Marché de bétail de Tanghin : les clients se font rares

A la veille de la fête de Tabaski ou l’Aïd-el-Kébir qui signifie la fête du sacrifice du mouton, les fidèles musulmans s’activent à mettre les petits plats dans les grands pour célébrer cette journée hautement symbolique en islam. Qui de se rendre au marché pour se procurer du bélier sacrificiel. Nous nous sommes rendus au marché de bétail de Tanghin, le jeudi 7 juillet 2022, à Ouagadougou, pour constater l’affluence qui y prévaut. Ils sont nombreux ces vendeurs qui crient à la morosité du marché. Constat !

« Les prix des moutons ont connu une hausse comparativement à l’année passée », note Abdramane Tinto.

Il est 10H50 mn. Nous sommes sur l’avenue du barrage. Direction le marché de bétail de Tanghin sis cette avenue non loin du barrage n°2. Des moutons cordes au coup sont en train d’être conduits au marché par des jeunes gens. Aux abords de la rue, d’autres proposent les leurs aux passants. A 11H03 mn. Nous sommes au portail du marché. Le lieu grouille de monde. Pendant que des clients s’affairent à quitter le marché après avoir acquis leur mouton, d’autres par contre font toujours le tour des lieux pour faire le bon choix. Des vendeurs accourent à notre rencontre pour nous proposer ce qu’ils ont à vendre : les moutons de toutes les formes. « Venez ici, monsieur », nous appellent de part et d’autre les vendeurs des petits ruminants. Muni d’une petite canne, chacun veille sur son troupeau en attendant les clients. Ils s’impatientent. Il ne leur reste qu’une seule journée d’affaires avant la fête. Mais, l’espoir s’amenuise sans que les clients y viennent. Vendeurs et clients, tous embouchent la même trompette. La vie est devenue très chère. Donc, les vendeurs de petits ruminants broient le noir.

Les clients se font rares

Ils ont du mal à écouler les béliers qui devront être immolés le jour de l’Aïd-el-Kébir. « Les gens n’ont pas d’argent cette année », souffle à l’oreille, un sexagénaire qui dit venir se faire une idée du prix des moutons. Un autre client est du même avis. « La vie est chère. L’année passée était mieux. Le mouton qu’on pouvait avoir à 150 000 F CFA l’année passée est vendu à 200 000F CFA environ cette année », déplore, Amado Kiéma. Le représentant des commerçants du marché de bétail de Tanghin, Boureima Tapsoba, indique que le prix minimal d’un bon bélier pour la fête de Tabaski est de 100 000 F CFA et 475 000 F CFA au maximum. Mais, il pointe du doigt la crise économique exacerbée par la crise sécuritaire que traverse le pays des Hommes intègres. « Cette année, il n’y a pas de marché. Les moutons coûtent cher. Nous n’avons jamais connu une telle situation », confie M. Tapsoba. A cet effet, il fait savoir que les commerçants ont des difficultés d’écoulement. Par ailleurs, il souligne que comparativement à l’an passé à la même période, soit deux jours avant la fête, les lieux étaient bien achalandés. Mais hélas ! Le constat est amer. Dans l’enceinte de la cour, on dénombre plus de vendeurs que d’acheteurs. Les rares clients qui visitent les lieux déplorent la cherté des bêtes. « Les prix ont, comparativement à l’année passée, connu une hausse », note Abdramane Tinto, un client. Avec un budget de 100 000 F CFA, il explique avoir fait le tour du marché sans se trouver un bélier à la hauteur de son ambition. Contrairement à M. Tinto, un autre client du nom de Ahmed Guindo trouve abor-dable le prix des moutons.

Le facteur insécurité

« Cette année, il n’y a pas de marché. Nous n’avons jamais connu une telle situation », confie le représentant du marché de bétail de Tanghin, Boureima Tapsoba.

« Ce que je constate est que les prix sont bons malgré les situations sécuritaire et économique difficiles du pays », s’exprime-t-il. Car, explique-t-il, cela est dû au fait que des personnes en zone à fort défi sécuritaire ont vendu leur cheptel de peur de se faire voler par les groupes armés qui, depuis un certain temps, s’adonnent au vol d’animaux. « La dernière fois, plus d’une centaine de camions remplis de bétail à quitter Dori pour rallier Ouagadougou à cause des difficultés d’entretenir, des cas de vol », évoque M. Guindo. Et d’ajouter qu’à 75 000 F CFA, il est possible de s’offrir un bélier. Autre lieu, autre constat. Un troupeau de moutons se distingue des autres.

Difficile de passer sans contempler ces bêtes qui, de par leur corpulence bien bâtie et des cornes bien ramifiées, donnent de l’éclat au marché de bétail où les excréments et restes de foins meublent le décor. C’est Omar Boro qui s’en charge du commerce de ces bêtes. Chez lui, les affaires marchent de plus en plus bien. « Les prix sont bons, mais les gens ne viennent pas comme on le souhaite, car ils pensent que c’est cher », laisse entendre M. Boro. Il reconnait tout de même que le renchérissement du coût de la vie est dû au terrorisme que vit le pays des Hommes intègres depuis sept ans. Chez moi, martèle-t-il, les prix des béliers varient entre 275 000 et 475 000 F CFA. « J’ai vendu dix moutons dans un intervalle de trois jours », raconte Omar Boro. A cette veille de la fête de Tabaski, les vendeurs de petits ruminants fondent l’espoir sur les clients de dernière minute pour se faire beaucoup d’argent.

Dô DAO (Stagiaire)

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