lui avons expliqué notre projet. Il a dit qu’il est prêt à signer rapidement un partenariat avec Salitas, parce que ses pensionnaires ont de la compétition. Par exemple, il y a des jeunes qui peuvent vous jongler la balle dix mille fois sans qu’elle ne tombe, de la tête aux pieds mais lorsque vous leur dites de jouer, c’est autre chose. Il est important de  s’assurer que les jeunes que vous formez peuvent effectivement jouer à la fin de la formation. Dieu merci, tous ceux que nous avons formés, et qui sont partis à l’extérieur, réussissent leurs essais. Nous sommes toujours dans la même dynamique de sports-études, car lorsque l’enfant ne réussit pas dans le football, il lui reste les études. Nous avons des pensionnaires qui ont réussi au BEPC et au Bac, à Salitas.

Que deviennent des joueurs comme Vital, Sylla et bien d’autres dont nous n’avons plus de nouvelles ?

Vous savez, je ne peux pas tout dire dans cet entretien. Nathanaël n’a pas 18 ans, il les aura en mai. Vous êtes des journalistes sportifs et vous savez ce qui se passe en Europe avec un joueur de moins de 18 ans. Il ne peut pas signer un contrat. Vital est dans la même situation, et est actuellement à Abidjan en train de chercher son visa pour l’Italie. C’est pour cette raison que  vous ne le voyez pas au terrain. Quant à Sylla, il est au Portugal. C’est vrai qu’il ne donne pas de ses nouvelles. A Salitas, nous privilégions d’abord les joueurs. Ils sont tous jeunes et lorsque leur situation sera claire, ils vont revenir et nous allons signer les contrats officiels. Mais en attendant, Sylla gagne sa vie au Portugal.

Combien vous a rapporté la vente de Hassane Bandé ?

La transaction de Hassane Bandé nous a rapporté pas moins de 500 000 euros, soit plus de 300 millions FCFA.

Nous fonctionnons beaucoup sur des crédits. Le centre est toujours en chantier. Le transfert nous a beaucoup aidés  pour des recrutements, dans des constructions de bâtiments. Nous ne sommes qu’à un tiers de notre projet et à la finition la somme investie dans le centre  va avoisiner les 5 milliards F CFA. Trois cents millions, c’est bon, mais ce n’est pas suffisant. Nous pouvons gagner toujours un peu plus, nous ferons plus dans d’autres transactions.

Combien de joueurs Salitas a-t-il vendu à l’extérieur ?

Environ une quinzaine.

D’autres joueurs partiront- ils après la Coupe de la Confédération ?

Je l’espère pour eux, et nous sommes prêts à les laisser partir. Car le club gagne, et nous pourrons faire des recrutements, aussi bien sur le plan national ou international. Si nous arrivons à faire partir 5 joueurs, le club peut espérer  au moins 100 millions. Cette somme nous permettra de recruter les meilleurs. Nous adoptons cette politique parce que nous n’avons pas de moyens. Mais côté infrastructures, nous avons les meilleures installations du pays. Certains clubs ont plus de moyens que Salitas, mais ce qui fait la différence ce sont les infrastructures.

Si vous laissez partir autant de joueurs, est-ce que l’année prochaine Salitas aura le même niveau en campagne africaine?

Actuellement, nous avons des juniors qui sont là, et  qui ont besoin de compétitions. Aussi, par rapport aux échéances futures, nous faisons des propositions à certains pour qu’ils patientent. Parce que le coût de transfert du joueur peut être multiplié et c’est à son avantage. On discute avec eux, on essaie de revaloriser leurs salaires afin qu’ils puissent rester avec nous pour un temps encore.

En observant le staff technique du club, l’on a l’impression que le jeune Ambass a plus d’influence que le coach titulaire. Est-ce bien le cas ?

Alors, pour le cas Ambass, il faut que l’on soit clair, et il faut que je vous le dise franchement. Nous avons des programmes d’entraînements qui viennent du FC Barcelone, du Bayern Munich, et c’est l’ancien sélectionneur des Etalons Paul Put qui nous les donne. C’est le jeune Ambass qui maîtrise la lecture de ces programmes-là. Si vous avez remarqué, depuis les minimes, jusqu’aux séniors, nous avons adopté le même style de jeu. Ambass n’a pas le diplôme A de coaching, donc nous l’avons mis avec un ancien qui lui donne des conseils. Le coach titulaire Ladji Coulibaly lui donne des conseils. Si demain Ladji Coulibaly est fatigué et que, Ambass n’a toujours pas son diplôme,  nous allons toujours prendre un ancien qui va le conseiller. Ambass a fait ses preuves, il est premier du championnat. L’année passée il était également 1er, jusqu’à ce que nous vendions des joueurs. Aussi, il a remporté la coupe du Faso. Ambass, regardez-le et laissez-le là où il est. (Rires)

Quelles que soient les critiques, nous sommes toujours avec Ambass jusqu’à ce qu’il gagne officiellement son diplôme d’entraîneurQuelles sont les extensions prévues dans les prochaines années ?

Nous avons un projet de création de six écoles de sport. Lorsque vous rentrez au centre, vous voyez que l’école de football est déjà prête, la piscine de l’école de natation est en finition. Vous voyez aussi qu’il y a tous les terrains omnisports. Et il y a déjà le matériel de boxe. Maintenant, il faut les locaux. Le grand bâtiment est actuellement de type R +1. Sinon, il est prévu un bâtiment de type R +4 où il y aura aussi des écoles qui vont permettre l’enseignement des enfants sur place. Nous avons également prévu un bâtiment de type R +3 à côté des terrains omnisports, d’abord pour les vestiaires au rez-de-chaussée. Le premier niveau sera la salle d’aérobic. Le deuxième niveau abritera la salle de musculation et le troisième niveau sera réservé aux bureaux de tous ceux qui seront dans le domaine des sports de main. A l’entrée du centre, à gauche, il est prévu un bâtiment de type R +3 pour les bureaux des entraîneurs, des salles de réunions, des salles vidéo et une salle pour les journalistes. Il y a la grande tribune de 2000 places pour le football. Si vous remarquez, la natation a sa tribune avec 450 places assises ainsi que les sports de main avec 450 places assises.

L’équipe du RCK, section basketball, est championne sur le plan national. Et il semble qu’il y a une possibilité que Salitas récupère cette équipe à cause des problèmes financiers que rencontre le RCK.

Nous avons été contactés par certaines personnes  sur cette question de l’équipe du RCK, section basketball. Ces personnes nous ont fait savoir qu’il n’est pas évident  que l’équipe survive l’année prochaine. Mais comme Salitas a pour ambition de créer une école de basketball, nous pouvons saisir cette opportunité. Nous sommes en réflexion, et  il est possible que nous puissions récupérer cette équipe du RCK. Cela va nous permettre de lancer l’école de basketball. Je crois qu’il ne faut pas laisser les bonnes équipes mourir surtout que cette équipe du RCK est championne. Il faut d’ailleurs signaler que nous avons débuté l’école de football, avec quelques joueurs de Planète Champion. Aujourd’hui, ça pourrait être le cas de l’équipe de basketball du RCK.

Le colonel Yac a-t-il des ambitions fédérales ?

Je n’ai eu des ambitions fédérales qu’en 2008 quand j’étais le président de l’OLAO. C’était au temps de Zembendé Théodore Sawadogo. Je n’ai pas gagné le poste  en 2008 mais j’ai été nommé ministre des Sports et des Loisirs en 2011. On ne peut pas être ministre et chercher encore à être président d’une fédération. Le titre de ministre était en quelque sorte un jackpot pour moi. Dieu ne m’a pas donné la Fédération de football mais il m’a donné toutes les fédérations (rires). Si vous remarquez, la présente Fédération burkinabè de football est en réalité notre groupe de 2008. Donc, je n’ai pas d’ambitions fédérales.

Quelles sont vos relations avec l’actuel président de la Fédération burkinabè de football ?

J’ai toujours eu de bonnes relations avec le président de la Fédération burkinabè de football.

Il y a eu entre- temps des bisbilles entre vous. La hache de guerre est-elle définitivement enterrée ?

De quelles bisbilles ? Je ne pense pas.

Vous avez été entre- temps sanctionné pour corruption….

Par rapport à ma sanction, j’ai été blanchi au niveau de la Fédération. Et c’est la Fédération qui a fait le jugement. Mais jusqu’aujourd’hui, je n’ai pas vu le papier qui m’a blanchi. Pour la sanction, j’ai vu le papier. L’essentiel pour moi, est  de continuer à travailler. Aujourd’hui, je n’ai pas de problème avec quelqu’un.

Votre appréciation sur le niveau du football burkinabè ?

Par rapport aux années antérieures, ce n’est pas toujours évident de faire une comparaison. C’est comme si vous me demandez le niveau de l’enseignement actuellement au Burkina Faso. Nous avons le niveau qu’on mérite. Le niveau de notre football va au rythme de notre dégré de vie.

Quelles sont les chances de qualification des Etalons pour la CAN 2019 ?

Au sport, tout est possible même  avec beaucoup de « si » dans la situation actuelle des Etalons. Il est difficile de prévoir la forme de l’adversaire le jour du match. Je souhaite que les Etalons se qualifient pour la phase finale de la CAN 2019.

La Rédaction

 

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