Bénin : Trouver un modus vivendi

Le Bénin se prépare pour l’organisation des élections législatives le 8 janvier 2023. A moins de deux mois du scrutin, la bataille pour le partage des 109 sièges s’annonce rude. Huit partis politiques ont réussi à enregistrer leur déclaration de candidature à la date du 2 novembre 2022 à la Commission électorale nationale autonome (CENA). Certaines formations politiques ont déposé des dossiers incomplets en attendant de fournir les autres pièces manquantes comme le stipule la loi. Cependant, à quelques heures du délai imparti (15 novembre), plusieurs candidats éprouvaient des difficultés à obtenir une pièce maitresse. Il s’agit du fameux certificat fourni par l’administration attestant que le candidat s’est acquitté de ses impôts.

C’est le cas du parti, Les démocrates, principale formation de l’opposition qui n’arrive toujours pas à débourser plusieurs centaines de millions FCFA en vue de décrocher ce quitus fiscal pour une quinzaine de ses candidats. Même si certains opposants ont pu obtenir le quitus fiscal, l’heure n’est pas à la sérénité, car la validité de leurs candidatures n’est pas gagnée d’avance. Une seule personne non à jour de ses obligations fiscales aura, systématiquement, des répercussions sur l’ensemble de la liste du parti. A cette allure, les élections à venir ne sont pas loin de celles de 2019 où l’on a assisté à une Assemblée nationale monocolore avec seulement des députés des deux partis de la majorité présidentielle au Parlement.

Aujourd’hui, certaines personnes continuent à se demander si cette question d’impôts n’est pas en réalité une arme politique dont se sert à sa guise le pouvoir en place, pour tenir l’opposition à distance du Parlement. Selon la législation béninoise sur la fiscalité, les personnes ou entreprises qui doivent aux impôts peuvent verser 25% du montant dû et prendre un engagement pour solder le reste. Pourquoi ne pas envisager cette option ? En 2019, l’opposition, la société civile et des ONG comme Amnesty international avaient dénoncé ce qu’elles considéraient être une dérive du pouvoir d’autant plus qu’elle écornait un modèle en termes de démocratie sur le continent africain. Ce bras de fer a conduit le pays dans l’impasse et cherche toujours à retrouver ses repères démocratiques. Ces élections sonnent donc comme une occasion pour rectifier le tir. La classe politique béninoise parviendra-t-elle à trouver un modus vivendi sur cette question ? Quoi qu’il en soit, elle est condamnée tôt ou tard à s’accorder les violons sur cette question du fisc qui plombe le jeu démocratique et le plus tôt serait le mieux.

Abdoulaye BALBONE

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