
Le Réseau des organisations paysannes et de producteurs agricoles de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA) a animé une conférence de presse sur les coûts de l’adaptation pour les exploitations familiales ouest-africaines, jeudi 20 novembre 2025, à Belém, au Brésil, en marge de la COP30. Face au déficit de financement de l’agriculture, il a appelé, entre autres, à la création d’un Fonds pour la résilience et l’autonomisation des agriculteurs.
Le Réseau des organisations paysannes et de producteurs agricoles de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA) veut d’un financement climatique juste et équitable pour les agriculteurs de la région qui font face, au quotidien, aux effets pervers du changement climatique. Cette revendication d’une justice climatique, le ROPPA l’a fait savoir à la COP30, au cours d’une conférence de presse qu’il a animée, jeudi 21 novembre 2025, à Belèm, au Brésil.
« Dans notre région, les effets du changement climatique ne sont plus des projections : ils se font l’expérience tous les jours », a martelé le 2e vice-président du ROPPA, Arouna Lawani, entouré de ses collaborateurs et partenaires. Les producteurs de céréales au Sahel, les éleveurs de Gourma, les riziculteurs dans la vallée du fleuve Sénégal et les femmes transformatrices au Bénin et au Togo, a-t-il précisé, souffrent déjà de sécheresses prolongées qui réduisent les rendements agricoles, d’inondations récurrentes qui détruisent les cultures, de dégradation accélérée des terres, de l’insécurité alimentaire croissante affectant des millions de familles rurales.
Un besoin de financement de 11 milliards de dollars par an
« Ces phénomènes menacent directement la souveraineté alimentaire et la stabilité sociale de la région. Malgré cela, le financement mondial profite très peu aux petits producteurs. Selon le rapport, moins de 2 % des fonds alloués à l’agriculture vont directement aux petits producteurs ou à leurs organisations. Et pourtant, ces mêmes producteurs nourrissent plus de 400 millions d’Africains de l’Ouest, tout en préservant la biodiversité et en maintenant les zones rurales », a déploré M. Lawani.
Mais ces petits producteurs, loin d’être de simples victimes, sont aussi des fournisseurs clés de solutions à la crise climatique, en promouvant l’agroécologie et la gestion durable des sols, en utilisant des graines locales résistantes à la sécheresse, en diversifiant les cultures et en restaurant les terres dégradées.
Selon le ROPPA, 11,11 milliards de dollars américains sont nécessaires chaque année pour l’adaptation des producteurs d’Afrique de l’Ouest au changement climatique. Ce montant qui représente moins de 3 % des bénéfices réalisés par les 25 plus grandes entreprises alimentaires du monde est capital pour protéger deux millions de producteurs de cacao et l’avenir d’une industrie européenne du chocolat estimée à 50 milliards de dollars américains, soutenir des millions de producteurs de riz et de maïs qui nourrissent toute la région et pour renforcer la résilience des économies rurales, où l’agriculture représente en moyenne 25 % du PIB des pays de la région. « C’est un investissement avec des rendements sociaux, économiques et environnementaux élevés », a
soutenu Arouna Lawani.
Défendre la voix des agriculteurs familiaux africains
Pour répondre à l’insuffisance de financement au profit de l’agriculture familiale, au nom de ses plateformes membres nationales et des millions d’agriculteurs familiaux, ont confié les conférenciers du jour, le ROPPA demande la création d’un Fonds pour la résilience et l’autonomisation des agriculteurs, géré par des organisations d’agriculteurs, pour un accès direct et durable aux ressources financières ; la réforme des mécanismes de financement du climat pour les rendre plus inclusifs, simples et adaptés aux réalités locales.
Il a appelé également à la reconnaissance complète du rôle des petits producteurs dans les stratégies d’adaptation et les plans nationaux soumis à la COP30 et à la réorientation des subventions agricoles nuisibles, estimées à 470 milliards de dollars américains par an, vers des pratiques durables et équitables.
En tout état de cause, le ROPPA, ses partenaires comme Family Farmers for Climate Action (FFCA) et ses alliés régionaux sont à cette COP30 au Brésil, pour réaffirmer leur détermination à défendre la voix des agriculteurs familiaux africains, mener le plaidoyer pour un financement juste, équitable et sans dette, et à promouvoir l’agroécologie, comme voie privilégiée pour l’adaptation et la transformation des systèmes alimentaires, ont souligné M. Lawani et ses pairs conférenciers. « Notre ambition est claire : que chaque dollar de financement climatique atteigne enfin ceux qui nourrissent le continent. Financer l’adaptation des petits agriculteurs signifie protéger la vie, la dignité et l’avenir de nos communautés rurales », ont-t-ils conclu.
Mahamadi SEBOGO
Windmad76@gmail.com
(Depuis Belém, Brésil)




