Les membres du bureau exécutif de l’Association Sportive des Fonctionnaires de Bobo-Dioulasso (ASFB) sont de nouveau divisés. Le président du comité directeur du club, Abdoul Aziz Cheick Traoré, par une note, datée du 4 novembre dernier, a dissout le bureau exécutif de consensus mis en place en début de cette saison 2022-2023. Des décisions qui passent mal chez certains.

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Le bureau exécutif de consensus de l’Association sportive des fonctionnaires de Bobo (ASFB) n’aura tenu que quelques mois. La crise a encore atteint son paroxysme en début de semaine dernière dans la famille jaune et noir de Bobo-Dioulasso.

La fermeture du terrain d’entrainement et l’absence des joueurs aux entrainements laissaient craindre un forfait des buffles de Sikasso-Cira pour leur match à domicile, vendredi 4 novembre dernier, à la 8e journée du championnat face au Réal du Faso. La rencontre aura finalement lieu et l’ASFB s’est imposée en toute fin de partie (90e +1) sur la plus petite des marges. Sitôt après cette victoire qui sort les Fonctionnaires de la zone rouge de la Ligue 1, des décisions importantes tombent tout au long de la soirée.

Abdoul Aziz Cheick Traoré, le président du comité directeur de consensus, installé le 8 août dernier en remplacement d’Aboubacar Traoré démissionnaire, dissout ledit comité par une note. L’ancien manager général des Jaune et Noir a procédé au remplacement du comité directeur par un bureau de transition de 3 personnes dont lui, président, le trésorier général et le secrétaire général adjoint.

Abdoul Aziz Cheick Traoré a concomitamment sorti une autre note où il annonce la dissolution du bureau des supporters des buffles. Nous sommes entrés en contact avec lui pour connaitre les raisons de ses décisions, mais nos sollicitations sont restées sans suites.

De profondes divergences

Selon un acteur du club qui a requis l’anonymat, le problème est interne et plusieurs personnes au sein de la famille Jaune et Noir ne le cernent pas concrètement. Selon lui, tout a commencé le lundi 31 octobre où un groupe de supporters est venu empêcher les entrainements de l’équipe première.

Au moment où nous achevons la rédaction du présent article, le président de l’ASFB, Abdoul Aziz Cheick Traoré, n’a pas daigné répondre à nos questions.

« Ils ont bloqué la porte d’entrée en disant qu’ils ne veulent plus du coach. Ils ont tenu des propos très injurieux à son encontre. Ils ont dit qu’ils sont venus manifester pour le bien des joueurs parce que le coach veut faire chuter l’équipe », a-t-il précisé.

Pour notre source, ils ont su, le jeudi 3 novembre dernier, que les deux camps, qui se tiraient en début de saison, se regardent de nouveau en chien de faïence.

« Pour le match de la 8e journée contre Réal du Faso, le vice-président a appelé les joueurs à venir faire le décrassage au terrain du club et le président, pour sa part, a invité les joueurs à aller à Bama pour une mise au vert. Les joueurs, de leur côté, ont décidé que chacun se débrouille pour se mettre en jambe afin de ne pas prendre parti dans cette guéguerre entre dirigeants. Leur objectif était de ne pas diviser le groupe », a-t-il expliqué.

Or, a ajouté notre source, ce sont plutôt les joueurs qui devraient faire ce mouvement d’humeur parce que depuis les préparations pour l’entame du championnat, ils n’ont encore reçu, jusqu’aujourd’hui, aucun copeck de leur salaire.

Selon ses confidences, les mésententes au sein du bureau affectent sérieusement le travail de l’encadrement technique qui se bat pour éloigner l’équipe de la zone de relégation.

« Plus d’une quarantaine de joueurs sortent à l’entrainement, la liste officielle de 30 joueurs n’étant pas encore établie. A chaque match, le coach adresse des convocations à des joueurs pour compléter sa liste », a-t-il déploré.

Des acteurs invisibles…tapis dans l’ombre

La Ligue régionale de football des Hauts Bassins avait été, en août dernier, l’un des médiateurs (avec les sages du club) qui avait tenté de rapprocher les deux positions pour l’intérêt du club de Sya. Ce qui avait abouti entre temps à la mise en place d’un bureau consensuel avec à sa tête Abdoul Aziz Cheick Traoré.

Pour le président de la Ligue régionale des Hauts-Bassins, Amadou Bamba, deux raisons peuvent expliquer la résurgence de la crise à l’ASFB. Il s’agit des mauvais résultats de l’équipe en Ligue 1 et « la mauvaise foi des dirigeants » à travailler ensemble.

Le président de la régionale de football des Hauts Bassins, Amadou Bamba, regrette que des personnes dans l’ombre troublent le consensus obtenu en début de la saison.

Le constat est que, a-t-il ajouté, les dirigeants de l’ASFB ainsi que des personnes impliquées dans cette crise ne travaillent pas à chercher ce qui est mieux pour le club. Chacune des deux parties protagonistes est dans une dynamique de faire en sorte que sa vision soit dominante sur l’autre.

« Le club est actuellement divisé en deux groupes. Nous avons voulu qu’ils s’unissent pour travailler ensemble. Ils avaient pu asseoir un bureau consensuel, mais des divergences résidaient toujours sur la façon de gérer. Au début, chaque camp avait son entraineur. Après le bureau de consensus, les protagonistes avaient décidé de prendre l’entraineur le plus capé et l’autre comme adjoint. Aujourd’hui, c’est le problème de l’entraineur qui est mis aux devants. Le groupe qui n’était pas avec l’entraineur, Souleymane Ky, demande son départ », a révélé le président de la Ligue régionale des Hauts-Bassins, tout en regrettant que le consensus qui était à la base de la résolution de la crise en août dernier ne soit plus respecté par les différentes parties.

A l’en croire, dans un premier temps, l’instance régionale avait voulu écarter tous les deux entraineurs et trouver un autre encadrement technique. Seulement, vu le timing (début imminent de la Ligue 1), la vie du club était menacée parce qu’il ne restait qu’une semaine pour le coup d’envoi du championnat national. Surtout que, selon les textes de la fédération burkinabè de football, deux forfaits d’un club est synonyme de descente en division inférieure.

Pour Amadou Bamba, c’est un problème de clan qui est en train de déstabiliser les buffles de Sikasso-Cira.

« Personne n’arrive à cerner le véritable problème dans cette équipe. Des acteurs invisibles, qui ne prennent pas part ouvertement aux débats, sont en réalité des mentors tapis dans l’ombre et ne laissent pas les jeunes prendre leurs propres décisions », a conclu Amadou Bamba.

Les décisions du président jugées illégales

Quant à l’ancien président de l’ASFB, Issa Sidibé, actuellement 1er vice-président de la FBF, il désigne sans ambages le responsable actuel de la crise : le président du comité directeur du club, Abdoul Aziz Cheick Traoré.

La partie opposée à celle du président, a-t-il insisté, est déçue car elle estime que le président Traoré agit tout seul dans les prises de décisions au lieu que ce soit par consensus. Il en veut pour preuve le retrait du traitement des licences des joueurs au secrétaire général par le président, au profit de l’adjoint de celui-ci.

« Le secrétaire général du club était le principal responsable du traitement des licences, mais il a transmis les codes des licences au secrétaire général adjoint. Le président a voulu aussi adjoindre des personnes dans le bureau. A cela, il faut ajouter l’absence de réunion du bureau », a affirmé Issa Sidibé.

L’ancien président de l’ASFB, Issa Sidibé, propose que le PCA prenne les commandes en attendant une assemblée générale élective.

En plus, pour l’ancien président des buffles, le président du comité directeur de consensus n’est pas habileté à dissoudre le comité directeur, car il a été mis en place par le Président du conseil d’administration (PCA), qui est son supérieur hiérarchique. Il propose que Abdoul Aziz Cheick Traoré convoque une nouvelle assemblée générale extraordinaire au cours de laquelle il va dissoudre le bureau et prendre provisoirement les commandes, en attendant une assemblée générale élective.

C’est ce que réclame également le président des supporters, Souleymane Ouattara que vient de démettre Abdoul Aziz Cheick Traoré. La tempête au sein de la famille Jaune et Noir est très loin de s’estomper avec ces prises de décisions de son président du comité directeur.

En attendant, le championnat national se poursuit et les buffles, embarqués malgré eux dans cette barque qui tangue dangereusement, auront-t-il pendant longtemps le moral pour continuer à grappiller des points comme le week-end écoulé, afin, au moins, de maintenir ce club mythique de la ville de Sya en fin de saison ?

Rien n’est moins sûr si les différentes parties ne fument pas rapidement le calumet de la paix.

Pengdwendé Achille OUEDRAOGO

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