Le Nigéria face au défi sécuritaire

Malgré les promesses d’amélioration du gouver- nement, la situation sécuritaire demeure préo-ccupante au Nigéria. La partie Nord-Ouest du pays est la plus touchée, avec des enlèvements répétés dans les établissements scolaires par des groupes armés qui réclament des rançons. Les gangs en ont fait une activité lucrative, ce qui est condamnable et la tendance en matière d’enlèvement ne baisse pas. Au début de cette semaine, précisément le lundi 17 novembre, 25 écolières ont été kidnappées par des hommes non identifiés dans l’établissement pour filles de Maga dans l’Etat de Kebbi.

Depuis l’enlèvement de 270 lycéennes à Chibok en 2014, un fait qui avait ému le monde entier, ces genres d’actions subversives se sont multipliées dans le Nord-Ouest du Nigéria. A ce jour, plus de 500 élèves, voire plus, auraient été kidnappés selon certaines sources. La plupart de ces enlèvements portent la signature du groupe islamiste Boko Haram qui sévit dans le Nord-Ouest du pays, depuis plus de 20 ans. Ce mouvement, qui s’est rendu également coupable d’assassinats et de diverses exactions, représente une menace grave pour cet Etat d’Afrique de l’Ouest, au point de jouer négativement
sur son développement socio-économique.

Les actes terroristes de Boko Haram ont occasionné plus de 40 000 morts et plus de deux millions de déplacés. C’est dire à quel point, ce groupe armé constitue une grosse épine, pour le Nigeria qui regorge d’énormes ressources naturelles comme le pétrole et le gaz avec de fortes capacités de production. En accédant au pouvoir en mai 2023, le Président Bola Ahmed Tinubu avait promis de combattre Boko Haram et de ramener la quiétude dans les esprits. Son engagement à renforcer la sécurité nationale pour garantir la paix et la prospérité peine à produire des résultats probants.

En dépit de quelques acquis dans la lutte contre l’insécurité (arrestation de membres de groupes armés, saisie d’armes…) et la consolidation des capacités opérationnelles de l’armée, Boko Haram est plus que jamais actif. C’est à croire que les présidents se succèdent à la tête de la nation la plus peuplée d’Afrique (plus de 200 millions d’habitants) sans pouvoir porter le coup de grâce à Boko Haram. La criminalité est en hausse dans ce pays, où les autorités doivent redoubler d’effort pour contrer les violences en tout genre. Le score du Nigéria sur le plan de la criminalité est passé de 7,15 en 2021 à 7, 28 en 2023, selon l’Indice mondial du crime organisé. En termes de prévalence de la criminalité, le géant d’Afrique présente de sérieux signes d’inquiétude, puisqu’étant classé 2e en Afrique et 6e au rang mondial.

Le défi sécuritaire reste donc à relever et le Président Tinubu, qui aspire à un second mandat, doit multiplier les initiatives pour être à la hauteur de la tâche. L’enjeu est d’autant plus important que sans la sécurité et la paix, le développement du Nigeria est compromis. Il faut à tout prix barrer la route à l’insécurité pour permettre à ce pays d’aller de l’avant et de se faire valoir dans le concert des nations. Les discours et autres promesses ne suffisent pas. Il faut des actions concrètes et audacieuses, pour espérer voir le bout du tunnel. Tout doit être mis en œuvre pour que Boko Haram ne parvienne pas à
ses fins : renverser le système démocratique laïc du Nigeria pour instaurer la loi islamique.

Kader Patrick KARANTAO

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