Journées nationales du transport par rail: le Burkina Faso mise sur une relance stratégique du transport ferroviaire

Les passagers d’une matinée pour l’incursion ferroviaire d’une trentaine de kilomètres.

Les travaux de la première édition des Journées nationales du transport par rail (JNTR) ont pris fin, le samedi 15 novembre 2025 à Bobo-Dioulasso sous la présidence du ministre des Infrastructures et du Désenclavement, Adama Luc Sorgho. Ces journées, initiées par la Société de gestion du patrimoine ferroviaire du Burkina (SOPAFER-B) ont permis de réfléchir sur le repositionnement du rail burkinabè comme un levier majeur de développement.

Cette clôture a débuté tôt le matin du samedi 15 novembre 2025 par une incursion ferroviaire d’une trentaine de kilomètres. A bord du train voyageur, autorités, techniciens, étudiants et citoyens ont partagé un moment aussi symbolique que révélateur. Pour certains, il s’est agi d’un retour aux souvenirs du train d’antan ; pour d’autres, notamment les plus jeunes, c’était une première expérience d’emprunter le train voyageur.
« Le train est social et accessible. Nous voulons le (le train voyageur) revoir circuler à nouveau pour nos enfants », lance, visiblement ému, Jean Paul Ouédraogo, âgé de 64 ans. Pour ce dernier, ce voyage est sa première expérience à bord d’un train.

Le même enthousiasme se lisait sur le visage de la commerçante Aminata Dembélé. « Nous sommes fiers de voir le train reprendre. C’est un transport sécurisé et moins cher que le car. Le voyage par le train nous permet, nous les commerçants, de transporter beaucoup de marchandises à moindre coût comparativement aux cars. Aussi, on a la possibilité de se mouvoir à l’intérieur du train alors que dans le car, c’est station assise jusqu’à destination », dépeint dame Dembélé.

Ces réactions traduisent une réalité évidente, le vœu de voir le train voyageur régulièrement sur les rails. Malgré son interruption, le train n’a jamais perdu son utilité sociale. Le Secrétaire général du gouvernement, Ousmane Ouattara, a salué l’engouement populaire suscité par l’incursion ferroviaire. « L’engouement populaire de ce matin est la preuve que le train reste un besoin réel », a-t-il affirmé. Au-delà de la dimension populaire, ces Journées nationales du transport par rail ont permis d’évaluer les infrastructures ferroviaires du Burkina Faso.

La visite des ateliers de maintenance s’est révélée particulièrement instructive. Les installations, encore fonctionnelles, présentent un potentiel technique important. « Nous avons vu qu’il existe ici des capacités humaines et matérielles. Il faut maintenant renforcer l’atelier avec des équipements modernes », a indiqué le ministre des Infrastructures et du Désenclavement, Adama Luc Sorgho, convaincu que ces outils constituent un point d’appui pour le redéploiement ferroviaire.

Accélérer la mise en place de l’usine « Faso Rail »

La coupure du ruban qui a matérialisé l’inauguration officielle du musée ferroviaire.

Le ministre a également rappelé la volonté du gouvernement d’accélérer la mise en place de l’usine « Faso Rail », un projet industriel destiné à appuyer la filière ferroviaire et à réduire la dépendance externe en matière de pièces et de maintenance. Selon lui, cette initiative s’inscrit dans la vision du chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré, qui voit dans le rail un instrument stratégique de désenclavement et d’intégration régionale. Ousmane Ouattara a été surpris de découvrir que l’un des plus grands ateliers de maintenance de la sous-région est logé à Bobo-Dioulasso.

« Notre objectif sera de capitaliser cet atelier pour qu’il puisse, pourquoi pas, vendre ses services aux pays voisins », a-t-il laissé entendre. Dans son discours de clôture de ces journées, Adama Luc Sorgho a présenté le rail comme un pilier de souveraineté et de résilience économique. « Le rail burkinabè renaîtra parce qu’il est le symbole même de notre unité et de notre souveraineté », a-t-il lancé. Et le réveil du rail burkinabè, aux dires du chef du département en charges des Infrastructures et du Désenclavement passe par la modernisation de l’axe Abidjan-Ouagadougou-Kaya, l’ouverture vers le Sahel et Tambao, l’intégration au sein des corridors de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) et le développement d’un système multimodal articulant rail, route, fleuve et air.

La cérémonie a été mise à profit pour inaugurer la salle d’exposition du musée ferroviaire. Pour le ministre, ce site va devenir « un sanctuaire de la mémoire des cheminots », un lieu chargé d’histoire destiné à inspirer les jeunes générations de techniciens et d’ingénieurs. Les Journées nationales du transport par rail ont ainsi permis de mesurer l’ampleur des défis, mais aussi le potentiel réel d’une relance ferroviaire ambitieuse.

 

Kamélé FAYAMA

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