ECOMEDIAS/Zoom sur l’agroalimentaire : transformation des jus naturels : Glou, un délice de Agro Deogracias SARL

Les jus naturels d’Agro Deogracias …

Jus naturels de mangue, de bissap, de pain de singe (toedo), de liane (wèda), de tamarin, de jujube, de gingembre, de goyave, etc. L’entreprise agroalimentaire Agro Deogracias SARL s’est spécialisée dans la transformation d’une douzaine de gammes de jus naturels à base de produits locaux du terroir et commercialisés sous la marque Glou, depuis une vingtaine d’années. Le journal de tous les Burkinabè, Sidwaya, a effectué une visite guidée dans cette unité, le jeudi 14 mars 2024. Titulaire d’une maitrise en biochimie-microbiologie appliquée de l’université de Ouagadougou en 1992, Euther Diendéré, ancien professeur de SVT des lycées est la promotrice et directrice de cette entreprise.

L’idée de mettre en place une unité de transformation agroalimentaire en mai 2000 répond à sa volonté de relever un défi : « celui de mettre sur le marché des produits sains qui protège la santé des consommateurs ». « Le premier impact recherché est d’offrir à la population des boissons naturelles sans risques sanitaires, surtout que nous avons aujourd’hui beaucoup de boissons gazeuses qui sont nocives à la santé. Les produits Glou sont une alternative à ces boissons gazeuses.

La plupart des problèmes de santé de nos jours sont liés à l’alimentation », explique-t-elle. Et la particularité des jus Glou est qu’ils sont naturels, riches en anti-oxydant, en sels minéraux qui renforcent le système immunitaire de l’Homme. « C’est notre processus de transformation qui permet de garder les éléments nutritifs naturels. Nous avons une formulation bien étudiée, surtout avec un dosage du sucre en quantité minime. Nos jus sont donc destinés à tout le monde, des enfants aux adultes », ajoute-t-elle.

Analyses au laboratoire avant mise en consommation

… sont distribués partout au Burkina à travers les supermarchés, les hôtels,
les boutiques, les institutions, etc.

Attachée à son objectif de mettre à la disposition des populations des produits de qualité, l’entreprise mise sur l’intégration de la démarche qualité dans ses processus de transformation agroalimentaire. La politique qualité Agro Deogracias est basée sur le respect des normes en la matière sur tout le processus de production qui va de la cueillette de la matière première au produit fini.

« Nous avons un regard sur la démarche qualité. Nous faisons des formations et des recyclages sur les bonnes pratiques d’hygiène, de fabrication, de cueillette, de conservation, de transport. Le personnel joue un rôle capital dans cette politique », argumente Mme Diendéré.

Selon le chef de production d’Agro Deogracias, Benjamin Compaoré, de la réception de la matière première au conditionnement, en passant par le lavage, le broyage, le tamisage, la pasteurisation, le capsulage, l’étiquetage, les règles d’hygiène sont respectées par le personnel qui est sensibilisé et qui s’applique. Le produit fini est soumis à une analyse au laboratoire national de santé publique avant sa mise en consommation, précise-t-il.
Pour matérialiser son attachement à la qualité, l’entreprise est aujourd’hui engagée, confie sa première responsable, dans un processus de certification à la norme de sécurité des aliments HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point) et à la norme nationale NBF.

Agro Deogracias investit également dans le respect des normes environnementales, en matière de prélèvement des ressources naturelles. L’entreprise s’est attachée les services de spécialistes qui accompagnent son réseau de plus de 300 fournisseurs, composé à 80% de femmes réparties dans les différentes régions du pays et qui les forment en techniques de cueillette des produits forestiers non ligneux, de préservation des ressources naturelles.

Créée sous forme d’entreprise individuelle en 2000 et restructurée en SARL en 2017, avec une capacité de production journalière de 1 000 litres, Agro Deogracias produit 500 litres par jour, soit entre 1 200 à 1 500 bouteilles de 33 centilitres. Ces produits sont distribués à la clientèle composée des hôtels, des restaurants, des entreprises, des administrations publiques, des services traiteurs, des particuliers, confie sa responsable commerciale et marketing Simone Somda.

« Nous avons un bon retour des clients. Ils apprécient nos produits, surtout qu’ils ne contiennent pas assez de sucre. Nous invitons les consommateurs à prendre les jus naturels Glou faits à base de produits locaux, pour leur santé, leur bien-être », lance-t-elle.
Aujourd’hui, l’entreprise, symbole de développement endogène, a un impact socioéconomique certain. En sus de fournir des jus naturels de qualité qui participent à la santé des consommateurs, elle emploie 25 personnes dont 18 femmes.

Quatre employés sont déclarés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), confie sa directrice. « Les employés nourrissent leurs familles grâce à l’entreprise qui est également une source de revenus pour les centaines de producteurs ruraux qui sont nos fournisseurs en matières premières », se réjouit Euther Diendéré.

Rosine Pengwendé Sawadogo est l’assistante de la directrice d’Agro Deogracias. Elle ne cache pas sa satisfaction d’appartenir à cette entreprise. « Ici, nous sommes comme une famille. Nous travaillons dans un bon climat social. Sur le plan salarial, je ne me plains pas, mes revenus me permettent de subvenir à mes besoins », laisse-t-elle entendre.

Satisfaction des clients et partenaires

La promotrice d’Agro Deogracias, Euther Diendéré : «le premier impact recherché est d’offrir à la population des boissons naturelles sans risques sanitaires ».

Elle salue l’initiative de sa patronne de créer une entreprise qui est aujourd’hui source d’emplois pour la jeunesse. La société participe également à la formation professionnelle des étudiants qui sortent des universités publiques et privées. Chaque année, elle reçoit en moyenne une dizaine de stagiaires venant des institutions de formation.
Le travail de d’Agro Deogracias est bien apprécié par ses clients et partenaires. Depuis 2018, l’Hôtel des conférences Ouind Yidé (HCOY) achète d’importantes quantités de jus Glou par semaine.

« Ce qui a motivé notre choix des jus Agro Deogracias, c’est tout d’abord la qualité. Ensuite, la réactivité en termes de livraison et d’écoute, mais aussi la compétitivité des prix. Nous avions auparavant essayé d’autres marques sans trouver satisfaction, soit la qualité n’y était pas, soit les commandes ne sont pas livrées pas à temps. Ce qui nous mettait en difficulté avec nos clients », explique la directrice du département économat et restauration de cet établissement hôtelier, Priscille Adonija Tchibassa/Yameogo. Elle ajoute que certains des clients de l’hôtel demandent le contact d’Agro Déogracias pour des commandes personnelles.

L’Agence de financement et de promotion des Petites et moyennes entreprises (AFP-PME), l’un des partenaires de cette entreprise lui a accordé un financement pour la construction de son siège et l’acquisition des équipements de transformation. L’AFP-PME a également participé à la promotion des produits Glou à travers l’accompagnement de la société, à la participation à des foires d’exposition. Aujourd’hui, ce partenaire ne regrette pas d’avoir financé cette entreprise de transformation agroalimentaire qui a une vision claire de son développement et qui mise sur la qualité de ses produits, fait savoir le directeur technique régional du Centre de l’AFP-PME, Florentin Bagora Bado.

Et le fait que la promotrice soit un biochimiste de formation fait qu’elle tient compte de la préservation des valeurs nutritives de ses produits, effectue des dosages équilibrés, notamment en matière de sucre, contrairement à certains jus qui sont sur le marché. Toutes ces précautions, poursuit-il, donnent à la fin, des jus naturels de qualité qui ne nuisent pas à la santé du consommateur.

Le potentiel de croissance d’Agro Deogracias, sa contribution à la lutte contre le chômage et à l’employabilité des jeunes sortant des écoles de formation, à la création de valeur ajoutée, de richesses et à la promotion de l’endogène, la mise à disposition sur le marché des produits de qualité sont des éléments qui ont pesé dans le choix de financer cette entreprise, argumente M. Bado. Sans oublier son modèle économique en termes de viabilité et de rentabilité. « C’est une entreprise qui se positionne dans la durée et qui a sa place dans la promotion des produits made in Burkina », conclut-il.

Une référence dans la promotion du « made in Burkina »

Agro Deogracias emploie 25 personnes dont 18 femmes.

A termes, l’entreprise a l’ambition d’aller à une production à grande échelle, d’assurer une forte visibilité de ses produits et sa présence sur le plan national et de partir à la conquête du marché international, en commençant par le marché sous régional. Mais malgré les acquis et la volonté de son promoteur, les contraintes ne manquent pas.

Les problèmes d’approvisionnement en matières premières, aggravés par l’insécurité qui a rendu certaines zones inaccessibles, la conservation de la matière première qui demande des investissements dans la chaine du froid, les fluctuations des prix des matières premières, l’éternel problème d’emballages sont autant de difficultés majeures qui freinent le développement du secteur de la transformation agroalimentaire, égrène Mme Diendéré.

A ces obstacles, s’ajoute la forte taxation des équipements de transformation agroalimentaire qui engendre un renchérissement de leurs coûts d’acquisition, sans oublier la culture du consommons local qui reste encore faible, déplore la directrice d’Agro Deogracias. Si elle salue l’intérêt marqué du politique pour la transformation agroalimentaire qui constitue un avantage, elle estime qu’il y a encore des efforts à faire pour booster le secteur, surtout dans le domaine de la commercialisation.

« Lors des ateliers, nous remarquons que ce ne sont pas les produits locaux qui y sont servis. Il faut encore sensibiliser, prendre des décisions fortes pour encourager le consommons local. Lors d’une mission au Ghana, j’avais amené mes produits pour y vendre mais les Ghanéens ont refusé d’en acheter, car ils ne consomment que ce qui est produit localement.

Cela m’a fortement marquée. Ici, nous chantons le consommons local, mais nous ne sommes pas à ce niveau de patriotisme économique des Ghanéens. Il est souhaitable que le politique œuvre à ce que nous y arrivions », suggère Euther Diendéré. Aux Burkinabè, elle les invite à consommer local. Car, non seulement, cela renforce leur santé, mais aussi ils contribuent ainsi à aider les producteurs qui se battent nuit et jour pour avoir des sources de revenus et à créer de l’emploi, de la richesse pour leur pays.

Mahamadi SEBOGO
Windmad76@gamil.com

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