Après une grossesse éprouvante, survenue en dehors de l’utérus, F.C., originaire de la commune de Pouytenga, a mis au monde un petit garçon, lundi 22 septembre 2025, grâce à l’intervention d’une équipe de gynécologues du Centre hospitalier régional de Ziniaré (CHR-Z).
Vendredi 26 septembre 2025. F. C. peut désormais sourire. Dans la salle 32 « Hospitalisation 2, 4 lits. Post-opérés » du Centre hospitalier régional de Ziniaré (CHR-Z), F.C. affiche un large sourire, le visage apaisé, l’air léger. Entourée d’autres patientes et de leurs accompagnantes, elle semble revivre, quelques jours seulement après une opération à haut risque. « Je suis très heureuse d’être mère », confie-t-elle, visiblement soulagée. Pourtant, quelques jours plus tôt, sa vie ne tenait qu’à un fil.
Entre les mains d’une équipe médicale dévouée, elle a affronté l’un des combats les plus délicats de sa vie. En voulant justement donner la vie, elle a failli perdre la sienne. Après trois grossesses interrompues par des complications, F.C. a porté en silence, un nouvel espoir. Lorsqu’elle a appris, en février 2025, qu’un fœtus grandissait en elle, elle y a vu un miracle, une bénédiction : enfin, l’occasion de serrer dans ses bras le fruit tant attendu de ses entrailles. Pour multiplier ses chances, la native de la commune de Pouytenga respecte les visites prénatales au CSPS de Pouytenga, dans la région du Nakambé.
Trois grossesses interrompues
Lors d’une d’elles, F.C. se plaint de vives douleurs au bas-ventre. Le 4 juillet 2025, alors qu’elle entame son cinquième mois de grossesse, elle est transférée d’urgence au Centre hospitalier régional de Ziniaré. Le diagnostic tombe : « F.C. est porteuse d’une grossesse en dehors de l’utérus, ce qu’on appelle une grossesse abdominale », explique Dr Dieudonné Lompo, gynécologue au CHR-Z. Une pathologie qu’il qualifie de « très rare ».
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la grossesse abdominale représente moins d’un cas sur 10 000. « Cette grossesse avait la particularité d’être avancée. De façon générale, nous recevons les cas très tôt avec des saignements et des complications mais là nous étions déjà à cinq mois de grossesse », ajoute Dr Lompo.
Membre de l’équipe médicale et médecin généraliste en service à la maternité du CHR-Z, Dr Oumarou Rouamba précise que les échographies ont révélé une grossesse extra-utérine « évolutive ». En clair, elle ne présentait pas, à ce stade, de risque immédiat
nécessitant une interruption.
« Nous nous sommes entretenus avec elle, nous lui avons expliqué la situation, la nécessité de la garder, la surveiller et aussi surveiller le fœtus et la préparer pour d’éventuelles complications », fait savoir Dr Rouamba.
Le défi de donner vie
Admise en observation à la maternité, F.C. traverse des nuits blanches rythmées par des douleurs, des incertitudes et des larmes. « C’était difficile, très difficile. J’avais mal en permanence. Je souffrais énormément. Je ne pensais pas pouvoir mener cette grossesse à terme. Chaque jour, je craignais pour ma vie », confie-t-elle, en sanglotant.
En parallèle, le CHR-Z mobilise une équipe pluridisciplinaire composée de gynécologues, urologues, chirurgiens, médecins généralistes, laborantins, sages-femmes et infirmiers. L’objectif : assurer un suivi rigoureux de cette grossesse hors du commun. « F.C. avait déjà connu des grossesses qui n’ont pas abouti. Donc c’était un défi de donner la vie à un enfant. Nous voulions que cette grossesse marche.
Nous avons tout mis en œuvre pour qu’elle aille à terme », insiste Dr Dieudonné Lompo. Entre début juillet et la mi-septembre 2025, la patiente bénéficie d’un suivi médical rapproché. En l’espace de trois mois et demi, une vingtaine d’échographies, d’analyses sanguines et d’autres examens sont effectués. « Chaque jour, nous étions préparés à intervenir en cas de complication. Tous les produits nécessaires, y compris le sang, étaient disponibles. Dès qu’elle signalait un malaise, nous procédions à un contrôle complet pour nous assurer qu’elle et le bébé vont bien », affirme Dr Lompo.
« Maman et bébé vont bien »
Selon le gynécologue, ces précautions visaient à préserver la santé de la mère tout en s’assurant que l’enfant était apte à survivre en dehors de l’utérus. Une fois toutes les conditions réunies, l’équipe médicale est intervenue, lundi 22 septembre 2025, pour procéder à l’extraction du bébé. « Il ne fallait surtout pas qu’elle entre en travail, car ce processus repose sur les contractions de l’utérus pour expulser le fœtus.
Or, dans ce cas, l’enfant ne se trouvait pas dans l’utérus mais dans la cavité abdominale. Il appartenait donc à l’équipe médicale de déterminer le moment de l’extraction », explique le gynécologue. « En bonne santé », selon Dr Dieudonné Lompo, le garçonnet est en « soins » au service de néonatalogie. La mère, F.C., quant à elle, est « stabilisée en hospitalisation », toujours selon le spécialiste.
La nouvelle mère dit se porter « très bien » par la grâce de Dieu et grâce aux médecins.
« Aujourd’hui, F.C. va bien. Le bébé aussi va bien. Nous les surveillons de façon très
rapprochée pour nous assurer que tout se passe bien après l’accouchement », rassure le gynécologue. Les craintes de F.C. résident, désormais, dans sa capacité à enfanter à nouveau. Les médecins se veulent rassurant : « Oui, c’est possible dans des conditions
normales ». En attendant, la primipare savoure, la présence de son garçonnet.
Djakaridia SIRIBIE