L’heure du réarmement idéologique

La décision du Conseil des ministres de faire élire les maires par les populations a soulevé des contradictions au motif qu’elle contreviendrait à l’esprit même de la Révolution qui ne saurait pour eux s’accommoder des principes de la démocratie parlementaire qui se décline sous nos tropiques. Si on peut leur donner raison a priori, il faut dire que c’est là une méconnaissance de la Révolution qui est la forme la plus achevée de la démocratie, si tant est que le peuple est le dépositaire du pouvoir qu’il délègue à ses représentants, à charge pour ceux-ci de l’exercer au bénéfice de tous et de chacun.

Le principe de l’élection est bel et bien admis en révolution et Lénine lui-même ne dit pas autre chose lorsqu’il élaborait le principe du centralisme démocratique. Dans son entendement, celui-ci repose sur un double principe : l’élection de chaque niveau de l’organisation par le niveau inférieur et la stricte obéissance de chaque niveau par le niveau inférieur et l’application unanime des décisions dans l’action.

Les décisions sont prises par un processus de débats, de la base au sommet, et l’action qui en découle est contraignante pour tous les membres du parti. La Révolution d’août 83 avait admis ce principe par le biais de l’élection par « alignement » des délégués des Comités de défense de la révolution (CDR) et s’apprêtait à formaliser son action à travers la création d’un parti d’avant-garde lors de la réunion du 15 octobre 1987 au cours de laquelle son leader, Thomas Sankara a été tué.

Mutatis mutandis la Révolution progressiste populaire (RPP) instaurée par le capitaine
Ibrahim Traoré ne diffère en rien de la révolution d’août 83, le but ultime étant de mettre fin aux pesanteurs socio-culturelles, politiques et économiques en initiant des réformes audacieuses qui vont mettre fin à l’Etat néocolonial, monétairement asservi dans lequel nous sommes actuellement.

Cela, en cassant les codes du démocratisme bourgeois et ses outils de domination,
notamment la justice, l’école et l’économie libérale. C’est donc le progressisme de gauche fondamentalement différent de celui de droite dont les déclinaisons sont la social-démocratie et la démocratie chrétienne. Il faut donc saisir l’opportunité de ce débat pour réarmer idéologiquement les troupes afin d’éviter les dérapages. C’est aussi un impératif de survie du processus révolutionnaire.

Boubakar SY

 

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