Un grand pas…

Après plusieurs rendez-vous manqués, la reprise des cours dans les écoles, lycées et collèges est effective au Burkina Faso, depuis hier 1er juin 2020. Les élèves des classes d’examen (CM2, 3e, Terminale …) ont regagné les salles de classe, après plus de deux mois de suspension de cours dictée par l’épidémie de la COVID-19, apparue le 9 mars 2020 au pays des Hommes intègres. Cette reprise s’est faite conformément au nouveau calendrier scolaire adopté en Conseil des ministres, la semaine dernière. Le gouvernement ayant déclaré l’année scolaire achevée pour les élèves des classes intermédiaires, avec un passage en classe supérieure sur la base de la meilleure moyenne des trimestres/semestres. Si cette relance des cours est un pas franchi pour le ministère de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales (MENA-PLN) et par-delà le gouvernement, un certain nombre de questions demeurent aujourd’hui sans réponses. Tous les établissements (publics et privés) ont-ils reçu leurs équipements, notamment les dispositifs de lave-mains et les cache-nez ? Comment se fera le respect de la mesure de distanciation sociale dans des classes aux effectifs pléthoriques avec des élèves assis à trois, voire quatre par table ? Quelles sont les dispositions prises face au risque pour les enfants du primaire de s’échanger les masques de protection ? Autant d’interrogations pour lesquelles nous n’avons pas de réponse du moins pour le moment. Mais on peut dire que c’est maintenant, que le plus dur commence pour le gouvernement et les acteurs de l’éducation qui seront en contact direct avec les élèves sur le terrain. L’exécutif doit s’assurer que l’ensemble des élèves, qu’ils soient du public ou du privé, ont effectivement reçu chacun les deux masques de protection comme prévu. Cela, en dépêchant des équipes de contrôle sur le terrain plutôt que de se contenter des rapports transmis par les directions des établissements, parfois loin des réalités du terrain. Quant au respect de la distanciation sociale et le risque pour les tout-petits de se passer les cache-nez, la solution est entre les mains des enseignants qui doivent mettre l’accent sur la sensibilisation. C’est pourquoi, il est plus que jamais nécessaire pour le gouvernement et les syndicats de l’éducation, d’aplanir leurs difficultés au grand bonheur des parents et surtout des élèves. Eux qui sont à couteaux tirés depuis la suspension des salaires de certains membres du syndicat pour fait de grève. En témoigne, cet avertissement de la Fédération nationale des syndicats des travailleurs de l’éducation et de la recherche (F-SYNTER) : «Aucune reprise normale des activités pédagogiques dans l’éducation et la recherche ne peut se faire sans le rétablissement préalable et sans condition des suspensions des salaires des travailleurs et le remboursement de toutes les sommes coupées ». Il faut donc un dialogue franc entre le gouvernement et les syndicats, pour désamorcer la crise et apaiser, du même coup, les cœurs afin que les cours se déroulent dans la sérénité. C’est ainsi que nous pourrons faire l’essentiel pendant les 6 semaines de cours, qui séparent les candidats des premiers examens scolaires et espérer achever l’année dans l’intérêt de tous. Il appartient donc à l’exécutif de rétablir au plus vite les salaires coupés pour décrisper cette situation sociale explosive et favoriser un retour au dialogue. Cela aura aussi l’avantage d’éviter que les syndicats prennent en otage les examens scolaires comme on l’a déjà vu de par le passé. Aux enseignants aussi de mettre de l’eau dans leur vin, en révisant leurs positions pour aider à tourner définitivement la page d’une année scolaire aussi difficile que celle de 2019-2020. Ils en sortiront grandis !

Beyon Romain NEBIE
beynebie@gmail.com

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