Alassane Ouattara va-t-il se dédire?

A trois mois de la présidentielle en Côte d’Ivoire, le brin d’espoir nourri par certains ivoiriens désireux de voir de nouveaux visages, autres que les figures de proue du paysage politique, est en train de se dissiper. Alors que les adeptes du rajeunissement de la classe politique pensaient que seul le candidat du PDCI, Henri Konan Bédié, fera l’exception, voilà que l’ombre des septuagénaires, Laurent Gbagbo du FPI, 75 ans et Alassane Ouattara du RHDP, 78 ans continuent de planer sur les élections. Bien que l’ex-président Laurent Gbagbo reste toujours empêtré dans des procédures judiciaire en cours contre lui à la Cour pénale internationale à La Haye, ses partisans n’ont cessé de le réclamer pour le prochain scrutin. Du côté du RHDP, c’est aussi la même tendance. Après le décès, le mercredi 8 juillet, d’Amadou Gon Coulibaly, suivi de son inhumation le 17 juillet 2020, les regards des militants du parti se sont tournés vers le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, qui avait pourtant promis de ne pas briguer un troisième mandat. Pour se faire entendre, ces derniers ont lancé sur les réseaux sociaux une « pétition » de militants favorables à une troisième candidature de leur « champion ». A cet effet, ils affirment avoir obtenu plus de 700 000 signatures en sept jours. A cela, s’ajoutent les appels de personnalités du RHDP à une candidature du président Alassane Ouattara. Deux dirigeants du parti ont pris position publiquement en faveur d’une candidature d’Alassane Ouattara pour un troisième mandat. « Le seul choix qui vaille, c’est que le président Ouattara reprenne le flambeau », a déclaré le dimanche passé le directeur exécutif du RHDP et ancien ministre, Adama Bictogo. Pour lui, à trois mois de la présidentielle, il apparaît difficile de sortir du lot un grand rassembleur. Dans la même veine, dans une lettre publique adressée au président Ouattara le dimanche, le porte-parole du RHDP, Kobenan Kouassi Adjoumani, l’a imploré « d’accepter le sacrifice d’être candidat pour garantir la sécurité, la stabilité et la paix à la Côte d’Ivoire ». Ces levées de boucliers montrent à souhait que les trois « dinosaures » de la politique ivoirienne rodent toujours autour du fauteuil présidentiel. Au FPI, le choix du parti pourrait être connu d’ici à une semaine. La liste de candidatures ouverte ce 20 juillet a déjà enregistré un prétendant en la personne de Pascal Affi N’Guessan. Les candidats intéressés ont une semaine pour se manifester au siège du parti sis au Plateau. Si Laurent Gbagbo pourrait être contraint à renoncer, à son corps défendant, cette année aux élections à cause de ses démêlés judiciaires, ce n’est pas le cas pour son rival Alassane Ouattara. Même si certains juristes estiment que l’article 183 de la Constitution en vigueur depuis 2016, ne prévoit pas un troisième mandat pour le président en exercice, les partisans de M. Ouattara pensent que la nouvelle législation remettrait les compteurs à zéro. Quoi de plus normal qu’il se représente. Le chef de l’Etat ivoirien, lui-même n’exclut pas cette possibilité de briguer à nouveau la magistrature suprême. Il avait menacé à l’époque de se présenter si toutefois les candidats de sa génération ne renonçaient pas à leurs projets avant de se décider à céder la place à son dauphin Gon Coulibaly. Avec la disparition inattendue de celui-ci, le président ivoirien pourrait être tenté de se représenter. Et ce serait le scenario le plus plausible à un mois de la clôture des dépôts des candidatures pour la présidentielle prévue le 31 août 2020.

Abdoulaye BALBONE

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