Lutte contre la corruption : Des élèves-maîtres à l’avant-garde de la lutte

…ses camarades ont pris l’engagement de lutter contre la corruption.

Le Programme des Nations unies pour le développement et l’Organisation internationale pour les migrations ont organisé un panel sur la corruption et ses méfaits, au profit des élèves-maîtres de l’Ecole nationale des enseignants du primaire (ENEP) de Ouahigouya, le vendredi 24 mai 2019.

Les élèves-maîtres doivent constituer une barrière contre la corruption. Pour faire d’eux des acteurs de la lutte contre ce phénomène qui constitue une gangrène pour la société burkinabè, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) ont organisé un panel sur «la corruption et ses méfaits» à leur profit.

Cette conférence, co-animée par le Réseau national de lutte anti-corruption (RENLAC) et l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC), a mobilisé des centaines de stagiaires de l’Ecole nationale des enseignants du primaire (ENEP) de Ouahigouya. Dans sa communication, le chargé des enquêtes du RENLAC, Calixte Somda a déclaré que selon la perception de la population, la corruption est une pratique très fréquente au Burkina Faso.

En terme d’évolution, depuis 2002 que les investigations sont menées, le nombre de ceux qui percevaient une progression de la corruption était en train de baisser jusqu’aux années 2015 et 2016 où le Réseau a senti le relèvement de la courbe qui indique une évolution de la pratique. «Nous avons une courbe en dents de scie. Mais selon la perception des enquêtes, la corruption est en progression au Burkina», a affirmé M. Somé. Donc, pour lui, il faut qu’individuellement chacun s’engage dans la lutte contre le phénomène.

Parce que pour venir à bout de la corruption, il faut que l’élément central soit l’homme. «Si à un moment donné, l’homme change de comportement, nous pensons aller vers la diminution, voire l’éradication de la corruption. Mais, tant qu’il ne change pas, ce sera difficile», est-il convaincu. Aux participants, il a indiqué que leur implication dans cette lutte est capitale pour l’avancée et le développement du Burkina Faso.

Jean-Baptiste Zongo, contrôleur d’Etat, a pris la parole par la suite. Il a entretenu les élèves-maîtres sur les textes qui régissent l’ASCE-LC. Il a rappelé que l’ASCE-LC est une institution républicaine et son inscription dans la Constitution en 2015 est le signe d’une véritable volonté politique contre la corruption.

Le CNT et les autorités burkinabè ont donné un message politique fort pour leur engagement dans la lutte contre la corruption. «L’ASCE-LC est en passe de pouvoir appliquer ses contrôles sur l’ensemble de la société burkinabè», a-t-il ajouté. Après les exposés, les participants ont cherché à comprendre, entre autres, ce qu’il en est du dossier Nathalie Somé, ex-présidente du Conseil supérieur de la communication, les moyens de lutte dont dispose le RENLAC dans la lutte contre la corruption.

M. Zongo a répondu qu’il n’appartient pas à son institution de donner une suite à une affaire judiciaire, mais son rôle consiste à investiguer sur les faits de corruption. Calixte Somda a soutenu que les moyens du RENLAC pour combattre la corruption sont divers. Il a cité, entre autres, les campagnes de sensibilisation, les enquêtes de terrain.

Tolérance zéro

Selon le gouverneur du Nord, Hassane Sawadogo (Centre), les élèves-maîtres peuvent jouer un grand rôle dans la lutte contre la corruption.

Le délégué de la 21e promotion de l’ENEP de Ouahigouya, Abdoul Aziz Saria s’est réjoui de l’organisation de cette conférence qui a abordé un thème important car le phénomène de la corruption se pose avec acuité au Burkina Faso. Comme M. Saria, les élèves-maîtres ont pris l’engagement d’être des agents du développement et non ceux qui vont participer à cette corruption, dans leurs différents services.

Selon le commissaire principal de police, Abdoulaye Gandema, par ailleurs directeur de la police de proximité, cette conférence s’inscrit dans le cadre d’un projet entre le ministère de la Sécurité et le système des Nations unies en vue de renforcer la relation entre l’administration et la population. Les Forces de sécurité (FDS) sont confrontées à un défi qu’est la lutte contre l’insécurité de façon générale et la lutte contre le terrorisme en particulier, a-t-il expliqué.

C’est pourquoi, il a été jugé nécessaire que les élèves-maîtres soient des acteurs qui les accompagnent dans la sécurisation du pays. Mais, selon ses dires, cela passe aussi par la lutte contre la corruption qui, aujourd’hui, peut contribuer à exacerber les questions d’insécurité parce que la corruption favorise le développement de toutes les pratiques criminelles.

Le choix de l’ENEP n’est pas fortuit, car les élèves-maîtres, futurs encadreurs sont les meilleurs canaux de la transmission des messages de cette lutte afin qu’un jour la tolérance zéro contre la corruption soit le maître-mot du vécu quotidien du citoyen lambda, a souhaité le gouverneur du Nord, Hassane Sawadogo.

Au pays des Hommes intègres, les structures de prévention et de lutte (ASCE-LC, RENLAC.) dans leurs différents rapports soulignent que la corruption gagne du terrain, malgré les efforts du gouvernement. Pour lui, il est important que des mesures urgentes soient prises pour la contrecarrer. «Notre gouvernement avec l’accompagnement de l’OIM et le PNUD a initié un projet dont l’objectif est de contribuer à l’amélioration de la confiance entre les FDS et la population du Nord et du Sahel», a affirmé M. Sawadogo.

Selon les rapports du projet, a confié Hassane Sawadogo, la corruption est un facteur qui effrite la confiance entre l’administration, les FDS et la population. Pour renforcer cette confiance entre ces trois entités, les campagnes de sensibilisation à la corruption et ses méfaits sont prévues pour améliorer leurs connaissances sur le phénomène et susciter son rejet par une tolérance zéro.

Abdel Aziz NABALOUM
emirathe@yahoo.fr

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