Développement des industries culturelles en Afrique : le Burkina propose des solutions

A l’occasion de la réunion ministérielle africaine de la Culture, un panel a été organisé sur la thématique : « Investir dans les industries culturelles et créatives », le mardi 23 mai 2023, à Salé, une ville située à un jet de pierre de Rabat, la capitale marocaine.

Tourisme et culture sont étroitement liés. Et, une étude de l’Organisation de coopération et de développement (OCDE) en date de 2013 a montré que 40 % des touristes dans le monde choisissent une destination de voyage pour son offre culturelle. Cette étude dit également que les touristes culturels dépensent 1/3 de plus que les autres touristes, a affirmé la fondatrice du festival Gnaoua et musique du monde d’Essaouira et présidente de la commission des affaires étrangères, chambre des conseillers du Maroc, Neila Tazi, à l’occasion du panel organisé, le 23 mai 2023, à Salé, une ville située à un jet de pierre de Rabat, la capitale du Maroc, sur le thème : « Investir dans les industries culturelles et créatives ». La panéliste a également fait savoir que les conclusions de cette étude disent que les politiques de tourisme culturel durable portent ses fruits au bout de 20 à 25 ans. « Notre expérience au Maroc confirme ce chiffre. Globalement, au Maroc, nous savons que 60 % des visiteurs viennent pour son offre culturelle. Ce sont des chiffres qui sont parlants et doivent nous convaincre de la nécessité d’accélérer les réformes pour doter la culture des moyens et l’ambition dont elle a besoin », a indiqué Mme Tazi. Les industries culturelles et créatives sont un enjeu essentiel de notre développement, a-t-elle dit. « En Afrique, pour saisir la pleine potentialité, nous devons l’aborder dans sa dimension traditionnelle et moderne », a-t-elle signifié. Comment faire rayonner nos traditions et notre patrimoine ? A cette interrogation, elle a expliqué que les détenteurs de ces savoir-faire traditionnels sont les dépositaires de la culture vivante et immatérielle, des cultures garantes de notre réalité, de nos spécificités, du récit qu’on veut raconter au reste du monde. Pour que la culture soit prise plus au sérieux, a proposé la panéliste, l’Afrique doit l’inscrire dans son discours à la fois politique, économique et social. Quelle est la difficulté des industries culturelles et créatives ?

Une fiscalité audacieuse

De ses dires, la plus grande est l’accès au financement et ce secteur a besoin d’une volonté politique et une gouvernance pour surmonter ces difficultés. « Ce secteur a aussi besoin d’une législation et d’une fiscalité audacieuse, mais aussi d’un cadre solide pour les droits d’auteur, d’un marché structuré », a insisté la panéliste. A ce panel qui a réuni plus d’une trentaine de ministres en charge de la culture, le ministre burkinabè, Jean Emmanuel Ouédraogo, a partagé l’expérience du Burkina. A l’analyse, a expliqué M. Ouédraogo, la plupart de nos Etats ont leur politique en la matière. Au Burkina, il existe le Fonds de développement culturel et touristique (FDCT). Il a dit à ses pairs que créé en 2016, ce fonds a pour vocation de travailler à l’émergence et à l’épanouissement des industries culturelles et créatives. « Aujourd’hui, les infrastructures sont un maillon essentiel. Car, lorsqu’on a des fonds pour faciliter l’émergence des industries culturelles et créatives, il faut après des infrastructures appropriées pour la création, surtout pour la diffusion », a insisté le ministre. Au-delà des infrastructures, il y a la nécessité d’une politique supranationale parce qu’une entreprise créée au Burkina dont le marché se résume aux limites territoriales du Burkina, ne peut pas aller plus loin, parce qu’elle se heurte à un certain nombre de contraintes, de disparités qui ne facilitent pas la circulation de ce qui est créé par cette entreprise. Alors, selon lui, il est clair que nous allons avoir des microentreprises. Paraphrasant André Malraux, le ministre Ouédraogo a dit que la culture est le chemin le plus court de l’Homme vers l’Homme. Il a ajouté : « c’est pour dire que la plupart de ce qui est produit par ces entreprises culturelles ont toutes les qualités pour voyager partout. Comme on le dit, l’art n’a pas de frontières ». Malheureusement, a insisté Jean Emmanuel Ouédraogo, tant qu’on n’aura pas de politique supranationale qui facilite la circulation des œuvres produites par ces entreprises, elles vont émerger, mais auront du mal à éclore et à prendre les dimensions souhaitées.

Abdel Aziz NABALOUM

emirathe@yahoo.fr

Salé, (Maroc)

Laisser un commentaire