Escadron de sécurisation routière et d’intervention de la 2e Légion de gendarmerie : Immersion dans le double front des offensives sécuritaires et agricoles

Le labeur des combattants ESRI II a permis de récolter plusieurs tonnes de vivres.

Dans le cadre de la stratégie nationale alliant défense, sécurité et autosuffisance alimentaire, l’Escadron de sécurisation routière et d’intervention de la deuxième Légion de gendarmerie (ESRI II), déployé dans la commune rurale de Bondoukuy, dans la région de Bankui, a bénéficié de ses hôtes plusieurs hectares de terres cultivables sur lesquels, il a emblavé une dizaine de spéculations. Une initiative qui s’inscrit dans la vision du gouvernement burkinabè, qui considère la lutte pour la souveraineté alimentaire avec la même détermination que celle contre l’insécurité. Reportage.

Mi-novembre 2025. A l’aube d’un mardi, le commandement du détachement de l’Escadron de sécurisation routière et d’intervention de la deuxième Légion de gendarmerie (ESRI II) Bondoukuy, sonne le rassemblement. Le briefing fut bref, car l’horizon rougeâtre annonce très bientôt les premiers rayons du soleil. Des consignes sécuritaires sont données, des noms de code sont attribués. L’ensemble des éléments de la base y compris les visiteurs prennent part à la montée des couleurs. Après on passe à la soupe avant que le coordonnateur de la mission, l’adjudant-chef de gendarmerie Zakari Zougmoré, ne livre le programme de la journée.

Le capitaine Sanky, commandant du détachement ESRI II de Bondoukuy, donne les dernières consignes à ses hommes avant le départ pour les sites de production agricole. Sur les routes départementales, on manœuvre à la manière stricte des ESRI. Les communications radio permettent aux éléments d’être informés en temps réel et d’harmoniser leur élan de progression. Les villages et hameaux de culture de Bondoukuy sont certes débarrassés des terroristes et une phase de consolidation est mise en place, mais ces routes peuvent toujours cacher des engins explosifs mortels. La prudence, la vigilance et la concentration sont les maitres- mots.

Pour le commandant du détachement ESRI II de Bondoukuy, le capitaine Sanky, les activités rurales effectuées par ses hommes n’affectent pas là surveillance et la sécurisation du territoire.

Le détachement, du fait de sa parfaite intégration a bénéficié de plusieurs champs qu’il exploite à travers une commune constituée de 32 villages avec une population estimée à 4 000 habitants, selon le recensement de 2006. La fertilité de ses terres cultivables et sa pluviométrie abondante et bien repartie dans le temps font de cette commune une zone au potentiel agricole indiscuté. Le détachement ESRI y dispose de plusieurs champs.

Des espaces qui ont permis aux hommes du capitaine Sanky d’emblaver pour la campagne agricole humide 2025-2026, 17 hectares de maïs, 15 hectares de niébé, 4 hectares d’arachide, 2 hectares de riz, 2 hectares de soja et 3 hectares de pastèque, de l’oseille (…) grâce au soutien et l’appui de la Zone d’appui technique en agriculture (ZATA) de Bondoukuy, qui a fourni des engrais subventionnés et les conseils sur les itinéraires de productions (période des semis, de sarclage d’épandage des fertilisants).

Etroite collaboration

La sortie terrain guidée en cette période de récolte a permis de faire le tour de quelques sites et de toucher du doigt l’envergure des initiatives agricoles de l’ESRI II Bondoukuy. Sur le premier champ situé en hauteur par rapport à la base, la récolte du niébé est effective et a permis au détachement de disposer d’assurer des rations équilibrées. Et lorsque nous arrivons au deuxième champ, situé à 10 kilomètres de la caserne, les populations résidentes et les VDP étaient à pied d’œuvre dans une action de travaux communautaires pour accompagner le détachement dans la récolte.

Pour le capitaine Sanky, commandant du détachement, c’est la preuve que tout se fait en étroite collaboration avec les populations et les VDP dont la plupart profite apprendre des techniques culturales qui serviront à leur vie future. Parlant de l’obtention et de l’exploitation des champs, le commandant du détachement rassure que les démarches ont été courtoises et axées sur la confiance dont l’unité disposait auprès des notables du village.

« Dès lors que nous avons recouvré l’accalmie dans notre zone d’opération, nous avons fait part à la hiérarchie de notre volonté de produire. L’accord obtenu, nous avons approché les

Les coutumiers et religieux comme le grand imam de Bondoukuy, Seydou Touré, multiplient les prières à l’endroit des combattants.

propriétaires terriens qui ont répondu favorablement à notre demande. Rapidement, nous avons démarché un tracteur, procédé aux labours, puis l’acquisition de la semence avant de passer aux semis, sarclages, etc. A chaque étape opérationnelle, nous avons été assistés par les populations et les VDP avec qui nous avons de très bonnes relations », explique tout satisfait le capitaine Sanky. Ses dires sont corroborés par les notables de Bondoukuy qui ont tous souligné la cordiale collaboration entre le détachement et les populations locales.

« Chez nous, on a coutume de dire que le bon enfant (respectueux) verra toujours ses désirs assouvis auprès de ses géniteurs », a résumé le chef de terre de Bondoukuy, Zoutian Coulibaly. Le protocole mis en place pour concilier les travaux champêtres des activités de surveillance et de sécurisation du territoire est dur mais, les éléments ont tenu et à l’heure des récoltes, tout le détachement se réjouit des résultats surtout que la production est prioritairement destinée à la consommation de la caserne.

Faire don de l’excédent céréalier

Au décompte partiel durant notre séjour, le détachement évalue ses rendements à plus de 20 tonnes maïs, 8 tonnes niébé, 4 tonnes soja, 10 tonnes de riz etc.
Assisté dans ses opérations par l’adjudant-chef « Nèkè » (le fer en dioula), le capitaine Sanky dit saluer la vision du président du Faso dont la dynamique est d’atteindre par tous les moyens nécessaires l’autosuffisance alimentaire et nutritionnelle à court terme. « Notre mission première dans cette localité était de veiller à la sécurisation des personnes et de leur bien, de défendre l’intégrité du territoire.

C’est parce que la situation sécuritaire dans la zone nous le permet que nous produisons et élevons pour accompagner les combats en faveur de l’autosuffisance alimentaire », explique l’officier de gendarmerie avant de préciser que l’excédent céréalier sera mis à la disposition des personnes nécessiteuses à travers des circuits officiels d’aide aux déplacés internes et aux veuves et orphelins des FDS tombés au combat. Pour ne pas croiser les bras à aucun moment, la culture de contre-saison est également en perspective pour accompagner la population mais aussi renforcer les stocks alimentaires de la base.

Le canton de Bondoukuy exprime son satisfecit aux différentes actions menées par les éléments ESRI II.

Le capitaine Sanky très respecté de ses hommes est aussi soutenu dans ses initiatives de développement par les éléments de la caserne. C’est ce que le soldat Delta Force explique lorsqu’il affirme que tout combattant doit être polyvalent, c’est-à-dire allier défense du territoire à la production agrosylvopastorale. D’ores et déjà, à côté des activités agricoles, le détachement fait aussi dans l’élevage de grands et petits ruminants, mais aussi de volaille. Des actions qui renforcent la qualité de « la soupe » pour les combattants.

Grâce à une bonne organisation interne du travail, toutes ces initiatives s’opèrent normalement sans faire baisser la garde des combattants. « Nous n’avons pas perdu de vu notre mission première de combattant. Notre organisation pratique permet de concilier les productions initiées tout en restant efficace dans la lutte contre le terrorisme », affirme le Faucon (nom de guerre). Une détermination qui séduit et fait prendre conscience aux populations locales que « seul le travail fait l’homme et que la lutte libère ».

Le chef VDP, Lota Tamini très proche des éléments du détachement voue une grande admiration aux combattants ESRI. Il explique que le travail de la terre était jusque-là vu comme l’activité de ceux qui ont échoué à l’école, ceux qui n’ont rien à faire. Mais avec les initiatives du détachement ces préjugés ont disparu puisque des gendarmes vont également au champ comme les producteurs. Ce qui constitue une source de motivation et rehausse l’image du paysan.

Créer des conditions de résilience

L’un dans l’autre, cette approche intégrée de défense et de production agricole est
essentielle pour renforcer la résilience des forces de sécurité et des communautés locales. En associant les efforts de sécurisation du territoire à des initiatives de production agricole, le pays avance progressivement au fil des ans vers une souveraineté alimentaire durable et inclusive. De l’appréciation populaire des ressortissants de Bondoukuy, notamment la veille cito- yenne, les éléments ESRI et le reste de la population forment une famille dotée d’une vision unique de sécurisation, et une volonté de créer des conditions résilientes.

Le chef de Zata qui a fourni les engrais et assuré une assistance technique sur le respect des itinéraires voit en cette initiative de l’ESRI II de Bondoukuy une démonstration parfaite qui témoigne que la reconquête du territoire et la souveraineté alimentaire sont des objectifs complémentaires, à même de renforcer la stabilité et le développement du pays. Le chef de terre, Zoutuan Coulibaly, salue la franche collaboration et précise que des terres ont été mise à la disposition de l’unité de commun accord. De son point de vue, le travail

Pour le volet élevage le détachement a acquis une machine de fabrication locale servant
à produire les aliments pour bétail.

champêtre des combattants a contribué à renforcer le lien en la population et le détachement, rassurer la quiétude des producteurs dans les hameaux de culture et relever le niveau de sécurisation et de pacification des localités jadis sous menaces terroristes.

La meilleure façon d’avoir la sympathie et la collaboration d’un peuple, c’est de s’identifier à ce peuple à travers son mode vie, sa culture et ses traditions. La communauté musulmane garde une bonne image de ESRI 2. Et le grand imam de Bondoukuy, El hadj Seydou Touré, défini le détachement comme un sauveur aussi bien sur le plan de la sécurisation du territoire que du développement local durable. En clair, les actions de ESRI II illustrent bien la mise en œuvre concrète de l’« Offensive agropastorale et halieutique 2023-2025 », un plan gouvernemental de 592 milliards F CFA visant à atteindre la souveraineté alimentaire et à créer au moins 100 000 emplois décents dans le secteur agropastoral pour les jeunes, les personnes déplacées internes et les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP).

Wanlé Gérard COULIBALY

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