Usine de transformation de la pomme de cajou : « Le chef de l’Etat a instruit des études de faisabilité dans d’autres zones productrices », Ouémihié Clément Attiou

Le Chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré, a procédé au lancement des travaux de construction de l’usine de transformation de la pomme de cajou, jeudi 22 mai dernier, à Péni, dans la province du Houet. Dans une interview accordée à Sidwaya, le directeur général du Conseil burkinabè des filières agropastorales et halieutiques (structure porteuse de ce projet), Ouémihié Clément Attiou, est revenu sur la vision de ce projet, ses opportunités pour les acteurs de l’anacarde ainsi que pour l’économie nationale.

Sidwaya (S) : Pouvez-vous nous présenter le projet de création de l’usine de transformation de la pomme de cajou au Burkina Faso ?
Ouémihié Clément Attiou (O.C.A) : Le projet de construction de l’usine de transformation de la pomme de cajou est rattaché au CBF (ndlr Conseil burkinabè des filières agropastorales et halieutiques). Implantée sur un site de 10 hectares dans la commune de Péni, province du Houet, région des Hauts-Bassins, cette usine est constituée essentiellement d’un centre industriel de valorisation de la pomme de cajou. D’un coût global évalué à 6 651 986 164 de francs CFA, le projet a pour objectif de contribuer à l’autosuffisance agro-industrielle du Burkina Faso à travers la valorisation de 5 000 tonnes de pomme de cajou par an. Spécifiquement, il s’agira de produire annuellement à base de la pomme de cajou 3 750 tonnes de concentré ; 3 937 500 litres de jus de pomme de cajou clarifié ; 540 000 litres d’éthanol ; 2 700 000 litres de vin ; et 1 350 000 litres de vinaigre.

S : Le président du Faso a procédé, jeudi 22 mai dernier, à la pose de la première pierre de cette usine à Péni. Que représente-elle pour les acteurs de la filière anacarde ?
O.C.A : Cette usine va être une opportunité de revenus supplémentaires et de création d’emplois décents pour les acteurs de la filière anacarde. Le fruit de l’anacardier est constitué essentiellement de deux types de la pomme et de la noix brute de cajou, et la pomme à elle seule représente 80% du poids de ce fruit. Mais jusqu’à présent c’est la noix qui dispose d’une valeur marchande tandis que la partie pomme, insuffisamment valorisée, est abandonnée dans les vergers, ce qui constitue des pertes de revenus pour le producteur. Mais cette usine va permettre en termes de distribution de revenus, d’injecter annuellement 500 millions de francs FCFA au titre de l’achat de la pomme de cajou. Ce qui va permettre de créer des revenus substantiels au profit des coopératives de femmes collectrices ainsi que pour les producteurs d’anacardier auprès de qui seront collectées les pommes. Cette usine se positionne ainsi comme un précurseur dans la valorisation de la pomme et va permettre aux acteurs de la chaine de valeur anacarde de diversifier les produits de l’anacarde tout en participant à la création d’emplois pour les jeunes et les femmes.

S : Son apport à l’économie nationale alors ?
O.C.A : La contribution de l’unité à l’économie nationale est évaluée en termes de création d’emplois et de redistribution de revenus. A ce titre, l’usine va permettre de créer 112 emplois directs et 1 050 autres indirects. Avec un chiffre d’affaires moyen par an projeté à 6,9 milliards F CFA, le projet va aussi permettre de dégager une valeur ajoutée moyenne annuelle sur les 5 premières années d’exploitation de 3,7 milliards F CFA. Ce qui va permettre de verser en moyenne 202 476 308 FCFA par an au titre des salaires du personnel, 898 220 735 F CFA au titre des impôts et taxes et pour un résultat net moyen de 2 897 682 228 FCFA.

S : Peut-on considérer que ce projet est une première étape dans une stratégie plus large de transformation locale des produits agricoles au Burkina Faso ?
O.C.A : Dans ce sens, la Stratégie nationale de développement de la filière anacarde (SNDFA) dont la première phase de mise en œuvre s’est achevée en 2024 et une deuxième phase couvre la période 2025-2029 consacre en son axe 1 l’« amélioration de la transformation et de la mise en marché de l’anacarde burkinabé ». Dans cette dynamique, des actions ont été proposées en vue de porter le taux de valorisation de la pomme de cajou à 1 %, soit 20 000 tonnes sur une production nationale annuelle de 2 000 000 de tonnes. La vision du projet de cette usine s’inscrit donc dans la vision globale du gouvernement au profit des filières agropastorales et halieutiques porteuses pour notre économie nationale. Elle constitue une première étape que nous devrons renforcer pour atteindre l’objectif fixé d’ici 2029.

S : Est-ce qu’il faut s’attendre à la duplication de ce modèle à plus grande échelle dans d’autres zones de production d’anacarde ?
O.C.A : Le chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré, a instruit juste après la cérémonie de lancement, la conduite d’études de faisabilité dans d’autres zones productrices en vue de la création d’unités similaires. La mise à échelle dans d’autres zones, notamment dans les régions du Sud-Ouest ou au Centre-Ouest est en perspective. La finalité étant de transformer le maximum de pommes dans les années à venir. Pour ce faire, des actions de promotion sur les opportunités d’investissements dans le secteur sont à envisager en vue de susciter un plus grand intérêt des investisseurs privés nationaux dans la transformation de ce produit. L’installation de l’usine de Péni, à cheval entre trois grandes zones de production (Houet, Kénédougou et la Comoé), est stratégique afin de faciliter et de réduire les conditions et les coûts de collecte de la pomme.

S : Quel message souhaitez-vous adresser aux producteurs, aux jeunes, aux investisseurs ou aux partenaires techniques et financiers dans le cadre de ce projet ?
O.C.A : Aux producteurs, nous les invitons à intensifier la production de l’anacarde et d’améliorer la qualité de la pomme qui constitue une richesse encore sous-exploitée. Aux jeunes, nous tendons la main pour qu’ils s’approprient cette filière pleine de potentiels en tant qu’opportunité d’entrepreneuriat et de création d’emplois durables.
Aux investisseurs nationaux et internationaux, nous disons que le marché est porteur et la demande croissante en produits dérivés de la pomme de cajou, notamment les jus, confitures et autres, constituent une opportunité économique viable et prometteuse. Enfin, aux partenaires techniques et financiers, nous exprimons notre disponibilité à collaborer pour lever les obstacles techniques et mobiliser les ressources nécessaires à l’implantation et à la viabilité de cette unité de transformation dans une dynamique de développement inclusif, durable et localement enraciné.

Propos recueillis par Kamélé FAYAMA

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