COP27 : Les attentes de la société civile africaine

Cette COP27 se veut un nouveau souffle à la lutte contre le réchauffement climatique.

Les représentants de la société civile africaine attendent beaucoup de la 27e Conférence des Nations Unies sur le climat qui se tient sur le contient du 6 au 18 novembre 2022, à Sharm el-Cheikh, en Egypte. Au micro de Sidwaya, certains d’entre eux ont exprimés leurs attentes et espoirs mais aussi leurs craintes.

« Il faudrait que l’on la forêt soit au centre des débats », Pr Marie Louise Avana-Tientcheu, African Forest Forum (AFF), Kenya

Le financement de la conservation, de la gestion durable des forêts n’est pas une faveur mais une solution, un investissement pour garantir un résultat sûr et durable.

« Nous avons l’impression que la thématique sur la forêt n’est pas suffisamment présente à cette 27e Conférence des Nations Unies sur le climat. Cela est perceptible non seulement au niveau des thématiques officielles qu’au niveau des évènements parallèles. C’est bien dommage. Alors qu’à la précédente COP, beaucoup d’’engagements avaient été pris sur la forêt. Tout était centré sur la place centrale des ressources forestières en tant que solution, à la fois pour l’atténuation et l’adaptation au changement climatique. Mais la COP27 n’est pas encore finie ; il très tôt de tirer des conclusions. Nous gardons espoir qu’à la deuxième semaine de la conférence, les choses vont changer, surtout que cette COP est placée sous le signe de la mise en œuvre.

Le financement de la conservation, de la gestion durable des forêts n’est pas une faveur mais une solution, un investissement pour garantir un résultat sûr et durable. Je dirais même un investissement à moindre risque qui touche, engage tout le monde avec un résultat garanti.

Il faudrait que l’on la forêt et les populations qui vivent de la forêt, mais aussi son importance en tant que solution d’atténuation et d’adaptation au changement climatique et pour le bien-être des populations au centre des débats. Surtout aussi les possibilités que la forêt offre en termes d’emplois verts. Car l’un des enjeux de cette porte aussi sur l’avenir des jeunes : que va devenir la jeunesse dans ce monde en crise ? La forêt peut offrir la solution !

Si la forêt ne revient au centre des débats à cette COP27, la communauté internationale aurait loupé une grande opportunité de bâtir sur la forêt pour avancer, surtout que la COP se tient en Afrique, le contient qui abrite le deuxième mondial en matière de séquestration de carbone. »


Bridget Mugambe, Alliance pour la sécurité alimentaire en Afrique (AFSA)

« Notre agenda porte aussi la prise en compte du genre, l’implication des femmes dans les négociations. »

« En tant qu’Alliance pour la sécurité alimentaire en Afrique (AFSA), nous sommes à la COP27 pour suivre les négociations du groupe de travail Koronivia sur l’agriculture. Nous espérons qu’à l’issue de ces négociation,s l’agroécologie sera prise en compte dans les décisions finales. L’objectif est aussi de pouvoir échanger avec les négociateurs pour leur faire ce que c’est que l’agroécologie et leur expliquer pourquoi nous faisons la promotion de l’adaptation au changement climatique basée sur les approches agroécologies.

Nous attentons également de voir que les finances climat seront dirigés vers les actions liées à l’agroécologie. Notre agenda porte aussi la prise en compte du genre, l’implication des femmes dans les négociations. Le message fort que nous portons est que les négociateurs reconnaissent l’agroécologie comme approche holistique qui permet d’adresser les différentes problématiques liées à la crise climatique. »


« Tout le monde ne peut avoir accès à la finance climat », Pierre Omer Ouédraogo, Secrétariat permanent des ONG (SPONG), Burkina Faso

« Nous souhaitons, qu’en tant que continent qui subit le plus les effets du changement climatique, le groupe Afrique puisse parler le même langage, pour davantage se faire entendre. »

« Je suis chargé de projet au niveau du projet BENKADI qui est une initiative de la société civile ouest-africaine qui met en œuvre un programme de résilience climatique. Vis-à-vis de cette COP27, nous avons au moins deux attentes. Il s’agit de joindre notre voix à tous ceux qui sont dans le combat contre le changement climatique afin que nous puissions avoir des politiques inclusives à même de permettre de maximiser au mieux la résilience des populations vulnérables aux chocs du changement climatique.

Ma deuxième attente est relative à la finance climat. Aujourd’hui, nous pris en otage par les programmes de financement. Ces programmes ou institutions ont des agendas cachés qui font que tout le monde ne peut pas avoir accès à la finance climat, surtout ceux qui sont sur le terrain en contact direct avec les communautés vulnérables. L’ambition est de faire en sorte que nous puissions sortir de cette contrainte liée aux finances climat qui doivent aller directement aux populations vulnérables.

En matière de politiques inclusives, il s’agit de prendre en compte les populations pauvres qui sont touchées directement par les effets du changement climatique mais qui n’ont pas les moyens de mettre en œuvre des projets de résilience comme les activités génératrices de revenus, la gestion durable de leurs terres. Le message fort que nous lançons est celui de l’appel à l’action et à la synergie d’actions entre les différents acteurs afin que de permettre aux communautés locales d’avoir plus de ressources pour lutter contre le changement climatique. Nous souhaitons, qu’en tant que continent qui subit le plus les effets du changement climatique, le groupe Afrique puisse parler le même langage, pour davantage se faire entendre. »


« Notre agenda qui est défendre nos systèmes de production traditionnels mais aussi l’agroécologie », Ali Aii Shatu, représentante des pasteurs et peuples autochtones du Cameroun

Si nous avons une biodiversité qui est en train de soutenir la vie de l’humanité, c’est grâce au travail abattu par les peuples autochtones.

« Cette COP27 est très important ; les différentes parties prenantes sont venues avec différents agendas. En tant que pasteurs vivant de l’élevage et surtout peuples autochtones, nous sommes là avec notre agenda qui est défendre nos systèmes de production traditionnels mais aussi l’agroécologie pour un système alimentaire durable pour les Africains et les peuples autochtones. Cela est très important pour nous. Car, si nous avons une biodiversité qui est en train de soutenir la vie de l’humanité, c’est grâce au travail abattu par les peuples autochtones.

Les peuples autochtones doivent continuer à travailler au maintien des écosystèmes comme ils l’ont toujours fait, pour ainsi continuer à maintenir l’équilibre des systèmes alimentaires en Afrique. Et c’est pour cela que nous rencontrons, échangeons avec différents acteurs notamment les gouvernements, les fondations, les organisations internationales. La COP est bénéfique pour ce cadre de rencontres fructueuses qu’elle offre.

Aujourd’hui, il y a des gouvernements, des organisations internationales comme les Nations Unies qui connaissent le rôle et l’importance des peuples autochtones. Mais il est important de poursuivre les efforts pour que tout le monde puisse reconnaitre le rôle que jouent les peuples autochtones. »


« Nous sommes heureux de savoir que les dirigeants africains se rejoignent dans leurs discours», Sani Ayouba, l’ONG « Jeunes volontaires pour l’environnement », Niger

« Pour ce qui est des pertes et préjudices, il s’agit d’une question de droits humains, de justice climatique. »

« Nous sommes à la fin de la première semaine de la COP27 qui a été marquée par les discussions, les annonces. Il y a eu le sommet des leaders qui a permis de donner quelques orientations. Nous sommes heureux de savoir que les dirigeants africains se rejoignent dans leurs discours, en termes de solidarité sur la position commune africaine, de reconnaissance des besoins spécifiques de l’Afrique et de l’urgence d’agir rapidement pour tenir les engagements et les promesses pour que l’Accord de Paris sur le Climat puisse être mis en œuvre de manière effective. Nous espérons que la deuxième semaine va permettre de concrétiser les engagements de l’Accord de Paris et même le Pacte de Gasglow.

Pour ce qui est des pertes et préjudices, il s’agit d’une question de droits humains, de justice climatique. Au regard des catastrophes naturelles vécues au quotidien de par le monde et liées au changement climatique, les pays développés n’ont pas le choix que de reconnaitre cette réalité et d’en tenir compte ; surtout qu’ils ont une part de responsabilité. Même si cela reste encore faible, il faut déjà saluer l’engagement de certains pays développés qui ont déjà annoncé des montants pour prendre en charge cette question. Nous espérons que d’ici la fin de la COP27, les négociations vont aboutir à la prise en compte de cet enjeu, de sorte qu’au nom de la justice climatique, il y a un mécanisme de financement spécifique des pertes et préjudices. C’est une question de compensation et les pays développés ont leur rôle à jouer. Car ils ont contribué à polluer le monde, ils sont à l’origine des émissions des gaz à effets de serre. Je pense qu’au nom de la solidarité internationale, ils vont accepter de mettre l’argent sur la table afin que les pays en subissent puissent y faire face.

Pour ce qui est de la participation du Niger à cette COP27, elle est remarquable. Car, non seulement, nous sommes venus avec une forte délégation mais aussi toutes les parties prenantes y sont représentées, à savoir les jeunes, les femmes, le secteur privé, la société civile, les institutions étatiques, la recherche, les ONG internationales. A cela s’ajoute le fait que nous disposons d’un stand durant les deux semaines. Cela va permettre au Niger de présenter ses bonnes pratiques, ses solutions mais également d’organiser les évènements parallèles, de renforcer le plaidoyer pour la mobilisation des ressources et d’accroitre la visibilité du pays et ses programmes stratégiques en termes de résilience face au changement climatique. »


« Depuis des années, on nous promet monts et merveilles…»,Vanessa Mavila, Fondation Eboko, République du Congo

« Nous souhaitons être plus écoutés mais aussi que l’on nous accompagne avec des subventions afin que nous puissions faire face aux effets du changement climatique. »

« La Fondation Eboko mène des actions pour la préservation du patrimoine naturel, culturel, matériel et immatériel. Nous travaillons aussi sur la lutte contre les violences faites aux femmes, l’égalité du genre, l’éducation des enfants à la protection de la nature.

Nous attentons que notre voix soit entendue à cette 27e Conférence des Nations Unies sur le climat. Je viens d’un pays qui a la chance d’avoir le Bassin du Congo, à savoir la République du Congo. Je voudrais rappeler qu’en tant que pays du sud, nous sommes moins pollueurs. Malheureusement, nous ne sommes pas très bien écoutés. Nous souhaitons être plus écoutés mais aussi que l’on nous accompagne avec des subventions afin que nous puissions faire face aux effets du changement climatique.

Pour ce qui est du Bassin du Congo, nous attendions un peu plus de financements ; car depuis des années, on nous promet monts et merveilles qui ne sont pas forcément suivis d’efftets concrets. Nous souhaitons que les décisions qui vont être prises à cette COP soient bien exploitées et déployées sur le terrain. »

Propos recueillis par

Mahamadi SEBOGO

Windmad76@gmail.com

Depuis Sharm el-Cheikh

(Égypte)

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