Zone UEMOA : la BOAD a injecté plus de 9 800 milliards F CFA dans les économies

A l’occasion de la Ire édition des « Boad development day », organisée par la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), les 12 et 13 juin 2025, à Lomé, au Togo, sur le thème : « Financement de la transition énergétique et de l’agriculture durable : défis, opportunités et solutions », le directeur du département stratégie et études de la BOAD, Ambroise Kafando, a présenté la situation macroéconomique de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), ses principaux défis, les atouts pour sa transformation, ainsi que les actions, les financements de la BOAD en faveur du développement durable de l’Union.

La principale caractéristique de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) est le dynamisme des économies qui la composent et leurs capacités de résilience. En effet, malgré les chocs exogènes et toutes les adversités, le taux de croissance est resté positif ces dernières années, se situant en moyenne entre 5% et 6%. En 2024, il s’est établi à 6,2% et devrait s’afficher à 6,8% 2025, a souligné le directeur du département stratégie et études de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), Ambroise Kafando, à l’entame de sa présentation de la situation macroéconomique de l’UEMOA, le 12 juin 2025, à Lomé, à l’occasion de la Ire édition des « Boad development days », organisée par la BOAD, sur le thème : « Financement de la transition énergétique et de l’agriculture durable : défis, opportunités et solutions ».
Cette croissance au sein de l’Union est portée de manière plus ou moins équilibrée par l’ensemble des secteurs, à savoir le primaire (33,6%), le secondaire (34,6%) et tertiaire (31,8%), elle est également soutenue par des gros investissements en cours dans certains pays comme en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Niger, a souligné M. Kafando.

« Notre croissance est fortement soutenue par un taux d’investissement qui est de l’ordre de 25 % ces dix dernières années », a-t-il souligné. Et d’ajouter que, bien qu’ils soient encore modestes, les flux d’Investissements directs étrangers (IDE) vers l’UEMOA ont connu un dynamisme ces dernières années. Ils ont quasiment doublé pour atteindre 3,6% du PIB en 2022 et 3,1% en 2023 contre 1,8% en 2018. Ce cadre macroéconomique tient également aux politiques communautaires.
« Dans notre zone, nous bénéficions d’une efficacité jamais égalée en termes de surveillance, de politique monétaire, grâce à l’efficacité des institutions régionales qui animent ces secteurs », a-t-il soutenu. Il y a aussi la collaboration entre le FMI et les Etats membres, qui leur permet d’adopter des réformes et de mettre en œuvre des politiques qui participent à stabiliser le cadre macroéconomique.

49% de taux d’accès à l’électricité

Autant de facteurs qui permettent à l’Union de résister aux chocs exogènes comme la COVID-19, la crise russou-krainienne, avec la remontée extraordinaire des prix des produits dans les Etats, ayant entrainé la hausse de l’inflation. Grâce donc à la qualité de ces politiques et aux efforts des Etats, le taux d’inflation dans l’UEMOA est dans une tendance baissière, et s’était établi à 3,5 % en 2024, alors qu’il était de 3,7% en 2023. Il pourrait tendre vers la norme communautaire de 3 % en 2025, s’est réjoui le directeur du département stratégie et études. La zone UEMOA se caractérise par un endettement globalement modéré, qui est inférieur à la norme communautaire de 70%, excepté deux Etats membres, à savoir la Guinée Bissau (80,3%) et le Sénégal (88,4%). Cependant, l’arbre ne doit pas cacher la forêt, car les niveaux atteints par le ratio dette/PIB interpellent sur la nécessité d’une consolidation budgétaire, a-t-il fait savoir. Sans oublier que les défis sécuritaires dans la zone sahélienne (Mali, Burkina Faso et Niger) qui débordent sur certains pays voisins peuvent être source de gros déséquilibres budgétaires. Malgré ces indicateurs macroéconomiques fort appréciables, la région fait face à d’énormes défis.

Il s’agit notamment de la prévalence de l’insécurité alimentaire avec 30% de la population de l’Union qui n’ont pas un accès adéquat aux aliments de base, de la vulnérabilité aux changements climatiques, le faible accès à l’électricité avec 49% de taux d’accès dont 83% en zone urbaine et 26% en milieu rural, l’accès limité au numérique qui est de l’ordre de 34,8 %, la faible intégration aux chaines de valeurs régionales et mondiales qui s’établit à 20-40% avec le reste du monde.
Il y a également de faible compétitivité caractérisée par les coûts élevés des facteurs de production, la persistance de la crise sécuritaire qui freine l’investissement et aggrave la pauvreté, le faible taux d’alphabétisation, le faible taux d’employabilité (51%) avec un taux de chômage de 11,6% en fin 2024, l’indice de développement humain faible et le fort taux de pauvreté qui est supérieur à 40% dans la plupart des Etats.

Taux de transformation des produits en amélioration

La bonne nouvelle est que face à ces défis, la région dispose de nombreux atouts et potentialités pour amorcer sa transformation structurelle et asseoir des économies compétitives à même de secréter un développement durable, harmonieux au sein de l’espace communautaire. L’Union a un potentiel énorme en ressources naturelles, notamment les terres arables, les ressources en eau, les gisements miniers (or, phosphate, manganèse, pétrole, gaz, …), l’ensoleillement, des matières premières sylvo-agro-pastorales abondantes constituant une base solide de création de valeur par la transformation. Autre atout, une population jeune et dynamique (60 % de la population a moins de 25 ans), une taille de marché de plus de 133 millions de consommateurs en expansion et une classe moyenne en progression, même si elle demeure faible, a cité Ambroise Kafando.

La zone UEMOA enregistre également un taux de transformation de ses matières premières en amélioration significative. Il est de 70% pour l’huile de palme, 35% pour le cacao, 10 à 20% pour le café, 5 à 10% pour la noix de cajou, 5% pour le coton, 10-20% pour les fruits et légumes, moins de 20% pour le bétail-viande et 20-30% pour le bois. Et la BOAD, à travers les instruments financiers et l’expertise à sa disposition intervient pour accompagner cette dynamique de transformation structurelle des économies de l’Union. « Depuis le démarrage de ses activités, la Banque a injecté au sein de l’Union plus de 9 800 milliards de francs CFA. Et sur la période 2021-2025, qui correspond à notre plan stratégique, c’est 3 310 milliards qui ont été injectés dans les différentes économies », a confié M. Kafando. Dans ce portefeuille,
le financement souverain représente 64%, contre 35,6% pour le non souverain, a-t-il
précisé.

1 191 milliards F CFA dans les infrastructures et le numérique

Sur le financement dans le cadre de son Plan stratégique Djoliba, la Côte d’Ivoire en a capté 29%. Il est suivi par le Sénégal avec 17%, le Bénin, 13% et le Burkina Faso 12%. La part de financement du Niger et du Togo est de 9% chacun, contre 8% pour le Mali, 2% pour le Guinée Bissau et 1% pour les financements hors UEMOA. Pour ce qui est des affectations sectorielles des financements, 1 191 milliards F CFA sont allés au secteur des infrastructures et de l’économie numérique, 693 milliards F CFA à l’énergie et aux ressources naturelles, 602 milliards F CFA à l’agriculture et à l’agro-industrie, 424 milliards F CFA aux institutions financières et participations et 388 milliards F CFA aux secteurs de l’éducation, de la santé et de l’immobilier. Ces différents financements ont eu des impacts pour les populations de l’Union. On a par exemple, 4 millions d’agriculteurs impactés sur le plan agricole, 23 361 PME touchées, 27 158 logements construits, 13,2 millions de personnes ayant accès à l’électricité, 3,4 millions de personnes ont accès à l’eau potable, 3 842 km bitumés avec 47, 4 millions de passagers touchés, etc.

Pour soutenir son action, la BOAD a renforcé ses moyens d’interventions à travers notamment le renforcement de ses fonds propres. Il a, en effet, augmenté son capital de 554,35 milliards F CFA, portant à 1 709,35 milliards FCFA le capital autorisé. En termes de perspectives, pour les prochaines années, la BOAD va travailler, entre autres, à augmenter le niveau global de ses financements en promouvant des innovations en matière de structuration, à renforcer son financement des secteurs Energie, Agriculture et Secteurs sociaux, à rehausser ses financements du secteur privé, à accroître la prévisibilité des financements grâce aux Stratégies pays en cours d’élaboration, a conclu M. Kafando.

Mahamadi SEBOGO
(De retour de Lomé, Togo)

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