La Société africaine d’ingénierie et d’intermédiation financières (SA2IF) est l’arrangeur principal et chef de file de l’opération d’emprunts obligataires par appel public à épargne lancée par le Trésor public burkinabè du 11 avril au 02 mai 2024, et qui a permis de mobiliser sur le marché financier régional 130 milliards F CFA sur un objectif initial de 120 milliards F CFA. Dans cette interview accordée, le lundi 20 mai 2024, à Sidwaya, son Président directeur général (PDG), Dr Kubterzié Constantin Dabiré, revient sur les facteurs déterminants du succès de cette opération.
Sidwaya (S) : Le Burkina Faso, à travers le Trésor Public, a lancé du 11 avril au 02 mai 2024, une opération d’emprunts obligataires par appel public à l’épargne. Pour 120 milliards attendus, environ 130 milliards FCFA ont été mobilisés sur le marché financier régional. Comment avez-vous accueilli ce résultat qui est au-delà de l’objectif fixé par l’Etat burkinabè ?
Kubterzié Constantin Dabiré (K.C.D) : Nous sommes bien ravis par les résultats exceptionnels de l’opération d’emprunts obligataires lancée par le Trésor public du Burkina Faso, au vu du contexte sous régional marqué par les tensions de liquidité, les défis sécuritaires, etc. La mobilisation de près de 130 milliards FCFA sur le marché financier régional témoigne non seulement de la confiance des investisseurs dans l’économie burkinabè, mais également de la robustesse et de l’attrait croissant du marché financier régional. En dépassant largement l’objectif initial de 120 milliards F CFA, cette réussite démontre la vitalité et le dynamisme de notre marché financier local, ainsi que la capacité des acteurs régionaux à répondre de manière proactive aux besoins de financement du pays. Cela ouvre également de nouvelles perspectives passionnantes pour le développement économique et financier du Burkina Faso, en renforçant sa position en tant que centre financier régional émergent.
S : Au regard du contexte national et international, ce succès est-il une surprise ou était-il prévisible ?
K.C.D : Effectivement, le défi était de taille. Mais les enjeux sont si cruciaux que le succès était la seule issue possible. Nous avions une confiance absolue dans la capacité de l’Etat à surmonter les obstacles posés par la crise sécuritaire et ses répercussions économiques.
S : Quels sont les facteurs déterminants du succès de cette opération de mobilisation de financements ?
K.C.D : Il est vrai que la conjoncture économique régionale et mondiale est marquée par une certaine tension, étant donné que plusieurs pays de la zone sont confrontés aux mêmes défis sécuritaires, auxquels s’ajoute la crise de liquidité générale. Mais, il faut dire qu’en dépit de ces difficultés, le potentiel économique et les opportunités de croissance du Burkina Faso demeurent prometteurs, notamment dans des secteurs-clés. Le succès de cette opération est rendu possible grâce à la forte implication du Trésor public et aussi du ministère de l’Economie, des Finances et de la Prospective. Autre chose, malgré le contexte, le Burkina Faso est resté résilient et n’a jamais fait défaut tant sur le marché financier régional qu’international. En effet, pour l’année 2024, les perspectives demeurent globalement bonnes. En ce qui concerne la balance des paiements, un excédent de 43,5 milliards FCFA est prévu pour 2024, en hausse de 120% par rapport à l’année précédente. Les années suivantes devraient voir une progression continue des exportations et des importations. De même, la balance des biens devrait afficher un excédent de 167,8 milliards F CFA en 2024. Au niveau des finances publiques, le Burkina Faso enregistre un certain nombre de performances. On note, entre autres, une maitrise du déficit budgétaire qui passe de l’ordre de 6% à 4,9%, la progression des recettes publiques de l’ordre de 13% par an, la stabilisation de la croissance économique, car malgré le contexte régional et les défis sécuritaires, le Burkina Faso reste un pays en croissance.
S : Qui sont ceux qui ont souscrit à cet emprunt obligataire par appel public à l’épargne ?
K.C.D : Les pays ayant participé à cette opération sont, entre autres, le Burkina, le Togo, le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Niger. A travers cette opération, retenons que le système financier régional a encore réaffirmé sa confiance aux capacités de l’Etat burkinabè, avec une participation à hauteur de 44% du secteur bancaire suivi des organismes de retraites/pensions et du secteur des assurances, respectivement à hauteur de 23% et 14%.
S : Cette opération constitue-t-elle donc la preuve que malgré tout, le Burkina Faso reste un pays qui jouit de la confiance des investisseurs ?
K.C.D : Bien sûr. Il faut dire effectivement que le succès enregistré lors de cette opération du Burkina Faso témoigne de sa crédibilité et de la qualité de sa signature. Un peu plus haut, nous disions que malgré le contexte, le Burkina est resté résilient et n’a jamais fait défaut tant sur le marché financier régional qu’international. C’est un élément important pour sa crédibilité qu’il a su garder pour susciter la confiance des investisseurs.
S : Quelle sera la destination de ces 130 milliards F CFA mobilisés sur le marché financier ?
K.C.D : Le présent emprunt obligataire va donc permettre de financer les projets prioritaires du pays, particulièrement les projets qui sont inscrits au budget de l’Etat exercice 2024.
S :Pouvez-vous présenter votre structure qui a conduit cette opération à succès avec d’autres acteurs ?
K.C.D : Arrangeur principal et chef de file de cette opération, la Société africaine d’ingénierie et d’intermédiation financières (SA2IF) est le nouvel arrivant du marché régional des SGI (Société de gestion et d’intermédiation). Constituée le 2 février 2022 avec un capital d’un milliard FCFA, la société, basée au Burkina Faso, a obtenu l’agrément de l’AMF UEMOA (Ex- CREPMF), le régulateur du marché financier régional, depuis le 5 août de la même année.
La SA2IF en se positionnant comme la référence en termes d’accompagnement des entreprises, veut contribuer au développement du marché financier de l’UEMOA et aider le potentiel dormant du marché en termes de mobilisation de ressources pour les Etats et le secteur privé. Elle assure ainsi les opérations classiques d’une SGI (courtage, placement, conservation, gestion sous mandat), les opérations d’ingénierie financière et se positionne comme une référence en matière d’accompagnement des Etats et des entreprises sur le marché financier de l’UEMOA. Mieux, la SGI intervient sur le segment du conseil et a développé une expertise avérée en matière de financement des infrastructures, d’accompagnement de l’industrie financière africaine à travers la Gestion Actif Passif (ALM). C’est donc dans cette dynamique qu’elle organise du 10 au 14 juin 2024 un séminaire sur la thématique de la Gestion Actif Passif dédié aux techniciens, aux directions générales, aux membres des conseils d’administration des compagnies d’assurances, réassurances, banques, caisses de retraite et de pension.
Interview réalisée par Mahamadi SEBOGO
windmad76@gmail.com