Après la reprise du contrôle de Khartoum, en mars dernier, des mains des forces paramilitaires du général, Mohamed Hamdane Daglo, l’armée soudanaise s’attèle à
reconstruire la capitale. Des efforts sont consentis par le chef suprême des
armées, le général Abdel Fattah Al-Burhane et ses hommes pour rétablir la sécurité, les services de santé, l’électricité et l’eau. Tout est mis en œuvre pour faciliter le retour des nombreux déplacés.
Depuis le déclenchement de la guerre qui oppose l’armée aux forces paramilitaires, Khartoum n’est plus que l’ombre d’elle-même, une ville exsangue, une ville détruite. L’armée s’emploie à redonner à la capitale son lustre d’antan, la débarrassant de ses nombreux décombres. Sous l’effet des balles, Khartoum, avec ses plus de deux millions d’habitants, a été quasiment abandonné. En plus des populations contraintes de fuir les affres de la guerre, le gouvernement soudanais a dû replier dans la ville de Port Soudan, sur la mer Rouge, où il gère les affaires courantes.
Fondé en 1821, Khartoum tente de renaitre de ses cendres, mais il faudra de nombreuses années pour remettre véritablement la ville sur pied, laquelle est d’ailleurs contaminée par des munitions non explosées. Au-delà de la réhabilitation de Khartoum, le véritablement défi du Soudan, c’est de retrouver la paix. Ce pays d’Afrique du Nord-Est, coutumier des coups d’Etat et des guerres, n’a pas rompu avec son passé trouble. La guerre pour le contrôle du pouvoir, qui oppose les deux généraux actuellement, atteste de cette triste réalité. Les combats font toujours rage sur d’autres fronts et il n’est pas évident que les armes vont se taire de sitôt.
Pour un pays qui connaissait une instabilité économique marquée par l’inflation et une pauvreté généralisée, avant la guerre de 2023, sa situation actuelle rime avec le chaos. Alors que le Soudan est devenu l’épicentre de la pire crise humanitaire au monde, la guerre s’enlise et il faut désormais craindre la scission du pays. En juillet dernier, les forces paramilitaires ont nommé un Conseil présidentiel et un Premier ministre, sous prétexte de venir en aide aux populations sous leur contrôle, mais leurs visées territoriales ne font plus l’ombre d’un doute. Il faut s’inquiéter de la tournure que prend cette guerre, à un moment où les initiatives de paix piétinent.
En plus des financements et les ingérences extérieurs en faveur des belligérants, la non-application de l’accord crucial, signé par les parties courant 2023, en l’occurrence, la Déclaration de Djeddah, n’est pas de nature à faciliter la paix. Ce modus vivendi définit pourtant les obligations conformément au droit international humanitaire pour protéger les civils et les opérations humanitaires.
Il est loin d’être une réalité au Soudan où les atrocités se poursuivent, au grand dam de tous ceux qui militent pour un retour à la paix. Si la tendance actuelle n’incite pas à l’optimisme, la communauté internationale doit poursuivre ses efforts, user de tous les ressorts possibles pour mettre fin à ce conflit qui a coûté et continue de faucher des vies. La question soudanaise doit être mise sur la table sans hypocrisie et sans faux fuyants pour donner véritablement la chance à la paix…
Kader Patrick KARANTAO