Le président togolais, Faure Gnassingbé, a été investi pour son quatrième mandat à la tête du pays, le dimanche 3 mai 2020. A cause du coronavirus, la cérémonie d’investiture s’est déroulée dans une sobriété en présence des présidents d’institutions et des diplomates. Déclaré vainqueur au premier tour de l’élection du 22 février avec 70,78 % des suffrages devant Agbéyomé Kodjo qui a obtenu 19,46 % des voix, il devra présider encore aux destinées du Togo pour cinq autres années. Ayant accédé au pouvoir après le décès son père Eyadéma en 2005, Faure n’a jamais fait l’unanimité au sein de la classe politique. Cette énième candidature a été contestée par l’opposition, mais contre vents et marrées, il a pu se présenter à la présidentielle. Bien qu’étant déclaré officiellement comme celui qui a remporté l’élection, l’opposant Agbéyomé Kodjo continue de revendiquer sa victoire. Autant de signes qui dénotent que ce quatrième quinquennat de Faure ne sera pas un fleuve tranquille.
Au cours de ce mandat, il devra s’atteler à redonner confiance à une partie du peuple togolais qui l’a toujours vu comme le prolongement du règne de son père, à tout le moins un usurpateur. Comment y parvenir ? Il faudra impérativement engager une politique sociale en vue de répondre aux multiples attentes de la population, et particulièrement de sa frange jeune confrontée au chômage. En plus, il faudra travailler à réconcilier les Togolais plus que jamais divisés à cause de la controverse suscitée par son quatrième mandat. Une bonne partie du peuple a le sentiment que le pouvoir est accaparé par une famille et un clan depuis près d’un demi-siècle. Et ils entendent le conserver ad vitam aeternam. Un confort que l’opposition voit comme une injustice criante infligée à une partie du peuple.
C’est pourquoi, elle appelle à l’alternance de tous ses vœux. A ce titre, le quatrième mandat de Faure va traverser des zones de turbulences, parce que l’opposition fera tout pour l’empêcher d’en briguer un autre. Il lui appartient donc d’entreprendre la démarche nécessaire pour réconcilier la classe politique dans son ensemble. C’est à ce prix qu’il pourra mieux mettre en œuvre sa politique sociale tant attendue. Il faudra également songer à réformer les institutions de la république afin qu’elles puissent incarner le pluralisme et la transparence. Si sa victoire à la présidentielle du 22 février dernier est jusque-là contestée par son rival Kodjo, cela est en partie dû au manque de crédibilité de l’instance chargée de la gestion des élections.
S’il veut laisser un Togo digne et prospère, Faure devra œuvrer à faire de son mandat, celui de la rencontre avec tout le peuple togolais. A défaut, l’on va assister à une parodie de démocratie où les questions de développement et de bien-être seront reléguées au second plan. Espérons qu’il aura la volonté d’imprimer une autre façon de gouverner pendant ce quatrième mandat.
Karim BADOLO