Un panel sur « Investigation et lutte contre la corruption et les flux financiers illicites » a été organisé, le jeudi 11 novembre 2021 à Ouagadougou, à l’occasion du Festival international de la liberté d’expression et de la presse (FILEP).
David Dembélé du Mali, Noël Konan de la Côte d’Ivoire et Momar Niang du Sénégal, journalistes d’investigation, ont partagé leurs expériences au cours du panel sur « Investigation et lutte contre la corruption et les flux financiers illicites », le jeudi 11 novembre 2021 à Ouagadougou. Ce panel entre dans le cadre des activités de la IXe édition du Festival international de la liberté d’expression et de la presse (FILEP).
Pour l’occasion, ces spécialistes de l’investigation ont confié avoir travaillé ou bénéficié des travaux d’un consortium de journalistes sur des sujets comme Panama Papers, Swiss Leaks, West Africa Leaks et Pandora Papers et autres. Ainsi pour Momar Niang de Ouesta News du Sénégal, s’attaquer au phénomène des finances offshore est quelque chose de pénible. Car, de son avis, il convient de savoir qu’on a affaire à un domaine dont on n’est pas spécialiste. Par conséquent, il faut s’outiller afin de l’appréhender, conseille-t-il.
« Cela passe par l’acquisition de connaissances sur les finances internationales qui ont ses pratiques et standards », a-t-il indiqué. Quant au journaliste d’investigation à L’Investigateur du Mali , David Dembélé, il a souligné que parler des flux est une passion. Il a ajouté que ce domaine rime avec la complexité parce les documents relatifs à ce secteur demandent un travail d’analyse et d’interprétation profonde qui appelle à d’autres ressources.
Après ce travail d’analyse et de compréhension, M. Dembélé a laissé entendre que le journaliste doit faire ressortir uniquement les faits sans commentaire. En outre, il a indiqué que dans ce domaine, la solidarité entre les journalistes est importante parce qu’elle aide à accéder à des informations lointaines permettant à l’investigateur de progresser dans ses recherches. Noël Konan de la Côte d’Ivoire précédemment journaliste à L’Eléphant Déchaîné s’est, lui, attardé sur des définitions de concepts. Ainsi selon lui, les flux financiers concernent tout ce qu’il y a comme transactions financières d’un pays à un autre. « Certains de nos dirigeants ou concitoyens utilisent ces circuits de transaction dans les cas de blanchiments de capitaux ou bien pour éviter de payer les fiscalités », a-t-il dit.
A titre illustratif, M. Konan a parlé du fait que le Premier ministre ivoirien, Patrick Jérôme Achi, détenait une société offshore aux Bahamas. Et il avait créé, a-t-il poursuivi, une société en Côte d’Ivoire qui l’a aidé dans le cadre de cette activité. « Quand j’ai voulu rencontrer le Premier ministre pour comprendre davantage, ce dernier est rentré dans un mutisme total », a-t-il expliqué. Face à cette situation, Noël Konan a regretté que son média ne l’ait pas soutenu.
Il a dit avoir été obligé de faire publier son article via un autre organe. Il a, par ailleurs, confié qu’il trouve de la satisfaction dans son métier parce qu’il lutte contre l’évasion fiscale, le blanchiment de capitaux et autres activités illégales ou illicites dans les flux financiers préjudiciables au développement. Le président de la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation, Moussa Aksar, a affirmé que ce panel est instructif. Ensuite, il a souhaité que l’assistance retienne les faits expliqués par les panélistes qui sont des acteurs chevronnés dans l’investigation.
Le journaliste à la Radio des Nations unies, Seydou Traoré, a estimé que les panélistes ont été à la hauteur. « Chacun d’entre eux a présenté son expérience notamment sur les flux financiers, les transactions illicites que font les acteurs politiques et économiques au niveau de la sous-région », a-t-il conclu.
Evariste YODA